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Interview Olivier Gay
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Interview Olivier Gay

Actusf : Tu as dédié ton roman à ta grand-mère qui n’a pu l’avoir entre les mains : a-t-elle été une figure importante pour toi, pour réaliser ta passion ?
Olivier Gay : Elle est morte à cent ans après une vie riche en péripéties, et son histoire pourrait servir de sujet à plusieurs romans. Elle était très fière de son petit-fils, m’a toujours encouragé, et aurait adoré pouvoir montrer à ses amies le livre achevé.
 
 
Actusf : Quelles sont tes sources d’inspiration, les auteurs et les romans qui t’ont marqué ? 
Olivier Gay : Dans le domaine  de la Fantasy, je suis un admirateur inconditionnel de GRR Martin pour la richesse de ses personnages, de David Gemmell pour le côté épique de ses histoires et de Robert Jordan pour la complexité du monde qu’il a créé.
 
Dans un style plus léger, j’idolâtre le livre The Princess Bride, de William Goldman.
Et en termes de littérature classique, j’ai adoré le Prince de Machiavel ou Bel-Ami de Maupassant.
 
 
Actusf : Peux-tu revenir pour nous sur tes tous débuts en écriture ?
Olivier Gay : J’avais sept ans, j’ai écrit en une demi-page un plagiat éhonté de Tintin au Congo, et je ne comprenais pas comment Hergé faisait pour développer son histoire sur cinquante-deux pages…
 
J’ai écrit un roman de SF en 6e (Zogodeutron et la planète verte, rien que le titre fait rêver !) un roman de fantasy en 3e (Flamme l’enflammé, si si) et un autre en école… j’écrivais en retour de soirée, avec un verre de vodka-pomme dans la main gauche et une gaufre au nutella dans la droite. Assez loin des clichés de Lord Byron ;)
 
Ensuite, le monde du travail m’a accaparé, et je n’ai plus rien écrit en dehors de quelques nouvelles (l’une dans l’anthologie Vampires en 2008, l’autre dans l’anthologie Malpertuis III en 2011).
 
 
Actusf : Comment est née l’idée de départ du Boucher et comment s’est déroulé son travail d’écriture ? 
Olivier Gay : Je voulais créer un anti-héros brutal, cruel et sans pitié, mais qu’on puisse tout de même apprécier. Tout est parti d’un défi lancé sur un forum, dans lequel je cherchais à écrire un chapitre par jour. Le défi a été tenu, mais le premier jet était bien sûr très mauvais (ce qui n’avait pas d’importance puisque je ne cherchais pas à le publier à l’origine).
 
Voici deux ans, alors que je m’ennuyais à l’hôtel durant certains déplacements professionnels, j’ai repris cette histoire et j’ai entrepris de la corriger, modifier, fluidifier, jusqu’à être suffisamment satisfait du résultat pour l’envoyer à un éditeur.
 
 
Actusf : Il s’agit de ton premier roman de fantasy. Tu es plus proche d'un univers médiéval traditionnel que d'un univers plein de magie et de licornes. Pourquoi ce choix ?
Olivier Gay : J’ai lu beaucoup de fantasy. Vraiment beaucoup. Certains diraient trop. Au bout d’un moment, l’idée de créer de nouvelles races avec des descriptions complexes et des noms difficiles à prononcer (« la tête du G’luurz se balançait doucement en haut de son cou démesuré, tandis que ses bras palmés rythmaient la mesure) a fini par me fatiguer ;)
 
Surtout, je recherche dans la fantasy à la fois le côté épique, et les interactions humaines. La magie n’a pour moi que peu d’importance. 
 
Et puis à force de jouer à saute-mouton avec les licornes, on finit par avoir mal aux fesses.
 
 
Actusf : Tu te présentes comme un admirateur de David Gemmell et de George R. R. Martin. Quelle importance ont-ils eue pour toi ? Et qu'est-ce que ton roman leur doit ?
Olivier Gay : Pour rejoindre la question précédente, leurs deux univers sont « low-fantasy » et sans compromis : on y vit et on y meurt de manière brutale.
 
Je pense qu’on peut trouver un parallèle facile entre Rekk et les héros de Gemmell : un homme puissant mais vieillissant, qui repart contraint et forcé sur le sentier de la guerre.
 
