Actusf : Tout d'abord comment est née l'idée de cette collection "Les Trésors de la SF" ?
Laurent Genefort : L'idée est née il y a un peu plus d'un an environ, au cours d'un repas avec Stéphane Marsan et Alain Névant. Nous discutions de certains de mes anciens 'Anticipation' qu'ils souhaitaient rééditer. Tous, nous nous désolions de l'oubli dans lequel tombait peu à peu le patrimoine français de science-fiction, faute d'une collection dotée d'un minimum de moyens - d'autant que 'Eons' ou 'Les Moutons électriques' forçaient notre admiration en montrant la voie. De plus, c'était un vieux rêve bragelonnien de rééditer Julia Verlanger. C'est ainsi qu'ils m'ont proposé de prendre la tête d'une collection de rééditions de SF en 'volume omnibus', c.a.d. en recueils de romans. Tout de suite, j'ai déterminé la période qui m'intéressait, et qui débordait la période classique d'Anticipation; j'ai en outre voulu d'emblée intégrer des auteurs étrangers, parce qu'à mon sens, il existe beaucoup d'écrivains négligés dès que l'on sort de la quinzaine de monstres sacrés régulièrement réédités.
Actusf : Pourquoi avoir accepté le projet ? Qu'est-ce qui t'a donné envie ?
Laurent Genefort : Jusque-là, j'avais toujours refusé de diriger une collection; cela interférait trop avec mon métier d'auteur. De plus, la perspective d'avoir à refuser le roman d'un écrivain sans doute plus doué que moi me faisait froid dans le dos! Ce problème ne se pose pas dans le cadre de rééditions. Ce qui m'a donné l'envie d'accepter, c'est, égoïstement, une nouvelle façon de nourrir ma passion pour la science-fiction, de faire redécouvrir et parfois découvrir au lecteur d'aujourd'hui des livres qui m'ont fait rêver. C'est en quelque sorte un tribut que je paye, en même temps qu'une source de bonheur. William Gibson compare la culture qui nous constitue au niveau individuel à un radeau rongé par le présent de plus en plus envahissant, qui se délite à vue d'oeil. De mon point de vue, TSF est un moyen de rajouter quelques planches à notre radeau commun!
Actusf : Quelle en sera la ligne directrice ?
Laurent Genefort :
- Des recueils de romans de SF uniquement : pas de fantastique ni de fantasy. Chaque volume sera consacré à un auteur, et le rythme de publication sera de 4 par an.
- La période couvre les années 30 à 70; certaines oeuvres pourront déborder sur les années 80 si elles s'inscrivent dans un cycle.
- Les genres et les tons seront aussi étendus que le champ même de la SF: il y aura du space opera d'aventure, des récits de fin du monde, de la SF spéculative ou psychologique, etc... de la littérature populaire comme des oeuvres intellectuelles.
- Il y aura systématiquement une postface, réalisée par un spécialiste de l'auteur ou du genre dans lequel il s'inscrit. En revanche, internet oblige, j'ai trouvé inutile d'intégrer une bibliographie. On verra peut-être ensuite...
Actusf : Elle va prendre pour axe les années 1930 à 70. Pourquoi ces années ont-elles été importantes pour la SF ? Et quelles sont les périodes clefs selon toi ?
Laurent Genefort : Chaque décennie a été importante, et même déterminante puisque la SF se construit sur ses acquis. Il suffit d'ouvrir la première encyclopédie de SF venue pour être subjugué par la richesse incroyable du genre. J'aurais bien aimé procéder de façon chronologique, mais pour des raisons pratiques évidentes ce n'est pas possible - il aurait fallu avoir tous les titres avant même la publication du premier. J'aurais aussi volontiers ajouté les années 80, si ce n'est que cette période est trop récente pour s'intégrer dans une collection comme TSF. On verra dans dix ans!
Actusf : Quel est le programme ?
Laurent Genefort : Julia Verlanger, Michael Coney, Pierre Pelot, Jean-Pierre Andrevon, Jacques Spitz, Sprague de Camp... Beaucoup d'éclectisme donc. Une manière d'affirmer que le spectre de TSF est très large - et que la collection s'installe dans la durée.
Actusf : Les deux premiers volumes sont prévus en Juin avec 'La Terre sauvage' de Julia Verlanger et 'Le Crépuscule des mondes' de Michael Coney. Parle nous un peu de ces deux auteurs. Tout d'abord Julia Verlanger. Qu'est-ce qui t'intéressait chez elle ?
