Avec ce livre, Julien Raux publie son premier roman. Grâce à la Société des Ecrivains qui décide de l'éditer, l'auteur peut enfin assouvir une passion pour l'écriture, un plaisir qu'il ne peut trouver dans son travail.
Prise entre deux mondes
Ilona est une jeune fille presque normale. Toutefois, d'étranges phénomènes surviennent autour d'elle et écartent les amis potentiels. Elle n'en conçoit que peu de regrets, car elle se sait issue d'un autre monde, celui des sorciers.
Pour ses dix-sept ans, elle va se retrouver plongée dans son monde natal, appelée en renfort pour le sauver des griffes d'un sorcier noir qui a tué sa famille, n'épargnant qu'elle alors qu'elle était un nourrisson.
Aidée d'amis fidèles, trahie par ses sentiments, appuyée par les plus sages anciens, elle devra lutter pour survivre et faire échouer les plans machiavéliques de son opposant.
Une belle fan-fiction
Il ne faut pas lire cette courte histoire au premier degré, il faut y voir un hommage, une suite de clins d'œil aux ouvrages les plus connus de ce type de littérature. La plupart des personnages sont tirés presque directement d'Harry Potter, les autres semblant surgir du Seigneur des Anneaux.
L'auteur s'est fait plaisir. Il a sorti un livre qui raconte une histoire qui lui plaît une reprise des textes qui ont bercé sa jeunesse, en les remaniant à sa façon. Toutefois, le lecteur, lui, n'a pas la même vision de cette histoire. Au mieux il en tirera un malaise de voyeur, l'impression de plonger dans l'imaginaire privé de l'auteur, dans son intimité. Au pire il s'ennuiera.
Un grand néant éditorial
Même si l’histoire est banale, trop bâclée, parfois prévisible et l’écriture bien trop souvent vacillante, on ne peut qu’avoir du respect pour le travail accompli et le courage de publier un texte comme celui-ci.
Celui qui, par contre, ne mérite qu’un mépris appuyé, c’est l’éditeur – La Société des Ecrivains – qui n’a ici clairement pas fait son travail et a simplement profité du désir d’écriture de Julien Raux en en faisant une victime.
En fait d’éditeur, il s’agit d’une des nombreuses officines qui offrent de l’édition à compte d’auteur (pour un auteur, sortir un livre à compte d'auteur consiste à payer par avance tous les frais pour se faire éditer).
Nombre de ces sociétés surfent sur la vague des auteurs en herbe cherchant à publier un premier roman. Sous des dehors très engageants, ils n’ont d’éditeurs que le nom et ne doivent pas être confondus avec les vraies maisons qui savent aider les écrivains à construire leurs œuvres, les porter et les suivre dans leur vie littéraire – mais qui effectivement sélectionnent beaucoup leurs parutions.
S’abritant derrière l’alibi éculé d’avoir vu, jadis, des grandes œuvres du patrimoine littéraire publiées par leur biais (Du côté de chez Swann, de Proust, par exemple), les éditions à compte d’auteur prennent en compte presque toutes les demandes. Le discours est bien rôdé : « aujourd’hui il y a plus de bons auteurs méritant d’être publiés que de places disponibles aux catalogues des grands éditeurs. » Ce qui sonne agréablement aux oreilles de ceux qui n'ont pas trouvé de place dans les maisons à compte d’éditeur. Mais force est de constater que ces officines ne font pas le même métier non plus. Elles n’ont que faire du contenu de ce qu’elles publient, ne s’occupant que de se faire payer. Pour brouiller les pistes, ces sociétés parlent d’édition participative ou utilisent d’autres locutions tout aussi floues. Elles n’éditent pas les livres, elles les publient. La nuance est subtile pour l’aspirant écrivain, mais fait pourtant toute la différence. Attirant les auteurs en manque de reconnaissance, elles ne leur offrent rien de ce qu’elles devraient, mais uniquement la satisfaction médiocre d’avoir payé – souvent cher – afin de voir leur texte imprimé.
Le piège de l'édition à compte d'auteur
Voir son livre sortir à compte d’auteur est complètement différent d’être édité. L’auteur, croyant – à tort – être soutenu et accompagné, se retrouve finalement seul, sans conseils, obligé de réaliser lui-même le travail qu’il serait en droit d’attendre de la part de son interlocuteur.
Le premier devoir d’un éditeur est de savoir si un texte est publiable. Comme déjà indiqué plus haut – et même si Julien Raux est certainement quelqu’un de très sympathique – son roman était impubliable en l’état. Si son manuscrit avait été lu aussi attentivement que l’affirme la Société des Écrivains sur son site et si jamais il avait franchi les premières étapes de sélection d’une collection à compte d’éditeur, il aurait dû être lourdement retravaillé.
Le lecteur se retrouve au final avec un manuscrit platement mis en page, pas même décoquillé (puisqu’on trouve, au bas mot, une quinzaine de fautes par page).
Il y a donc deux personnes qui y perdent : le lecteur qui ne peut profiter d'une lecture du texte de qualité et l'auteur dont le travail (celui d'écriture et d'invention) n'est pas soutenu à hauteur de sa valeur.
