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Interview de Turf
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Interview de Turf

L’interview en audio, première partie :

L’interview en audio, seconde partie :

L’interview en audio, troisième partie :

L’interview en audio, quatrième et dernière partie :

ActuSF : Turf bonjour, merci de nous accorder cette interview pour la sortie du septième et dernier tome de la série La Nef des fous, Terminus. Pour commencer, pour ceux qui ne vous connaîtraient pas, parlez-nous un petit peu de votre parcours : comment êtes-vous arrivé à la BD, et vouliez-vous en faire votre métier dès le départ ?
Turf : En fait, j’ai découvert la BD à 17/18 ans, je ne sais plus, j’étais en cours d’anglais et quelqu’un, une jeune fille, lisait derrière moi Les Compagnons du crépuscule de Bourgeon. Elle m’a passé la BD, je l’ai lue pendant le cours. J’ai trouvé ça génial, une BD adulte qui me parlait, parce que j’étais un grand lecteur de Tintin, Les Schtroumfs, mais je n’avais jamais vu de BD adulte, je ne savais même pas que ça existait. Donc à 17/18 ans, je ne me rappelle plus exactement, j’ai eu un déclic, j’ai dit : « C’est le métier que je veux faire ». Ca tombait bien, j’étais en architecture en seconde, première, terminale, et c’était assez proche du dessin. Donc ça m’a bien aidé au début, je pouvais faire les décors, déjà. Après je suis allé faire une année de Beaux Arts à Aix en Provence, et trois ans à Angoulême, en section bande dessinée, et après un peu de dessin animé. Après je me suis jeté, j’ai fait le scénario des Remparts d’écume pour Joël Mouclier, et l’année d’après La Nef des fous. Voilà, pour un résumé succinct.

Nef des fous T1ActuSF : Justement, entrons dans le vif du sujet avec cette série La Nef des fous. Est-ce que vous pourriez la présenter en quelques mots, assez rapidement, pour les lecteurs qui ne la connaissent pas ?
Turf : Assez rapidement, ça va être difficile, parce que c’est un univers très riche. On va dire que c’est une histoire fantastique, mêlée de burlesque, de comique, d’intrigues, d’amourettes, d’amour, d’amours ratés, de plein de choses en fait. Tout ce qui me plaît, quoi, une sorte de conte de fées moderne. Un résumé, c’est dur ce que vous me demandez, il faut le lire !

ActuSF : Comment est né ce projet, et est-ce qu’il a été facile à faire éditer au départ ?
Turf : Après avoir fait Les Remparts d’écume avec Mouclier, comme il suivait un découpage dessiné que je lui avais donné, je me suis dit qu’il suffisait simplement que je pousse un peu plus mes dessins et peut-être que j’allais arriver à faire de la BD. Donc j’ai fait la liste de ce que j’avais envie de raconter, la liste de ce que j’avais envie de dessiner, puis j’ai fait des crobars, ça a duré cinq ou six mois, je ne me rappelle plus. Puis un jour, il y a des personnages qui sont apparus, le roi, sa fille. J’avais envie que ça se passe au Moyen-Âge mais je ne voulais pas faire de chevaux, parce que je ne savais pas les dessiner, je n’avais pas envie de faire cet effort. Donc j’ai fait des petites voitures, façons années 60, sans photo parce que je n’aime pas travailler d’après photo. Et voilà, l’univers s’est créé tout seul, sans que je maîtrise vraiment la situation. Dès l’apparition du roi, je lui ai mis une chemise de nuit à rayures rouges et blanches. Ce n’était plus simplement le roi, c’était un personnage plutôt marrant, jamais vu en BD, du coup je l’ai laissé en chemise de nuit dans tous les albums ! C’est venu sans que je m’y prépare. De toute façon, je n’aurais pas pu inventer une telle histoire en un seul coup, il fallait bien les dix-sept années pour nourrir tout ce travail.

