Née en 1946 à Trévise, Adriana Lorusso a la particularité d’avoir elle-même traduit son roman de l’italien vers le français. Ce n’est pas si étonnant lorsque l’on sait qu’elle a été traductrice et interprète. C’est en tout cas la première italienne à entrer dans la collection SF de Bragelonne.
Ta-Shima, petite planète perdue au fin fond de l’univers
Colonisée depuis quelques siècles, la planète Ta-Shima n’a rien perdu de sa sauvagerie. Les humains n’ont réussi à s’installer que sur une petite parcelle sur laquelle ils sont six millions seulement. Pour survivre dans cet environnement hostile (la météo est difficile, avec tsunamis et ouragans, et la jungle qui entoure le territoire humain est remplie d’animaux et de pièges mortels), ils ont mis en place une société très stricte basée sur l’honneur et la discipline et divisée en deux clans. D’un côté il y a les Shiros, les seigneurs de la planète, arrogants, fiers et droits. De l’autre il y a les Asix, plus pacifiques et serviables. Les premiers protègent les seconds tandis que ces derniers leurs vouent une admiration totale.
Dans ce décor, la jeune Lara a bien du mal à respecter tous les codes et les usages. Pleine de vie, elle ne cesse de s’attirer les foudres de ses supérieurs par ses questions et son incompréhension des convenances. Pire, elle est une combattante pitoyable en escrime, la discipline majeure de la société Shiro. Les salles d’armes servent en effet de salles de justice et la moindre insulte, le moindre différend se termine par un duel... Arrivée à l’âge adulte, Lara, devenue entre-temps Suvaïdar, est envoyée étudier sur une planète étrangère avant d’être rapatriée à la mort de la dirigeante de Ta-Shima. Son expérience lui permettra alors de jouir d’une certaine influence et peut-être de changer le destin de son peuple.
Un si joli décor...
Inspirée de la société japonaise pour le carcan social qu’elle impose à ses personnages, Adriana Lorusso a eu le mérite de construire et développer un monde cohérent et véritablement différent du nôtre. Les règles, la société, les rapports humains, tout y est exotique pour un lecteur occidental. La précision et la complexité de l’ensemble offrent un vrai dépaysement et on ne peut que saluer l’effort de l’auteur qui n’a pas hésité à creuser et développer son monde avec un vrai souci du détail. Elle a aussi mélangé pas mal de thématiques avec plus ou moins de bonheur, en insistant particulièrement sur la rencontre entre les humains de l’extérieur, qui aimeraient intégrer Ta-Shima à leur Empire afin notamment de commercer avec ses habitants, et les autochtones Shiros et Asix. Les meilleurs passages sont d’ailleurs ceux où les deux civilisations tentent de se comprendre, Adriana Lorusso défendant mordicus les bienfaits de sa société où, à côté de la discipline sévère, le respect d’autrui est une règle d’or, la sexualité complètement débridée et la communion avec la nature une nécessité.
Malheureusement, derrière cet aspect foisonnant, l’auteur se perd un peu dans ses pages et ses descriptions, et au final on ne sait pas ce qu’est véritablement l’histoire principale de ce livre. On a au fur et à mesure des chapitres une belle description de la planète, des Shiros et des Asix. Mais il manque un récit fort. Et lorsque l’on croit l’avoir trouvé, l’auteur bifurque quelques dizaines de pages plus loin vers une autre voie. Par exemple elle s’attarde longtemps sur le dialogue entre les autochtones et le représentant de la petite communauté d’hommes venus d’autres planètes pour s’installer sur Ta-Shima, souvent pour commercer. Et lorsque les soucis, les tensions et les incompréhensions se multiplient entre les deux peuples, on se dit que l’on a là l’intrigue majeure sur fond de dialogue sur la différence. Mais d’une manière assez abrupte, elle change de direction, nous laissant sur notre faim, comme si seule la balade sur Ta-Shima était importante. Dommage... d’autant que certains passages traînent en longueur et que l’on se prend à rêver de certains chapitres allégés pour gagner en fluidité et en simplicité de lecture...
Un premier roman fouillis mais qui constitue sans doute la base d’une histoire plus large puisqu’on nous annonce d’ores et déjà une suite. Jusqu’ici, on a l’impression qu’Adriana Lorusso a jeté sur papier toutes ses idées sans véritable fil conducteur. A voir dans le prochain tome comment elle va maintenant affiner son style pour se concentrer sans doute un peu plus sur son récit...
