C'est avec cette Première Epoque de la Geste d'Owen Traquemort que Green connaît maintenant les grâces de la traduction, et ça semble bien parti pour durer. Il faut dire que ce Proscrit a tout ce qu'il faut pour s'assurer un confortable petit succès de rente, genre saga interstellaire en 28 volumes.
Le grand recyclage.
Pas de surprise ! Les recettes sont éprouvées, et pour cause, elles sont le fait des plus grands. L'opportunité de ce grand recyclage, se mesurant à l'aune du savant dosage d'influences plus ou moins digérées : un peu de d'Herbert pour la politique, une pincée de Simmons pour les méchants, un soupçon de Gibson pour le cyberspace, et aussi désolant que cela puisse être, un gros chouille de McMaster Bujold pour assaisonner le tout, et vous vous retrouvez à suivre le tribulations tribulantes du derniers héritiers de la Maison Traquemort, déchu de tous ses droits par la félonne impératrice Lionnepierre XIV. Un nom certes grotesque, mais qu n'excuse en rien la propension à la cruauté d'icelle. Fourbe et sadique, c'est sans raison apparente qu'elle pousse le pauvre Owen Traquemort à abandonner sa paisible vie d'historien dilettante pour se réfugier sur Brumonde, la planète des hors-la-loi. Et pendant que sur Golgotha, la capitale de l'Empire où les intrigues entres nobles vont bon train et où l'infâme Lionnepierre tente d'asseoir son pouvoir inique, le jeune Owen va devoir partir à la rencontre de son destin et d'une arme vraiment bien pratique pour annihiler mille mondes en douze secondes trois dixièmes. Pour ce faire notre sympathique proscrit sera aidé d'Hazel d'Ark, jeune hors-la-loi farouche et comme de juste super canon, et d'une bande d'enthousiastes étripeurs partageant avec lui une haine farouche de l'Empire.
Toute ressemblance avec des événements qui vous seraient familiers, étant, évidemment, tout ce qu'il y a de plus intentionnelle.
Toutefois, ne glaviotons pas trop glaireux dans le consommé de poireaux. S'il ne brille guère par son originalité, ce Proscrit a pour lui l'intérêt de son inconsistance. Puisqu'il ne vise guère qu'à vous offrir un long (trop ?) moment de détente, force est de constater qu'il remplit à merveille son cahier des charges. Bien-sûr, le récit est plus linéaire qu'un encéphalogramme de lofteur, et l'auteur a trop facilement tendance à confondre double vie et secrets avec psychologie des personnages. Mais le style est assez vif et l'histoire se déroule gentiment, ponctuée de bastons homériques qui émaillent le roman avec la même régularité que les scènes de cul un boulard standard.
On s'attend donc à tout, généralement sans trop se tromper, et même à une suite qu'on devine déjà prévisible, et c'est ça qu'y est bien. Tant d'infaillible clairvoyance, nous, en plus de la sensation de passer un bon moment, l'illusion que, décidément, on est vachement brillant. A 23 Euros on se cassera moins la tête que la tirelire, mais quand on aime…

Le Proscrit
Simon R. Green
( Auteur),
Olivier Vatine
(Illustrateur de couverture),
Arnaud Mousnier-Lompré
(Traducteur),
Pierre-Paul Durastanti
(Traducteur)
Cycle/Série :
Traquemort
Langue d'origine : Anglais UK
Aux éditions : L'Atalante
Date de parution : 31/05/2002
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