Pour Martin, j’ai bien aimé l’idée des intrigues de cour à Musheim, des manigances des différents ducs, et des jeux de pouvoir entre factions.
 
Mais pour être honnête, GRR Martin m’a donné des énormes complexes – ce qu’il a créé avec le Trône de Fer est un véritable chef-d'œuvre.
 
 
Actusf : J’ai trouvé le développement des personnages féminins comme Shani et Dareen plus approfondi que ceux des hommes. Était-ce intentionnel ou au contraire instinctif ?
Olivier Gay : Un peu des deux. J’ai toujours aimé les filles ;)
Je pense que c’est intéressant d’imaginer ce qu’elles pourraient penser dans telle ou telle situation, c’est un exercice difficile pour nous les hommes. Et ça donne l’occasion de rajouter des notes d’humour à un univers qui en manque cruellement.
 
J’aime beaucoup la montée en puissance de Shani, son émancipation – et Dareen est mon personnage préféré.
 
 
Actusf : Le Boucher est un être sanguinaire et redouté de tous. Pourtant, les scènes de combats ne sont pas spécialement gores ou émotionnellement violentes. Pourquoi ce décalage ?
Olivier Gay : Parce que le Boucher ne montre que peu d’émotions, justement. Il est froid, distant, glacial parfois. Il tue mécaniquement, parce qu’il faut bien se défendre, parce qu’il faut bien se venger, parce qu’il ne sait pas faire grand-chose d’autre.
 
Il frappe pour tuer, pas pour torturer, et il ne se réjouit pas des morts qu’il provoque.
Au niveau littéraire, je trouvais ça intéressant de mettre un peu de poésie dans des combats aussi brutaux.
 
 
Actusf : La relation entre Mahlin et Shani offre quelques moments croustillants? Et leur incompréhension mutuelle sur leurs réactions respectives offre un tableau très réaliste. Comment as-tu construit leur relation ?
Olivier Gay : J’ai toujours adoré décortiquer les relations amoureuses et psychologiques. Je trouve ça fascinant, la manière dont des actions peuvent être sur ou sous-interprétées. Le moindre détail peut prendre une importance incroyable, alors que des signes évidents passent inaperçus.
 
Je me suis beaucoup inspiré de mon époque en classe préparatoire, durant laquelle j’étais assez timide et hésitant. Rétrospectivement, je trouve ça mignon comme tout ;)
 
 
Actusf : Que peux-tu nous dévoiler sur la ou les suites du Boucher ?
Olivier Gay : La suite ne fait qu’un tome, je n’ai pas l’intention de construire une saga à rallonge. On y découvrira le sort de Rekk, Mahlin et Shani après le tome 1, ainsi que le fin mot de l’histoire sur la mort de Deria.
 
Bref, ça va déchirer du poney lyophilisé.
 
 
Actusf : Tu rencontres actuellement un joli succès avec Les talons hauts rapprochent les filles du ciel et Le Boucher. Comment appréhendes-tu ce succès ? Est-ce un encouragement ou une pression pour la suite ?
Olivier Gay : Les deux, bien sûr ! En termes d’encouragements, ça réchauffe vraiment le cœur de voir que les gens aiment, que le bouche-à-oreille fonctionne, que la presse suit, que les ventes explosent. C’est grâce au succès des Talons Hauts que j’ai pu arrêter de travailler pour me consacrer à l’écriture.
 
Au niveau de la pression, par contre, je sais que je ne dois pas décevoir les lecteurs, surtout si je reste dans des univers définis. Les fans du Boucher espèrent une fin qui répondra à toutes leurs questions, les fans des Talons Hauts attendent de revoir Fitz se prendre les pieds dans le tapis, et il suffit d’un seul « mauvais » livre pour que tout s’effondre. 
 
 
Actusf : Et pour finir, quels sont tes projets et tes prochaines actualités ?
Olivier Gay : La suite des Talons Hauts rapprochent les filles du ciel sort le 1er février, et va s’appeler Les Mannequins ne sont pas des filles modèles (oui, j’aime bien les titres en alexandrins).
La suite du Boucher devrait sortir en avril, mais j’hésite encore sur le titre.
Après cela, j’ai dans les cartons de nombreuses histoires de Fitz, et de nombreux scénarii de fantasy… dont un dans lequel la magie serait présente, pour une fois ! 

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