La Nef des fous T2ActuSF : Alors justement, cette série a pris dix-sept ans pour arriver à son terme. Est-ce que ça a été facile de garder le cap ? Est-ce que vous êtes resté motivé jusqu’au bout, et est-ce que vous avez gardé du plaisir jusqu’au bout ?
Turf : Motivé jusqu’au bout, du plaisir jusqu’au bout, mais par moments, j’ai viré un peu de cap, parce que tu vieillis… Puis j’ai essayé de m’y remettre. Le tome 3 par exemple, c’est un bouquin que j’ai un peu trop écrit. Le travail d’Alain Ayroles m’avait vraiment surpris et épaté. Du coup je trouvais que mes textes à moi n’étaient pas bien, donc je me suis mis à bosser les miens comme un dingue, avec le dictionnaire, le dictionnaire de rimes, dictionnaire de ceci… pour que ça sonne vraiment bien. Et peut-être un peu trop. Ce n’est pas sûr, c’est le souvenir que j’en ai. Mais je suis un très mauvais lecteur de mes propres bouquins donc il faudrait que je les relise, mais il a plutôt bien marché, je n’ai pas eu de critique de ce genre-là. J’ai eu des soucis de dessin, à ce moment-là, aussi, je ne l’aime pas le dessin de cette période-là, ça dépend des pages. Mais globalement, j’ai pris du plaisir pendant dix-sept ans, à faire mon petit truc, pépère.

ActuSF : Il vaut mieux en même temps, parce que ça occupe une vie !
Turf : Oui, mais je n’ai pas vu passer le temps, en fait, les dix-sept années sont passées, et voilà. Ce n’est que maintenant, en sortant des cartons des vieux dessins, que je m’aperçois que le papier est tout jauni, le scotch aussi a jauni. Là je me dis, il y a du temps qui est passé !

La Nef des fous T3ActuSF : Parlons un petit peu des personnages de La Nef des fous. Ils sont tous plus ou moins burlesques, un petit peu absurdes, justifiant très bien le titre de la série. Ils sont dans des situations parfois très abracadabrantes. D’où vous vient ce goût de l’absurde ?
Turf : Je n’en sais rien. Comment voulez-vous faire évoluer un personnage qui a une chemise de nuit à rayures, ou un policier qui a un costume à pois ? Il devient tout de suite ridicule ! Quand je me mets à ma table de travail, je raconte La Nef des fous, et ça vient tout seul. Des fois, je rature, je jette, je remplis des sacs poubelle, mais ça ne me demande pas un effort considérable, pour moi c’est évident ce que je raconte. On me demande toujours, la doc, vous copiez des trucs… Non, je me mets à ma table, je raconte le truc que j’ai envie de raconter. C’est comme si c’était déjà écrit, en fait. Je ne copie personne !

ActuSF : Vos personnages sont un peu fous mais au final, ils se révèlent tous plus complexes et moins manichéens que ce que l’on peut croire au début. Même les robots que l’on voit tout au long des albums ont un petit côté humain, surtout celui qui va chercher Clorenthe et Arthur à l’extérieur. On sent derrière une réelle tendresse pour eux.
Turf : En fait, j’aime tous mes personnages, autrement je ne les aurais pas inventés. Il y en a que j’ai moins utilisés, parce qu’ils n’étaient pas intéressants graphiquement ou ne faisaient pas avancer l’histoire. Mais c’est vrai, par exemple, le robot, quand il quitte Arthur et Clorenthe, Clorenthe ferme le sas et le robot dit au revoir, comme un gamin devant le TGV : le TGV est déjà parti mais il est encore en train de dire au revoir. C’est des trucs que j’ai essayé de faire passer, parce que je l’aimais bien le robot, c’était un bout de ferraille mais il avait son rôle dans l’histoire. Non, je les aime tous. Il y en a qui m’ont un peu fait souffrir graphiquement, comme Clorenthe. La toute première Clorenthe que j’avais faite me plaisait beaucoup, puis des amis dessinateurs m’ont dit « oui, c’est pas bien, c’est pas génial ». Du coup j’ai modifié, j’ai tout le temps modifié, je n’arrivais jamais à la faire finalement. Et là j’arrive à la faire en dédicace, maintenant que j’ai fini la série. Je maîtrise, c’est dommage !