Ta-Shima, petite planète perdue au fin fond de l’univers
Colonisée depuis quelques siècles, la planète Ta-Shima n’a rien perdu de sa sauvagerie. Les humains n’ont réussi à s’installer que sur une petite parcelle sur laquelle ils sont six millions seulement. Pour survivre dans cet environnement hostile (la météo est difficile, avec tsunamis et ouragans, et la jungle qui entoure le territoire humain est remplie d’animaux et de pièges mortels), ils ont mis en place une société très stricte basée sur l’honneur et la discipline et divisée en deux clans. D’un côté il y a les Shiros, les seigneurs de la planète, arrogants, fiers et droits. De l’autre il y a les Asix, plus pacifiques et serviables. Les premiers protègent les seconds tandis que ces derniers leurs vouent une admiration totale.
Dans ce décor, la jeune Lara a bien du mal à respecter tous les codes et les usages. Pleine de vie, elle ne cesse de s’attirer les foudres de ses supérieurs par ses questions et son incompréhension des convenances. Pire, elle est une combattante pitoyable en escrime, la discipline majeure de la société Shiro. Les salles d’armes servent en effet de salles de justice et la moindre insulte, le moindre différend se termine par un duel... Arrivée à l’âge adulte, Lara, devenue entre-temps Suvaïdar, est envoyée étudier sur une planète étrangère avant d’être rapatriée à la mort de la dirigeante de Ta-Shima. Son expérience lui permettra alors de jouir d’une certaine influence et peut-être de changer le destin de son peuple.
Un si joli décor...
Inspirée de la société japonaise pour le carcan social qu’elle impose à ses personnages, Adriana Lorusso a eu le mérite de construire et développer un monde cohérent et véritablement différent du nôtre. Les règles, la société, les rapports humains, tout y est exotique pour un lecteur occidental. La précision et la complexité de l’ensemble offrent un vrai dépaysement et on ne peut que saluer l’effort de l’auteur qui n’a pas hésité à creuser et développer son monde avec un vrai souci du détail. Elle a aussi mélangé pas mal de thématiques avec plus ou moins de bonheur, en insistant particulièrement sur la rencontre entre les humains de l’extérieur, qui aimeraient intégrer Ta-Shima à leur Empire afin notamment de commercer avec ses habitants, et les autochtones Shiros et Asix. Les meilleurs passages sont d’ailleurs ceux où les deux civilisations tentent de se comprendre, Adriana Lorusso défendant mordicus les bienfaits de sa société où, à côté de la discipline sévère, le respect d’autrui est une règle d’or, la sexualité complètement débridée et la communion avec la nature une nécessité.
Malheureusement, derrière cet aspect foisonnant, l’auteur se perd un peu dans ses pages et ses descriptions, et au final on ne sait pas ce qu’est véritablement l’histoire principale de ce livre. On a au fur et à mesure des chapitres une belle description de la planète, des Shiros et des Asix. Mais il manque un récit fort. Et lorsque l’on croit l’avoir trouvé, l’auteur bifurque quelques dizaines de pages plus loin vers une autre voie. Par exemple elle s’attarde longtemps sur le dialogue entre les autochtones et le représentant de la petite communauté d’hommes venus d’autres planètes pour s’installer sur Ta-Shima, souvent pour commercer. Et lorsque les soucis, les tensions et les incompréhensions se multiplient entre les deux peuples, on se dit que l’on a là l’intrigue majeure sur fond de dialogue sur la différence. Mais d’une manière assez abrupte, elle change de direction, nous laissant sur notre faim, comme si seule la balade sur Ta-Shima était importante. Dommage... d’autant que certains passages traînent en longueur et que l’on se prend à rêver de certains chapitres allégés pour gagner en fluidité et en simplicité de lecture...
Un premier roman fouillis mais qui constitue sans doute la base d’une histoire plus large puisqu’on nous annonce d’ores et déjà une suite. Jusqu’ici, on a l’impression qu’Adriana Lorusso a jeté sur papier toutes ses idées sans véritable fil conducteur. A voir dans le prochain tome comment elle va maintenant affiner son style pour se concentrer sans doute un peu plus sur son récit...