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Interview Oliver Peru et Patrick McSpare sur la fin des Hauts Conteurs
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Interview Oliver Peru et Patrick McSpare sur la fin des Hauts Conteurs

Actusf : Est-ce que vous saviez dès le départ comment Les Haut-Conteurs allaient se terminer ?
Oliver : On avait une certitude : pas de happy end. Même si Les Haut-Conteurs est une série jeunesse, notre univers est sombre et beaucoup de nos personnages ont grandi et se sont endurcis au fil de leurs aventures. Avec Patrick, on voulait une fin qui soit à leur image. 
Durant l'écriture des cinq tomes, on a beaucoup discuté du final et envisagé des tas de conclusions possibles, mais on retombait souvent sur les mêmes idées. Des idées qui nous paraissaient naturelles, qui nous étaient autant dictées par notre instinct que par la série elle-même. Et avec le recul, on se dit qu'une tout autre fin aurait sonné comme une fausse note. J'ajoute qu'il est bien difficile de répondre à cette question sans dévoiler la fin, j'ai l'impression de faire l'homme politique :-)
 
 
Actusf : Vous y placez votre action dans Rome. Est-ce qu'il y a un plaisir en tant qu'écrivain à imaginer des histoires dans cette ville et pourquoi ?
Patrick : Quand il a été question de choisir une ville pour situer l'action du tome 5, nous nous sommes dit que ce serait bien de changer radicalement par rapport aux autres volumes. Quelque temps auparavant, notre éditeur nous avait confié qu'il aimerait bien voir Roland et ses amis à Rome. Étant en outre conscients du fait que peu de romans fantasy se déroulent dans cette ville, nous n'avons pas hésité longtemps.
C'était effectivement très amusant de camper l'action à Rome, car c'est une ville chargée d'histoire et qui reste très présente dans l'inconscient collectif, par rapport à la Rome antique en particulier. Personnellement, je n'avais encore jamais écrit sur le sujet, le plaisir a donc été double. Je me souviens qu'il a fallu réunir une solide et précise documentation, sur les lieux et les monuments, afin de ne pas commettre d'erreur ou d'anachronisme. À l'arrivée, nous avons découvert quelques faits jusqu'alors inconnus de nous. Oui, m'sieur, travailler sur les Haut-Conteurs, c'est aussi améliorer sa culture générale :)
 
 
Actusf : Quel regard portez-vous sur la série ?
Oliver : Un regard empli de tendresse. Les Conteurs sont le fruit de notre amitié, ils nous ont apporté beaucoup de beaux moments, des rires, de l'émotion. Ils nous ont permis de nous amuser et de rêver tout en travaillant ; c'est là un cadeau inestimable. D'un point de vue plus pro, je suis très fier que notre première série jeunesse ait trouvé son public, qu'elle ait été récompensée par des prix et rééditée. La petite cerise sur le gâteau, c'est que la série nous permet de dédicacer ensemble avec Pat et ça, c'est très très très cool car on s'amuse toujours beaucoup dès qu'on se retrouve :-)
Patrick : Oui, on se marre comme des petits fous chaque fois qu'on est tous les deux en dédicace :) C'est une façon originale et fun de prolonger cette belle aventure.
 
 
Actusf : Est-ce qu'il y a un regret de quitter vos personnages ?
Patrick : Absolument, en ce qui me concerne. D'ailleurs, je crois qu'Oliv est dans le même cas que moi. Même s'il tripe sur les personnages de baroudeurs-assassins-barbares-mercenaires-coureurs des bois, il a le cœur tendre, tu sais :)
J'ai éprouvé un fort sentiment de tristesse quand nous avons inscrit le mot Fin en bas du tome 5. Les personnages présentés dans Les Haut-Conteurs étaient très attachants et nous avons vécu avec eux durant deux années entières. Cela créé des liens, forcément. Je me suis même surpris à regretter ma décision au moment où j'écrivais un passage relatant la mort d'un personnage que j'affectionnais beaucoup. Il fallut que je me répète que ce n'était pas quelqu'un de réel pour me reprendre. Peut-être était-il temps que la série s'arrête, en fait, car je crois que la schizophrénie me guettait sournoisement :)
Oliver : Pat a tout dit. On les a beaucoup aimés, ces personnages, et on a vécu de belles aventures avec eux.
 
 
Actusf : Est-ce que votre manière de travailler ensemble a évolué au fil des tomes ? Et comment avez-vous bossé ensemble ?
Patrick : Avec les délais très courts que nous nous imposions (trois mois, en moyenne, pour écrire un tome) et l'éloignement (nous résidons dans des villes différentes), il eut été impossible d'écrire à quatre mains sur toute la durée de la série. Pour nous simplifier la vie, nous avons donc opté pour une méthode pratique. Avant la phase d'écriture, nous discutions des intrigues et des destins de nos personnages. Ensuite, c'était l'un ou l'autre qui se chargeait de rédiger l'essentiel d'un tome donné. Et, pour finir, nous nous envoyions nos travaux respectifs, afin de bénéficier d'un retour réciproque et parfois d'apports de paragraphes imprévus.
Quant à notre façon de travailler ensemble, elle n'a pas évolué au fil du temps. Du premier au dernier tome, fous rires et enthousiasme ont été les deux mamelles des Haut-Conteurs :)
C'était vraiment une belle aventure scellée par l'amitié et nos goûts identiques en matière de fiction.
Oliver : Je confirme, on a bien rigolé et explosé nos forfaits de téléphone portable.
Patrick : Nos opérateurs respectifs nous adoraient, à l'époque  :)
 
 
Actusf : Allez, dites-nous tout, vous y reviendrez un jour aux Haut-Conteurs ?
Oliver : On en a parlé quelques fois, mais je crois que non. Nous avons écrit cinq livres avec nos Conteurs et nous sommes allés au bout de notre idée de départ. Laisser nos héros derrière nous est le plus beau cadeau que nous puissions leur faire. On ne s'interdit pas totalement d'écrire à nouveau dans l'univers des Haut-Conteurs, mais si jamais cela doit se faire, il nous faudra trouver une nouvelle porte d'entrée dans l'univers, un angle original qui nous relance dans une saga digne d'être contée.
Patrick : Tout pareil :)

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