La Nef des fous T4ActuSF : Je pensais particulièrement à Ambroise, le Grand Coordinateur, qui se révèle être un traître au Roy. On se rend compte petit à petit qu’il n’a pas si mauvais fond que ça, qu’il s’est plutôt laisser griser par le pouvoir. Est-ce qu’on doit y voir une critique de ce pouvoir qui tourne la tête aux hommes ?
Turf : Non, une critique, non. Je ne revendique rien dans ma BD. Il y a un regard amusé sur notre vie, mais moi je fais de la BD pour me détendre, pour que mes lecteurs se détendent, passent un bon moment. C’est vrai que par exemple, quand Ambroise voit des policiers arrêtés par des policiers, il dit « Ah, c’est cocasse » ! Mais j’essaye de m’éloigner de notre réalité, elle ne m’intéresse pas. La réalité on la subit, à la télé, dans notre boîte aux lettres, tous les jours… Moi je crée mon univers, je suis super peinard là-dedans. De temps en temps ma banque me dit qu’il n’y a pas de sous, donc ça me ramène un peu à la réalité ! Mais le but du jeu, c’est une fuite, ça permet de passer le temps, en fait, dix-sept ans !

ActuSF : Ce septième tome répond à toutes les questions ou presque sur la nef et sur le grand extérieur. Est-ce que ça n’a pas été trop compliqué de conclure au niveau du scénario ?
Turf : Non, parce que l’idée était fort ancienne déjà. Normalement La Nef des fous c’était un bouquin de 90 pages, donc il y avait déjà la fin de prévue depuis fort longtemps. Restait juste à mettre en place les éléments pour que ce ne soit pas trop lassant, pour que ce ne soit pas que du narratif, que de l’explication. Donc j’ai essayé de mélanger les scènes, un peu comme j’ai toujours fait sur La Nef, et voilà.

La Nef des fous T5ActuSF : Au final, la situation de la nef au départ et à l’arrivée est presque identique, on a comme une espèce de retour à l’équilibre. On a l’impression que ce qui compte vraiment, ce n’est pas tant l’intrigue en elle-même, que cette petite étincelle de folie qui a créé tout un univers, qui a donné lieu à des échanges entre les personnages, des rencontres. C’est une belle ode à l’imagination, non ?
Turf : L’intrigue il y a en a eu une. Sauf que le lecteur qui ne m’a pas suivi depuis le début, il ne la connaît pas. Mais dès le début il y a un mystère : pourquoi ce royaume ? Et ça je ne le dis pas, je ne le dis que dans les cinq dernières pages. Après il se passe plein de petites aventures. Je comparais ça un peu aux Feux de l’amour à une époque : on suit plein de personnages, c’est une tranche de vie dans un royaume imaginaire, un monde un peu farfelu. Les intrigues, il y en a plusieurs, il n’y en a pas une énorme, mais il y a plusieurs histoires.

ActuSF : Il reste cependant encore plein de choses à explorer dans cet univers, notamment sur l’extérieur, par exemple avec ces éphémères dont finalement on ne sait pas grand-chose. Est-ce que vous êtes tenté, plus tard, de revenir à cet univers pour créer d’autres albums, ou explorer d’autres pistes ?
Turf : En fait l’univers extérieur, je n’avais pas prévu dans l’histoire de le traiter autant. C’est à un moment, à partir du tome 2, je me suis dit c’est sympa, ça me permet de dessiner autre chose. Je n’aurais peut-être pas dû, c’est peut-être un de mes regrets, en parler autant. Les éphémères, c’est vrai, là c’est par manque de place et parce que certains journalistes ont trouvé que l’histoire n’avançait pas, j’ai éliminé, j’ai fait beaucoup d’ellipses dans ce bouquin. Et c’est au lecteur de ce débrouiller un petit peu aussi, de faire quelques efforts, pas que moi !

La Nef des fous T6ActuSF : En revanche, vous explorez votre univers ailleurs que dans les BD en elles-mêmes. Vous avez créé plein d’ex-libris, d’affiches, des albums avec des cartes à collectionner… C’est un plaisir pour vous d’étendre ce monde à l’extérieur du cadre de la BD ?
Turf : Oui, en fait ça part tout azimut, on me propose de faire une étiquette de vin, je vais faire une étiquette de vin avec mon personnage dessus. On me dit une boîte de camembert, pourquoi pas, je n’en ai jamais fait. Tant que c’est nouveau, ça m’amuse en fait. Là pour ma carte de vœu, j’ai fait un jeu de dominos, je n’en avais jamais fait, un jeu de l’oie j’en ai déjà fait aussi… Voilà, c’est des petites expériences, pour me sortir un peu de la routine. Justement, tous ces petits boulots à côté nourrissent énormément La Nef la série, et c’est ce qui a donné justement la qualité entre guillemets de mon travail. Je veux tellement chercher ailleurs que dans la BD même, que je finis par trouver des trucs que les autres auteurs de BD ne trouvent pas forcément.

