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Les Frontières interdites

Christophe Bec (Dessinateur, Scénariste), Stéphane Betbeder (Scénariste), Marie-Paule Alluard (Coloriste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 30/09/2006  -  bd
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Les Frontières interdites

Christophe Bec est un dessinateur né en 1969. Nominé à l’Alph’Art 90 du meilleur fanzine pour Esquisse, il intègre la même année l’école des Beaux Arts d’Angoulême. Influencé par William Vance, il affectionne particulièrement les ambiances fantastiques. Il a dessiné entre autres la série Sanctuaire (Les Humanoïdes Associés), scénarisée par Xavier Dorison. En 2006, il publie son premier album solo, Le Temps des Loups (Les Humanoïdes Associés).

Né en 1971, Stéphane Betbeder est également sorti de l’école des Beaux Arts d’Angoulême, mais il était à l'époque plus intéressé par la photo et la vidéo. Il a collaboré avec Eric Henninot sur la série Alister Kayne (Albin Michel), et a scénarisé Le Journal d’Abercrombie Smith (Albin Michel), dessiné par Jean-François Solmon.

Bec et Betbeder ont déjà collaboré en 2002 sur Hôtel Particulier (Soleil), complété en 2004 dans une nouvelle publication, Anna, édité chez La Boîte à Bulles.

Un bunker à 7000 mètres d’altitude


Aleksi Stassik, ex fermier, s’est engagé dans la grande armée du Velikiistok pour défendre la Demarkacia, frontière composée de dizaines de bunkers, à plus de 7000 mètres d’altitude, qui protège l’Etat de l’ennemi Ieretik. Dirigé par un commandeur à la poigne de fer, le bunker 37, auquel est affecté Aleksi, accueille également le second du régime et la nièce de l’Imperator. Mais les soldats déjà en place, fatigués par l’altitude, font courir des rumeurs superstitieuses, alimentées par la disparition inexpliquée de toute une troupe de soldats quelques mois plus tôt. Que se cache-t-il dans ces montagnes ?

Un scénario intéressant

L’Etat présenté par Bec et Betbeder fait fortement penser à certains régimes totalitaires où la propagande militariste lave le cerveau des citoyens pour en faire de bons soldats. Mais l’intérêt réside dans le fait de voir ce régime de l’intérieur : il n’y a pas de critique directe, du moins dans ce premier tome. C’est au lecteur de lire entre les lignes (même s’il faut avouer que ce n’est pas bien difficile, les personnages étant assez stéréotypés.) Le personnage principal, Aleksi, est totalement embrigadé et fait preuve d’une arrogance et d’une prétention qui ne le rendent pas sympathique au premier abord. L’intérêt va être de le voir évoluer psychologiquement, et le moyen employé par les auteurs - des lettres écrites à son frère - a l’avantage de nous faire entrer dans sa tête. Certes, cela ne va pas bien loin, mais pour un personnage de BD, Aleksi est plutôt réussi.

L’intrigue met un peu de temps à se mettre en place. Des éléments fantastiques sont pourtant dévoilés assez rapidement, mais cela a plutôt tendance à casser le suspens. La nature des ennemis des soldats et le caractère un peu surnaturel des décors sont révélés un peu trop tôt. Heureusement, la fin de l’album relance le suspens en introduisant de nouveaux éléments, ce qui est de bon augure pour les prochains tomes.

Des dessins réalistes

Côté dessin, Bec a un style réaliste. Les visages sont très soignés, ce qui les rend rapidement reconnaissables et facilite la lecture. Les décors ne sont pas en reste et les montagnes sont particulièrement imposantes. On ressent bien le poids psychologique de cet environnement qui pèse sur l’esprit des soldats.

Dommage que tout ceci soit un peu trop statique : la minutie apportée aux visages en fige les expressions. De même, les éléments mobiles du décor (comme les hélicoptères) manquent de dynamisme. On a du mal à suivre l’enchaînement des événements. Cette impression s’estompe au fur et à mesure que l’on s’y habitue mais reste présente tout au long de l’album.

Enfin, la colorisation, avec beaucoup de tons jaunes et oranges, fait parfois un peu vieillotte. Certaines cases, comme les hélicoptères sur fond de ciel bleu, sont toutefois très réussies.

Un tome d’exposition

Dévoilant assez tôt des éléments fantastiques qui semblent être au cœur de l’intrigue, Les Frontières interdites est un tome d’exposition efficace bien qu’un peu rapide. Aleksi évolue psychologiquement dans cet album, ce qui laisse augurer d’un personnage intéressant et complexe dans la suite. La fin ouvre de nouvelles perspectives qui, espérons-le, seront exploitées convenablement. Ce premier tome est un début honnête pour une série prometteuse.

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