Une variante de l'édition à compte d'auteur consiste à sortir son ouvrage en auto-édition. Dans ce cas l'auteur ne profite d'aucun apport d'édition, mais au moins il le sait par avance.
Prise entre deux mondes
Ilona est une jeune fille presque normale. Toutefois, d'étranges phénomènes surviennent autour d'elle et écartent les amis potentiels. Elle n'en conçoit que peu de regrets, car elle se sait issue d'un autre monde, celui des sorciers.
Pour ses dix-sept ans, elle va se retrouver plongée dans son monde natal, appelée en renfort pour le sauver des griffes d'un sorcier noir qui a tué sa famille, n'épargnant qu'elle alors qu'elle était un nourrisson.
Aidée d'amis fidèles, trahie par ses sentiments, appuyée par les plus sages anciens, elle devra lutter pour survivre et faire échouer les plans machiavéliques de son opposant.
Une belle fan-fiction
Il ne faut pas lire cette courte histoire au premier degré, il faut y voir un hommage, une suite de clins d'œil aux ouvrages les plus connus de ce type de littérature. La plupart des personnages sont tirés presque directement d'Harry Potter, les autres semblant surgir du Seigneur des Anneaux.
L'auteur s'est fait plaisir. Il a sorti un livre qui raconte une histoire qui lui plaît une reprise des textes qui ont bercé sa jeunesse, en les remaniant à sa façon. Toutefois, le lecteur, lui, n'a pas la même vision de cette histoire. Au mieux il en tirera un malaise de voyeur, l'impression de plonger dans l'imaginaire privé de l'auteur, dans son intimité. Au pire il s'ennuiera.
Un grand néant éditorial
Même si l’histoire est banale, trop bâclée, parfois prévisible et l’écriture bien trop souvent vacillante, on ne peut qu’avoir du respect pour le travail accompli et le courage de publier un texte comme celui-ci.
Celui qui, par contre, ne mérite qu’un mépris appuyé, c’est l’éditeur – La Société des Ecrivains – qui n’a ici clairement pas fait son travail et a simplement profité du désir d’écriture de Julien Raux en en faisant une victime.
En fait d’éditeur, il s’agit d’une des nombreuses officines qui offrent de l’édition à compte d’auteur (pour un auteur, sortir un livre à compte d'auteur consiste à payer par avance tous les frais pour se faire éditer).
Nombre de ces sociétés surfent sur la vague des auteurs en herbe cherchant à publier un premier roman. Sous des dehors très engageants, ils n’ont d’éditeurs que le nom et ne doivent pas être confondus avec les vraies maisons qui savent aider les écrivains à construire leurs œuvres, les porter et les suivre dans leur vie littéraire – mais qui effectivement sélectionnent beaucoup leurs parutions.
S’abritant derrière l’alibi éculé d’avoir vu, jadis, des grandes œuvres du patrimoine littéraire publiées par leur biais (Du côté de chez Swann, de Proust, par exemple), les éditions à compte d’auteur prennent en compte presque toutes les demandes. Le discours est bien rôdé : « aujourd’hui il y a plus de bons auteurs méritant d’être publiés que de places disponibles aux catalogues des grands éditeurs. » Ce qui sonne agréablement aux oreilles de ceux qui n'ont pas trouvé de place dans les maisons à compte d’éditeur. Mais force est de constater que ces officines ne font pas le même métier non plus. Elles n’ont que faire du contenu de ce qu’elles publient, ne s’occupant que de se faire payer. Pour brouiller les pistes, ces sociétés parlent d’édition participative ou utilisent d’autres locutions tout aussi floues. Elles n’éditent pas les livres, elles les publient. La nuance est subtile pour l’aspirant écrivain, mais fait pourtant toute la différence. Attirant les auteurs en manque de reconnaissance, elles ne leur offrent rien de ce qu’elles devraient, mais uniquement la satisfaction médiocre d’avoir payé – souvent cher – afin de voir leur texte imprimé.
Le piège de l'édition à compte d'auteur
Voir son livre sortir à compte d’auteur est complètement différent d’être édité. L’auteur, croyant – à tort – être soutenu et accompagné, se retrouve finalement seul, sans conseils, obligé de réaliser lui-même le travail qu’il serait en droit d’attendre de la part de son interlocuteur.
Le premier devoir d’un éditeur est de savoir si un texte est publiable. Comme déjà indiqué plus haut – et même si Julien Raux est certainement quelqu’un de très sympathique – son roman était impubliable en l’état. Si son manuscrit avait été lu aussi attentivement que l’affirme la Société des Écrivains sur son site et si jamais il avait franchi les premières étapes de sélection d’une collection à compte d’éditeur, il aurait dû être lourdement retravaillé.
Le lecteur se retrouve au final avec un manuscrit platement mis en page, pas même décoquillé (puisqu’on trouve, au bas mot, une quinzaine de fautes par page).
Il y a donc deux personnes qui y perdent : le lecteur qui ne peut profiter d'une lecture du texte de qualité et l'auteur dont le travail (celui d'écriture et d'invention) n'est pas soutenu à hauteur de sa valeur.
Une variante de l'édition à compte d'auteur consiste à sortir son ouvrage en auto-édition. Dans ce cas l'auteur ne profite d'aucun apport d'édition, mais au moins il le sait par avance.