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ITW Mélanie Turpyn
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ITW Mélanie Turpyn

Actusf : Tout d'abord, parlez-nous de votre parcours ? Quel est-il avant ce poste de  directrice de collection ?
Mélanie Turpyn
: Après des études de Métiers du Livre et de Management (et quelques stages aux éditions Delcourt !), j’ai commencé au Lanfeust Mag en tant que secrétaire de rédaction au Studio Gottferdom à Aix-en-Provence, puis j’ai rejoint le service éditorial des éditions Soleil. Cette idée de collection me trottait déjà dans la tête depuis un moment, et lorsque que j’ai décidé de revenir à Aix pour me lancer dans l’écriture de scénarios, Mourad Boudjellal m’a donné carte blanche pour développer cette collection en parallèle.

Actusf : Comment est née l'idée de Cherche Futur et quelle est sa ligne éditoriale ?  Pourquoi s'intéresser à de grands cycles en littérature de science fiction  et de fantasy ?
Mélanie Turpyn : 
Depuis toute petite, j’ai toujours été fana de littérature de SF et de Fantasy tous azimuts. J’ai évidemment découvert à l’école les classiques Wells, Verne, Bradbury, Poe et Lovecraft qui ont fasciné mes jeunes années… Et qui de fil en aiguille m’ont amenée à me tourner vers Jack Vance, Philip K. Dick, Asimov, Herbert... J’ai voué une adoration à King, découvert le Jeu de Rôle avec Tolkien, Moorcok et Howard… Bref, c’est un genre qui m’est plus que familier. Jeune ado, j’ai découvert en BD La Guerre Éternelle d’Haldeman et Marvano qui m’a marquée avec une force que peu d’albums ont ne serait-ce qu’approché en SF, bien avant que je sache que c’était une adaptation de roman… Peut-être était-ce la première pierre du cheminement qui m’a conduite à développer la collection Cherche Futurs… ?

Actusf : Comment se font le choix des séries à adapter en BD ?
Mélanie Turpyn :
Aux coups de cœur, à l’envie… les miens et ceux des scénaristes et/ou dessinateurs qui me proposent des projets. Ensuite c’est la faisabilité en terme de contrat. Les demandes des ayant droits de ces grands auteurs ne sont pas toujours réalistes pour le marché de la BD !…

Actusf : Pourquoi avoir choisi pour commencer Majipoor et L'Assassin Royal ? Quelles étaient leurs qualité ?
Mélanie Turpyn : L’Assassin Royal
est une série qui me tenait tout particulièrement à cœur. Je l’ai découverte sur le tard mais comme pour beaucoup de lecteurs il me semble, elle s’est révélée parfaitement addictive ! La trame est simple, le personnage principal attachant et c’est une saga qui fait encore parler d’elle régulièrement grâce aux nouveautés, en plus de connaître un très grand succès public. Il fallait en outre une série forte pour lancer la collection, et Robin Hobb s’est montrée très ouverte et même plus : parfaitement adorable ! Bref, les conditions idéales pour en faire notre série fer de lance… La seconde à paraître aurait dû être Les Princes d’Ambre de Zelazny mais nous avons pris du retard sur ce projet qui a finalement redémarré avec une nouvelle équipe, et dont le tome 1 sortira en janvier prochain. C’est donc Majipoor qui prend la deuxième place dans l’ordre des sorties. Ça n’était pas une série que je connaissais très bien à l’origine car pour être honnête, elle m’a été recommandée par Arleston qui s’était proposé pour en assurer l’adaptation quand je lui ai parlé du lancement de cette collection… et qui m’a finalement vilement laissé tomber sur ce coup là ;-) Je me suis donc mise en quête d’un autre scénariste pour l’adapter… Je connaissais le travail d’Olivier Jouvray pour lequel j’ai une grande estime. Je trouve qu’il n’a pas son pareil pour faire passer des émotions d’une grande subtilité dans le fil de ses histoires. Il me semblait que c’était exactement ce qu’il fallait à l’univers de Silverberg en général, et Majipoor en particulier. Honnêtement quand je vois ce tome 1, je sais que je ne me suis pas trompée.

