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Petite Beauté

Anthony Browne ( Auteur), Elisabeth Duval (Traducteur)
Langue d'origine : Anglais UK
Aux éditions : 
Date de parution : 31/01/2009  -  jeunesse
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Petite Beauté

À l’occasion des vingt ans des éditions Kaléidoscope, Isabel Finkenstaedt publie un nouvel album d’Anthony Browne et diffuse gratuitement un petit recueil biographique sur l’auteur (Anthony Browne). Paru en septembre 2008 en Angleterre, où il a déjà rencontré un certain succès, Petite Beauté est dans la droite ligne des productions de l’illustrateur anglais. On retrouve les ingrédients qui ont fait sa renommée : gorille, zoo, tristesse, sensibilité, humour.

Cette fois-ci, ce n’est plus le petit chimpanzé Marcel qui se sent seul parmi les gorilles, mais bien un gorille, enfermé et prisonnier des hommes, qui supporte mal sa solitude. Heureusement, ses gardiens sont bienveillants. Mais en lui confiant un petit animal, ils prennent un risque. Celui que court le magasin de porcelaine à l’entrée de l’éléphant.

Il était une fois un gorille bien esseulé

Il était une fois un gorille enfermé dans son appartement à qui l’on avait enseigné la langue des signes. Il ne manquait de rien, mais il était triste. Il voulait un ami. Il en fit signe à ses gardiens qui lui présentèrent une petite chatte qui s’appelait Beauté. Le gorille promit de ne pas la manger et ils furent heureux ensemble.

Jusqu’au jour où le gorille s’énerva en regardant King Kong et détruisit la télé…

Une histoire presque vraie

D’un format large, intermédiaire entre celui de ses albums phares (la série des Marcel) et son Histoire à quatre voix, l’ouvrage est moins coloré que d’habitude. Les pages, sur fond blanc, sont de la couleur du gorille, dont le pelage varie sans cesse (du marron foncé au marron clair, en passant par du blanc crayonné, du gris). Le récit étant centré sur ses sentiments, le gorille occupe une bonne partie de l’espace, ce qui accentue le contraste avec la petite taille du chat. Le chat paraît vraiment fragile, mais plus on avance dans l’album, plus le chaton prend de l’importance.

Dans le recueil qui lui est consacré (lire ici), Anthony Browne confie volontiers que ce récit est basé sur une histoire vraie. L’histoire d’une gorille qui avait appris la langue des signes dans un zoo de Californie. Capable de communiquer avec ses gardiens, elle accusa, par plaisanterie, un gardien d’avoir descellé la bassine d’une cage. Un chaton (Petite Beauté) avait été confié à cette gorille femelle. Elle était d’une grande douceur avec ce petit chat, mais un jour, elle l’écrasa dans son sommeil et en ressentit une grande tristesse (« des chats et des gorilles » au pays de « des souris et des hommes »). Anthony Browne a transformé l’histoire. Le gorille est un mâle et le chaton n’est pas écrasé. Tout se termine bien.

Ce récit n’est d’ailleurs pas sans rappeler l’épisode où l’auteur fut enfermé dans la cage d’un gorille pour une interview télévisée. Il s’en tira de justesse avec une profonde morsure après un accès de colère incontrôlée de l’animal. Cette morsure a manifestement laissé des traces…

Sur un plan symbolique, Anthony Browne n’hésite pas à rappeler que le gorille représente pour lui l’image du père. Cette fois, l’auteur n’est plus le petit chimpanzé perdu parmi des gorilles hostiles, mais le chaton chétif dans les pattes d'un gorille bien intentionné, mais inconstant et maladroit. La pirouette finale marque une revanche œdipienne dérisoire (et non résolue), source inévitable de rire chez l’adulte, mais surtout chez l’enfant.

Car la fin est comique. Le contraste entre la violence du gorille, la colère des gardiens et l’attitude du chaton font rire les plus jeunes. Ils en redemandent. Ils vous pousseront certainement à lire plusieurs fois les dernières pages, juste pour l’image inattendue et l’effet burlesque de la fin.

Encore un album réussi, d’une « écrasante sensibilité », pour l’un des maîtres de la littérature pour enfants.

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