ActuSF : Parlons un petit peu technique maintenant. Je trouve que vous avez un trait particulièrement net et soigné, mais qui garde quand même un aspect fantaisiste. De quelle façon travaillez-vous, et combien de temps ça vous prend pour réaliser une planche ?
Turf : Normalement je devrais faire quatre pages par mois. J’en fais trois et demi. Il m’est arrivé de travailler deux heures sur une page parce qu’il y a une toute petite case, comme un mois et demi pour une planche. C’est difficilement quantifiable. Comment je travaille ? Sur du papier, technique à l’ancienne, avec un crayon d’abord, des crayonnés que je fais à part, que je reporte après sur ma feuille. Encrage au rotring. J’ai déjà essayé à la plume, au pinceau, j’ai eu pas mal d’accidents, donc j’en suis venu au rotring. Et mise en couleur à l’encre. Mise en couleur à l’encre, ça veut dire que soit l’erreur que je fais au dessin, au trait noir, je la laisse, soit je refais la case complète. Il y a aussi des collages, j’ai collé du bois, des pâtes alimentaires, des ampoules, des feuilles d’arbre, j’en oublie… Toutes sortes de choses, tout ce que je peux coller en fait. Mais ça doit rester de façon narrative, ce n’est pas pour dire « regardez, je sais faire des collages », ça m’amuse et il faut que ça rentre dans l’histoire, en fait. Qu’est-ce que j’ai fait encore ? Des mises en page farfelues. Ma technique, c’est essayer plein de trucs régulièrement, changer, voir mon travail sous un autre jour à chaque fois, changer d’angle. Ne jamais faire la même chose, ça m’ennuie. Il m’arrive d’être obligé de faire deux pages qui se passent au même endroit, et ça c’est laborieux, c’est horrible, il faut que ça passe vite !

La Nef des fous T7ActuSF : Je pensais particulièrement aux planches qui représentent les rêves, avec un graphisme particulier, avec des tons plus pastel, des perspectives déformées. Vous semblez accorder une grande place au rêve dans vos histoires ?
Turf : La Nef, à la base, c’était une histoire complètement onirique. Je me suis dit que ce serait bien de faire rêver des personnages qui sont déjà dans un monde complètement barré. Alors quelle technique employer à ce moment-là ? J’ai essayé avec de la gouache, et changé le dessin, prendre un dessin plus naïf, un dessin d’enfant, le tartiner à la gouache, plusieurs couches de gouache sèche, et après refaire un encrage oblique, parce qu’il n’y avait plus que ça pour écrire sur de la gouache. Oui, j’avais une autre écriture, en fait, un deuxième Turf. Je trouverai d’autres techniques pour d’autres séries, pour ne pas faire toujours la même chose.

ActuSF : Et vous n’avez jamais cédé à l’appel de l’informatique ?
Turf : Quelle horreur ! Si, dernièrement, pour un tirage luxe, j’ai retrouvé des vieilles pages que j’avais démontées, donc je les remonte grâce à l’informatique, je reconstitue des bouts de dessins manquants, donc c’est bien pratique. Mais ce n’est qu’un outil en plus, il me sert beaucoup en tant que photocopieuse : j’agrandis, je réduis, je déforme un dessin… Mais c’est trop facile, moi j’aime la difficulté, j’aime prendre une page blanche et dire, je vais faire un ciel comme personne n’a jamais fait, ou des gouttes d’eau qui tombent par terre, ou une perspective… et je vais essayer de le faire avec mes doigts, et il n’y aura que moi qui vais faire ce dessin-là. En informatique, il y en a un qui trouve quelque chose, et les vingt-cinq autres qui suivent vont faire la même chose… bon. Mais il y a de bons coloristes aussi, en informatique !