Actusf : Ce sont de grosses séries en littérature. Avez-vous adopté des règles pour  les scénariser pour la bande dessinée ? Les scénaristes ont-ils des  consignes ?
Mélanie Turpyn :
Non, aucune consigne de départ si ce n’est de respecter l’œuvre de l’auteur. Ce ne sont pas des albums « librement inspirés de » mais de véritables adaptations. Cela dit, le format impose de fait des choix narratifs en plus de graphiques, et les coupes sont inévitables. De même qu’au cinéma, où il faut réussir à faire passer 600, 800 ou 1000 pages en 1h30, il nous faut rester cohérents tout en synthétisant une histoire qui se déroule parfois sur 14 volumes ou plus, et ce en un nombre raisonnable de planches. On ne peut pas se permettre de se lancer dans une adaptation en 20 albums, les lecteurs se lasseraient et pour tout dire, les auteurs aussi ! On part donc sur des cycles courts qui peuvent s’envisager en séries de trois ou quatre albums à chaque fois. Si le succès est au rendez-vous, la porte reste ouverte pour une suite, et sinon, le lecteur n’est pas frustré par un arrêt brutal laissant l’histoire inachevée. Après tout, chaque adaptation est une aventure et comme dans toute aventure, on peut parfois faire fausse route…

Actusf : Comment s'est fait le choix des dessinateurs ?
Mélanie Turpyn : En général je laisse le choix au scénariste de décider avec qui il veut travailler, mais il est évident que c’est avant tout une collaboration. Le plus souvent on en discute ensemble, on évoque des styles graphiques qui nous sembleraient cohérents par rapport à l’univers et on se met en quête chacun de son côté. Mais naturellement, il faut que Mourad Boudjellal soit au final d’accord avec notre choix et ça, c’est une autre affaire ! ;-p

Actusf : Quels sont les premiers retours des lecteurs, voire des auteurs ? Je crois  que Robin Hobb est ravie de l'Assassin Royal en BD.
Mélanie Turpyn :
Comme je l’ai dit plus haut, Robin Hobb a été tout à fait enthousiaste quant au travail de Jean-Charles et Laurent. Elle nous a soutenus d’un bout à l’autre du projet et continue encore aujourd’hui. C’est vraiment quelqu’un de compréhensif quant aux difficultés inhérentes à ce type d’exercice, et notamment en termes de choix et de partis pris. Je dirige hors collection une autre adaptation : L’Évangile selon Satan de Patrick Graham (adapté par Antoine Maurel et David Cerqueira), où là aussi, nous avons le total soutien de l’auteur. C’est important et motivant pour tout le monde ! Quant aux lecteurs, nous avons les deux cas de figure, les enthousiastes et les détracteurs, comme il fallait s’y attendre. Toucher aux séries cultes et aux imaginaires des fans n’est jamais un exercice consensuel… Si j’avais été convaincue de plaire à tout le monde en lançant cette collection, il m’aurait fallu arrêter d’urgence les pilules bleues !

Actusf : Quels sont vos prochains titres dans la collection ?
Mélanie Turpyn :
Le prochain titre sera Vorkosigan, l’apprentissage du Guerrier de Lois McMaster Bujold, adapté par Dominique Latil et José Maria Beroy. Il sera pré publié dans Lanfeust Mag à partir du numéro de juin. En septembre, ça sera au tour de Dumarest, l’Aventurier des étoiles, de E.C. Tubb, adapté par Richard D. Nolane et Chrys Millien. Puis viendront Les Princes d’Ambre de Zelazny en janvier 2010, adapté par Nicolas Jarry et Benoît Dellac. Et bien sûr les suites de L’Assassin Royal et de Majipoor, en plus de nouveaux projets…

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