Laurent Genefort : D'abord le ton, inimitable. Il y a toujours une relation affective avec l'écriture de Julia. Une sorte de connivence. On aime ou pas, mais il est difficile de rester impassible tant il est évident que l'auteure s'est donnée tout entière. Peut-être la raison principale de l'engouement qu'elle suscite se trouve-t-elle dans cette générosité. Julia était tout sauf un écrivain formaté comme il en existe tellement aujourd'hui.
Actusf : Et même question pour Michael Coney ? Y aura-t-il des inédits dans l'omnibus que tu prépares ?
Laurent Genefort : Pour le coup, non. Mais la postface d'André-François Ruaud, qui a lui-même réédité Coney récemment, vaut le détour. Les trois romans réédités, 'Rax', 'Syzygie' et 'Brontomek', sont mes préférés de l'auteur: 'Le Crépuscule des mondes' - c'est le nom du recueil - est exactement le volume dont je rêvais. Je peux difficilement en dire plus.
Actusf : Est-ce que ce n'est pas difficile d'être écrivain et directeur de collection? Est-ce qu'au niveau du temps les deux activités ne se chevauchent pas trop?
Laurent Genefort : Même si un space opera, 'Mémoria', sort en juin au Bélial, depuis quelque temps, ma production de SF s'est ralentie; concrètement, le problème ne se pose donc pas. Mais comme je l'ai dit plus haut, il s'agit de rééditions. En ce qui concerne le temps, si je n'avais que ces deux activités, cela ne me gênerait pas. Le problème, c'est surtout que j'en cumule d'autres !
Actusf : Enfin sur quoi travailles-tu actuellement ? Quels sont tes projets ?
Laurent Genefort : Je travaille au scénario d'un jeu vidéo; voilà plus de vingt ans que j'attendais la réalisation de ce rêve, et me voilà embarqué dans un projet très ambitieux et atypique. En parallèle, je corrige les épreuves du 'Vol de l'Aigle', le deuxième volet de ma trilogie des 'Hordes' à paraître en août chez Bragelonne. A plus long terme, je travaille à un roman de speculative fiction fondé sur une idée très 'éganienne'. Sans compter quelques autres trucs...
Laurent Genefort : L'idée est née il y a un peu plus d'un an environ, au cours d'un repas avec Stéphane Marsan et Alain Névant. Nous discutions de certains de mes anciens 'Anticipation' qu'ils souhaitaient rééditer. Tous, nous nous désolions de l'oubli dans lequel tombait peu à peu le patrimoine français de science-fiction, faute d'une collection dotée d'un minimum de moyens - d'autant que 'Eons' ou 'Les Moutons électriques' forçaient notre admiration en montrant la voie. De plus, c'était un vieux rêve bragelonnien de rééditer Julia Verlanger. C'est ainsi qu'ils m'ont proposé de prendre la tête d'une collection de rééditions de SF en 'volume omnibus', c.a.d. en recueils de romans. Tout de suite, j'ai déterminé la période qui m'intéressait, et qui débordait la période classique d'Anticipation; j'ai en outre voulu d'emblée intégrer des auteurs étrangers, parce qu'à mon sens, il existe beaucoup d'écrivains négligés dès que l'on sort de la quinzaine de monstres sacrés régulièrement réédités.
Actusf : Pourquoi avoir accepté le projet ? Qu'est-ce qui t'a donné envie ?
Laurent Genefort : Jusque-là, j'avais toujours refusé de diriger une collection; cela interférait trop avec mon métier d'auteur. De plus, la perspective d'avoir à refuser le roman d'un écrivain sans doute plus doué que moi me faisait froid dans le dos! Ce problème ne se pose pas dans le cadre de rééditions. Ce qui m'a donné l'envie d'accepter, c'est, égoïstement, une nouvelle façon de nourrir ma passion pour la science-fiction, de faire redécouvrir et parfois découvrir au lecteur d'aujourd'hui des livres qui m'ont fait rêver. C'est en quelque sorte un tribut que je paye, en même temps qu'une source de bonheur. William Gibson compare la culture qui nous constitue au niveau individuel à un radeau rongé par le présent de plus en plus envahissant, qui se délite à vue d'oeil. De mon point de vue, TSF est un moyen de rajouter quelques planches à notre radeau commun!
Actusf : Quelle en sera la ligne directrice ?
