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Interview de David Calvo
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Interview de David Calvo

Actusf : Comment est née l'idée de ce projet ?
David Calvo : On voulait des pirates, on a fait des pirates. Au final, on a eu des pirates.

Actusf : Comment en êtes-vous venu à collaborer avec Krassinsky ?
David Calvo : Jean Paul a fait les couvertures de mes deux romans. Quand il a eu besoin d'un scénariste, j'étais là. Parcequ'on avait tous les deux envie de faire sérieusement de la BD, parceque c'est un artiste extraordinaire, et que c'est pour moi une chance inouie de pouvoir travailler avec lui.

 

Actusf : A-t-il été facile pour l'auteur de science fiction de se glisser dans la peau d'un scénariste ? Avez vous procédé de la même manière que dans un roman ou une nouvelle pour concevoir l'histoire ?
David Calvo : Le fait d'avoir à travailler avec quelqu'un exige, pour celui qui écrit des livres, une remise en question assez douloureuse, une approche différente. Tu n'es plus maître à bord, tu dois composer avec les envies de l'autre, apprendre à ne pas imposer les choses froidement. Quand tu fais de la BD "classique", tu as assez peu l'occasion de t'apesantir sur des détails, les odeurs, les sons qui, dans un roman, peuvent porter un récit. Sur la planche, c'est au dessinateur de donner la profondeur de champs, la matière. Il faut pouvoir avoir une totale confiance en l'autre, comme dans toute relation équilibrée, et c'est ce qui se passe, donc tout va bien.

Actusf : L'auteur de science fiction a (relativement) de la place pour construire ses personnages, n'est-ce pas difficile de tout condenser dans un scénario de BD au nombre de pages limités ?
David Calvo : Je fais passer mes personnages avant tout le reste. Ils voient le bout d'intrigue qu'ils sont capables de voir. Le lecteur est capable d'imaginer le reste, je ne veux pas lui mâcher le travail, donner toutes les clés - c'est avec ça qu'on fait naître la peur, la folie, l'émerveillement. Le format de 46 pages est un format qui me frustre, parceque je n'ai pas la maturité nécessaire pour en saisir toutes les nuances, mais je finirai par l'aimer. C'est un format exigeant, rigoureux, qui oblige à trier les idées, à raconter des choses peut-être plus simples, mais toutes aussi belles et étranges.

Actusf : Comment s'est passé votre collaboration avec Krassinsky ?
David Calvo : Au poil.

Actusf : C'est votre première BD, êtes-vous content du résultat ?
David Calvo : Oui, même si je pense que ce n'est pas assez. Il va falloir aller plus loin encore.

Actusf : Avez-vous pensé à des scénaristes ou à des albums en particulier pour écrire l'histoire de Kaarib ? Et des films ou des histoires de Pirates ?
David Calvo : Je comprends beaucoup plus la piraterie en regardant dans la rue qu'en lisant des livres. Mes seules références sont Monkey Island et Stevenson (Smollett et Poe aussi, mais moins).

Actusf : Les pirates et l'univers de Caraïbes exercent-ils une fascination particulière sur vous et si oui, pourquoi ?
David Calvo : Les pirates étaient libres, sales, malades, ivres de rhum et de combat. Ce qu'ils vivaient est impossible à consigner, il faut le réinventer en permanence pour continuer à alimenter le mythe, parceque ce n'est pas figé dans le temps, c'est très moderne, c'est un mouvement. J'aime les Caraïbes
parceque j'aime la mer, et les mouettes, les plages sauvages, les palmiers. J'ai une grande passion pour les palmiers. Difficile de trouver de vrais palmiers en France.

Actusf : N'y-a-il pas une petite appréhension de prendre quelques libertés avec un personnage historique comme barbe noire ?
David Calvo : Si les historiens veulent perdre leurs temps à me juger, c'est leur problème.

Actusf : On vous a vu associé par deux fois à un autre nom pour des collaborations, Jean-Paul Krassinsky et Fabrice Colin, qu'est ce que vous ont apporté ces collaborations ?
David Calvo : Ce sont des gens que j'admire, qui ont une vision de leur travail mure et radicale. Nous avons chacun nos envies, nos méthodes de travail, nos rêves et nos frustrations, mais travailler ensemble est une expérience unique. Je partage beaucoup de choses très personnelles avec Fabrice.

Actusf : Y'a-t-il des Bd, dessinateurs ou scénaristes qui vous aient marqué ?
David Calvo : C'est difficile à dire, je lis trop pour dégager nettement des oeuvres, mais, des gens, oui, Georges Herriman, Alan Moore, leur travail m'a beaucoup touché, et je continue à les porter en moi. Après, j'aime tout un tas de choses en BD, Daniel Clowes, Tony Millionaire, Peter Kuper, Shag... surtout des américains, parceque les formats strips et comics me fascinent. Mais j'aime aussi beaucoup ce qui se fait au Japon, en France, les gens de l'Association et tous les indépendants. Je reste aussi un grand fan de Tintin.

Actusf : Quels sont vos projets ?
David Calvo :J'ai encore beaucoup de progrès à faire en écriture, je dois encore travailler. Je suis dans l'écriture du second tome de Kaarib, qui devrait sortir pour Angoulème l'année prochaine, et avec Jean-Paul, on élabore doucement Jeudi, une adaptation en BD du Man who was Thursday de Chesterton. Je termine aussi (surtout !) un bouquin pour Payot sur la télévision américaine des années 50, qui devrait sortir en fin d'année (on m'a posé beaucoup de questions sur le sujet réel du livre, je vais essayer quand même : neutrons, disney, surf, désobéissance civile) et, avec Fabrice, on fera Atomic Bomb pour Orion, en avril. Je ferai aussi un recueil de nouvelles à la fin de l'année.

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