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Purgatoire

Ange (Scénariste), Philippe Xavier (Dessinateur), Alexe (Coloriste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 31/05/2004  -  bd
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Purgatoire

La dernière collaboration en date d'Ange et Varanda: Enfer (Paradis Perdu -1) avait soulevé l'enthousiasme de par son aboutissement aussi bien graphique que scénaristique (enfin un peu moins pour le scénario, d'accord). Le deuxième volet de ce tryptique était donc très attendu. Les pressés comme moi avaient déjà eu l'occasion de se réjouir en allant admirer quelques planches et esquisses du tome 2 sur le site personnel d'Alberto Varanda: www.alvaranda.com. Et là patatra! Alberto Varanda a laissé tomber la série* que son dessin avait pourtant hissée au sommet. Une "habitude" regrettable qui lui a déjà fait abandonner La Geste des chevaliers-dragons aux bons soins de Briones, et Bloodline à ceux de Valton. Alberto, finirez-vous une série {air plaintif}?

Bien sûr, les éditions Soleil ne manquent pas de jeunes talents en pleine ascension. Cette fois, c'est Philippe Xavier, récent auteur du Souffle avec déjà Ange au scénario, qui hérite du Paradis perdu de Varanda. Un héritage plus difficile à faire fructifier qu'à plomber. Voyons comment le nouveau couple d'auteurs s'est comporté...

"Car on n'est trahi que par ceux que l'on aime"

Anya est un ange déchu, rejetée du Paradis pour avoir défendu les préceptes de Lucifer, préceptes qui ont jadis précipité les anges dans une guerre fratricide entre ceux asservis à la pureté des cieux et ceux qui prônent le feu et le chaos. Cela Gabriel ne le sait que trop bien, lui le veilleur, gardien parmi tant d'autres de l'intégrité du Paradis, lui qui aime Anya d'un amour impossible. Aujourd'hui, Anya et Gabriel sont à nouveau réunis et ils doivent tous deux retrouver Julien, ce petit garçon que Gabriel pense innocemment avoir sauvé du trépas alors qu'il errait aux frontières du Paradis et de l'Enfer. Une chance me direz-vous? Pas vraiment, car les motivations d'Anya n'ont rien de louables : Julien est celui qui doit apporter la victoire finale au bien et causer la perte des Enfers, elle se doit donc de l'éliminer. Et pourtant, même au sein de la très haute autorité des cieux, il semble que la présence de ce sauveur soit une gêne, au point que certains tentent aussi de le supprimer. Gabriel, désorienté, se résoud à tenir au mieux ses engagements et défendre Julien au mieux de ses possibilités, au mépris des conséquences, au mépris de son amour, au mépris de son existence.

Du Varanda avec de la rondeur dedans

Du côté du scénario, ce deuxième opus devrait combler les lecteurs de premier tome, qu'ils aient simplement raffolé de l'histoire, ou qu'ils aient même trouvé qu'elle manquait de consistance. Ici, tous les éléments d'Enfer prennent leur place dans un échiquier qui se révèle changeant : les pions revêtant tout à tour un blanc immaculé ou le noir de la trahison. Co-auteur du célébrissime jeu de rôle de fantastique urbain In Nomine Satanis/Magna Veritas, Ange sait détourner avec une efficacité redoutable les fils qui tissent notre univers religieux pour composer de nouveaux noeuds, recomposer la part du mythe dans notre quotidien. Ce Purgatoire a tous les atouts d'un excellent deuxième volet de trilogie : plus sombre, plus riche que le premier tome, il nous prépare à un final en apothéose. Nul doute que le talent de scénariste d'Ange y pourvoira.

Pour le dessin, difficile de se prononcer de façon objective. Car assurément, Xavier est un très bon dessinateur. Mais j'avoue ne pas avoir déniché de planche sublime, ni même très inspirée dans ce Purgatoire, plutôt une application énorme à s'approprier l'univers graphique de Paradis Perdu. Le trait de Xavier est plus marqué par "l'école Soleil": plus épais, plus rond que celui de son prédécesseur, mais au moins aussi dynamique et simplement expessif. Une évolution en douceur vers une forme de plus grande consensalité, trahie par la mise en couleur d'Alexe plus douce (j'ai dit pastel?) que celle de Lyse pour Enfer. Mais là j'ai été un peu dur : mis à part la finesse, la violence du trait et la qualité d'encrage pour lesquels tenter de rivaliser avec un Varanda tient de la folie douce, le travail graphique de Xavier est tout à fait excellent et assure la continuité visuelle de ce qui était déjà devenu une référence. Les mauvaises langues diront que certaines cases sont ni plus ni moins que du copier-coller-recadrer du premier volume, avec des encrages différents: plus veloutés. On pourra crier au scandale. Je dirais juste que c'est dommage: tenter de faire sien l'univers de Varanda est un effort louable, piller ses planches l'est beaucoup moins.

Que cela ne gâche pas votre plaisir: Paradis Perdu est et demeure une série incontournable et l'on ne peut que saluer les auteurs/dessinateurs de nous procurer un plaisir si total, si brut et si revigorant. Et si "qui aime bien, châtie bien", on concèdera que j'adore simplement cette BD.

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