Laurent Genefort :
- Des recueils de romans de SF uniquement : pas de fantastique ni de fantasy. Chaque volume sera consacré à un auteur, et le rythme de publication sera de 4 par an.
- La période couvre les années 30 à 70; certaines oeuvres pourront déborder sur les années 80 si elles s'inscrivent dans un cycle.
- Les genres et les tons seront aussi étendus que le champ même de la SF: il y aura du space opera d'aventure, des récits de fin du monde, de la SF spéculative ou psychologique, etc... de la littérature populaire comme des oeuvres intellectuelles.
- Il y aura systématiquement une postface, réalisée par un spécialiste de l'auteur ou du genre dans lequel il s'inscrit. En revanche, internet oblige, j'ai trouvé inutile d'intégrer une bibliographie. On verra peut-être ensuite...
Actusf : Elle va prendre pour axe les années 1930 à 70. Pourquoi ces années ont-elles été importantes pour la SF ? Et quelles sont les périodes clefs selon toi ?Laurent Genefort : Chaque décennie a été importante, et même déterminante puisque la SF se construit sur ses acquis. Il suffit d'ouvrir la première encyclopédie de SF venue pour être subjugué par la richesse incroyable du genre. J'aurais bien aimé procéder de façon chronologique, mais pour des raisons pratiques évidentes ce n'est pas possible - il aurait fallu avoir tous les titres avant même la publication du premier. J'aurais aussi volontiers ajouté les années 80, si ce n'est que cette période est trop récente pour s'intégrer dans une collection comme TSF. On verra dans dix ans!
Actusf : Quel est le programme ?
Laurent Genefort : Julia Verlanger, Michael Coney, Pierre Pelot, Jean-Pierre Andrevon, Jacques Spitz, Sprague de Camp... Beaucoup d'éclectisme donc. Une manière d'affirmer que le spectre de TSF est très large - et que la collection s'installe dans la durée.
Actusf : Les deux premiers volumes sont prévus en Juin avec 'La Terre sauvage' de Julia Verlanger et 'Le Crépuscule des mondes' de Michael Coney. Parle nous un peu de ces deux auteurs. Tout d'abord Julia Verlanger. Qu'est-ce qui t'intéressait chez elle ?
Laurent Genefort : D'abord le ton, inimitable. Il y a toujours une relation affective avec l'écriture de Julia. Une sorte de connivence. On aime ou pas, mais il est difficile de rester impassible tant il est évident que l'auteure s'est donnée tout entière. Peut-être la raison principale de l'engouement qu'elle suscite se trouve-t-elle dans cette générosité. Julia était tout sauf un écrivain formaté comme il en existe tellement aujourd'hui.
Actusf : Et même question pour Michael Coney ? Y aura-t-il des inédits dans l'omnibus que tu prépares ?
Laurent Genefort : Pour le coup, non. Mais la postface d'André-François Ruaud, qui a lui-même réédité Coney récemment, vaut le détour. Les trois romans réédités, 'Rax', 'Syzygie' et 'Brontomek', sont mes préférés de l'auteur: 'Le Crépuscule des mondes' - c'est le nom du recueil - est exactement le volume dont je rêvais. Je peux difficilement en dire plus.
Actusf : Est-ce que ce n'est pas difficile d'être écrivain et directeur de collection? Est-ce qu'au niveau du temps les deux activités ne se chevauchent pas trop?Laurent Genefort : Même si un space opera, 'Mémoria', sort en juin au Bélial, depuis quelque temps, ma production de SF s'est ralentie; concrètement, le problème ne se pose donc pas. Mais comme je l'ai dit plus haut, il s'agit de rééditions. En ce qui concerne le temps, si je n'avais que ces deux activités, cela ne me gênerait pas. Le problème, c'est surtout que j'en cumule d'autres !
Actusf : Enfin sur quoi travailles-tu actuellement ? Quels sont tes projets ?
Laurent Genefort : Je travaille au scénario d'un jeu vidéo; voilà plus de vingt ans que j'attendais la réalisation de ce rêve, et me voilà embarqué dans un projet très ambitieux et atypique. En parallèle, je corrige les épreuves du 'Vol de l'Aigle', le deuxième volet de ma trilogie des 'Hordes' à paraître en août chez Bragelonne. A plus long terme, je travaille à un roman de speculative fiction fondé sur une idée très 'éganienne'. Sans compter quelques autres trucs...