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Interview de Gabriel Katz sur Aeternia
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Interview de Gabriel Katz sur Aeternia

ActuSF : Comment est née l'idée d'Aeternia?

Gabriel Katz : Après l’épopée nordique du Puits des mémoires et la plongée dans le grand sud de la Maîtresse de guerre, j’avais envie de m’attaquer à un univers urbain, plus civilisé (du moins en apparence), où les gens s’estiment au-dessus de la barbarie qui les entoure. C’était l’occasion de donner vie à cette fameuse cité de Kyrenia, que les lecteurs connaissent déjà de nom, la capitale du droit, du luxe et du savoir.

Le décor étant posé, j’ai eu envie de mettre en scène une histoire de religion, à travers plusieurs primes, dont certains peuvent s’avérer trompeurs...

ActuSF : Comment vois-tu Leth Marek ?

Gabriel Katz : À peu près comme je le décris ! Un personnage épais, dans tous les sens du terme, qu’une vie entière passée à se battre a rendu capable de coucher n’importe quel adversaire, mais qui se retrouve perdu dans le panier de crabes où il va mettre les pieds.

ActuSF : Dès les premières pages, on le découvre dans une arène en train de combattre. On a évidemment des images de films en tête. En avais-tu ? T'es-tu documenté pour aborder le monde des gladiateurs ?

Gabriel Katz : Non, je n’avais pas d’images de films en tête – heureusement, d’ailleurs, parce qu’elles auraient chassé les miennes… C’est le grand plaisir de la fantasy : laisser son imagination générer ses propres décors ! Chaque lecteur se fait « son » arène… Et même si j’avais voulu m’inspirer de films, à part le bon vieux Spartacus des sixties avec Kirk Douglas, Gladiator (que je suis seul au monde à avoir détesté) ou la série Spartacus, qui est presque un dessin animé, je n’aurais sans doute pas trouvé mon compte.

En ce qui concerne les gladiateurs, on ne peut pas dire que je me sois spécifiquement documenté pour Aeternia, mais j’avais un petit bagage sur le sujet qui a pu m’inspirer lors de l’écriture… même si les combattants d’arène de ce monde sont beaucoup moins codifiés que ceux de Rome.

ActuSF : Il est question de fanatisme religieux, ce qui a une douloureuse résonance depuis quelques heures, qu'avais-tu envie de dire ou de faire ?

Gabriel Katz : Il y a quelque chose de fascinant dans le fait qu’un homme sain d’esprit décide de marcher 5 000 kilomètres pour « libérer » le tombeau du Christ, parce qu’un autre homme a décrété que c’est la volonté du Ciel. C’est la même mécanique qui régit les sectes, et encore la même qui pousse les fanatiques d’aujourd’hui à se faire exploser sur une place de marché, pour gagner un Paradis dont personne n’est jamais revenu pour dire qu’il existe.

J’avais envie de mettre en scène un conflit religieux qui ne soit ni la bonne vieille lutte du bien contre le mal, ni un combat de « vrais » dieux comme on en voit souvent en fantasy. Plus qu’une affaire de divinités, la religion est une affaire d’hommes, on l’a vu de façon tragique il y a quelques jours…

ActuSF : Au début du roman, Leth Marek change de vie puisqu'il clôt sa vie de Gladiateur. Est-ce aussi un roman sur le changement, sur les nouveaux départs dans la vie, sur les vies que nous avons dans notre vie ?

Gabriel Katz : Le changement, c’est maintenant ? Il y a un peu de ça. Mais ce qui m’intéressait surtout, c’était le fait qu’un homme qui a atteint les sommets de la gloire renonce à la plus confortable des retraites pour aller se refaire ailleurs, dans une ville où personne ne le connaît. Pire encore : dans une ville où l’on méprise les combattants ! Pour assurer à ses fils l’éducation dont il n’a jamais pu disposer, Leth Marek est prêt à tout recommencer…

ActuSF: Comment le situerais-tu dans ta bibliographie après Le Puits des mémoires et Maîtresse de Guerre ?

Gabriel Katz : Quelques petits détails chronologiques (surtout dans le tome 2) situent Aeternia après les deux autres. Un œil exercé les remarquera tout de suite… Mais c’est assez léger pour qu’un lecteur non averti puisse aborder ce livre avant les autres, sans que ça ne lui gâche la découverte des autres cycles.

ActuSF : Un petit mot sur la couverture. Quel regard portes-tu dessus ? As-tu discuté avec Aurélien Police ?

Gabriel Katz  : Je suis un fan inconditionnel du travail d’Aurélien. Plus qu’un pro, c’est un artiste, avec une vision puissante, très personnelle, des livres qu’il illustre. Pour la couverture d’Aeternia, on a échangé par mail, et la première proposition qu’il ait faite est devenue la couverture définitive : il a tout compris à l’esprit du livre. J’ai été bluffé par le fait qu’il prenne le temps de lire le bouquin avant de se lancer, et par la richesse de son univers. Une couverture, c’est une part énorme de l’identité d’un livre… 


ActuSF : Est-ce que tu peux nous dire un mot sur la suite ? Et pour après, as-tu d'autres idées en tête pour d'autres romans ?

Gabriel Katz : Difficile de parler de la suite sans spoiler : la fin du tome 1 laisse deviner une suite mouvementée… La seule chose que je peux dire, c’est que le tome 2 contient plus de rebondissements que je n’en avais imaginé en commençant le cycle.

Et pour après, j’ai tellement d’idées que je me demande comment je vais les faire tenir dans mon programme des mois à venir. Je me lancerai sans l’ombre d’un doute dans un nouveau cycle de ce monde de fantasy (on s’y attache, à ces petites bêtes), mais j’aimerais aussi m’attaquer à un thriller fantastique, qui pourrait bien être le prochain sur les rangs… 

 

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