GribouillisActuSF : Avant de terminer l’interview, j’aimerais évoquer une autre part de votre travail, un autre album, qui était un ovni quand il a paru en 2003 chez Delcourt, Gribouillis. Je raconte rapidement : c’est un album en noir et blanc où l’on voit naître un animal à partir d’un gribouillis griffonné sur une page blanche, et qui se balade dans les pages d’un catalogue, où il va rencontrer des personnages tous plus bizarres les uns que les autres. D’où vous est venue cette idée, et est-ce que ça a été facile à imposer, parce que ce n’était pas forcément évident ?
Turf : Gribouillis, en fait, j’étais en train de faire le projet de couverture du Petit Roy, et je me suis dit, quand j’étais tout petit, je faisais des caniches en faisant des gribouillis. Et j’ai essayé de refaire un caniche… et malheureusement je ne suis pas arrivé à faire aussi bien que quand j’étais petit ! Ca a donné Gribouillis, une sorte de chien un peu bizarre. J’ai trouvé ça pas mal, finalement, comme personnage. Il ne ressemblait en rien à celui qu’on a dans l’album, mais il y avait quelque chose d’intéressant. Après, j’ai mélangé ça avec une autre envie que j’avais, c’était de faire une histoire avec des fantômes. De là est venue l’idée de faire évoluer ce gribouillis sur un bout de papier, puis après sur un catalogue. C’est ma meilleure histoire, je pense, mais c’est mon plus gros bide en BD ! Il n’a pas marché, les critiques ne l’ont même pas vu, tout le monde s’en foutait, et c’est mon gros regret, parce que moi j’avais pris beaucoup de plaisir, et surtout j’avais une suite à cette histoire. Mais un jour je la ferai, quand je serai bien riche, je m’offrirai une année pour faire mon gribouillis ! Non, c’est dommage. Il y a quelqu’un une fois qui était venu voir en dédicace, il avait acheté un tirage luxe de La Nef, avec lequel j’avais collé Gribouillis, les gens étaient obligés d’acheter les deux bouquins en même temps ! Et il me dit : « ah je suis bête, je l’avais boudé votre Gribouillis, je ne l’avais pas lu, mais quand j’ai acheté le coffret, je l’ai lu, je me suis régalé ». J’aimerais que les gens fassent l’effort de le lire. C’est du noir et blanc, j’avais éliminé tout ce que je savais faire, j’avais enlevé les décors et la couleur, je m’étais dit, je vais essayer de séduire les gens rien qu’avec mon histoire. Eh bien, ça n’a pas marché ! Il faut que je continue à faire de la couleur ! Donc si un jour il y a un deuxième Gribouillis, il sera peut-être en couleur.

ActuSF : Maintenant que votre grand œuvre, La Nef des fous, est achevé, quels sont vos projets ?
Turf : La retraite… une retraite méritée ! Non, j’ai un projet d’album qui devrait s’appeler Sex shop, et ce serait l’histoire d’un sex shop ambulant qui s’installe sur une place de marché et qui fout le bazar dans le village. Voilà, en quelques mots.

ActuSF : Vous travaillez déjà dessus, vous avez une date prévue pour la sortie ?
Turf : Pour l’instant il n’y a rien de fait, à part deux/trois dialogues que j’ai notés, parce qu’en fait c’est une vieille idée qui a déjà quatre ans, mais je m’étais dit, je vais la mettre de côté, il fallait d’abord finir La Nef pour les lecteurs qui attendent depuis 1993. Non, je m’y mets d’ici une dizaine de jours, dès que j’ai fini ce fameux tirage luxe qui me prend du temps.

Le Petit RoyActuSF : Pour terminer, permettez-moi deux questions un petit peu moins sérieuses, pour revenir à La Nef des fous. J’aimerais savoir ce que vous on fait les Schtroumfs pour que vous les maltraitiez comme ça dans vos albums, parce qu’ils sont présentés comme des espèces d’êtres dégénérés qui se font dézinguer à chaque occasion !
Turf : Moi j’ai adoré les Schtroumfs étant gamin, à 6, 7, 8 ans. Il y avait des petites figurines en caoutchouc qui traînaient dans la cour d’école, j’en avais trois ou quatre moi aussi, et j’aurais vraiment aimé que cet univers existe réellement. Et donc, il me fallait des monstres pour faire peur à mes monstres, et donc voilà, j’ai pris le contre-pied. Et ça me permettait d’en dessiner dans ma propre histoire, comme ça moi aussi j’ai des pages avec des Schtroumpfs !

ActuSF : Et côté vestimentaire, vous êtes plutôt pois ou rayures ?
Turf : Ni l’un ni l’autre ! C’est plutôt kitsch, on va dire. Non, je suis plutôt sobre, t-shirt noir, pantalon noir. Par contre à dessiner c’est ultra pénible, le noir est très dur à faire. C’est plus facile de faire des pois et des rayures.

ActuSF : Merci beaucoup Turf, félicitations pour votre série, et bonne chance pour la suite !

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