Tarzan, le seigneur de la jungle au Quai Branly

Partez à la découverte du seigneur de la jungle, mythique héros élevé par une guenon : Tarzan est au musée des arts premiers du Quai Branly depuis le 26 juin et jusqu'au 29 septembre. Pour présenter l'évolution de ce personnage unique (?) de la littérature américaine, le commissaire Roger Boulay, organisateur de Tarzan, ou Rousseau chez les Waziri a pris le parti de raconter une histoire de manière chronologique. « Plus que cela, il s'agit de faire partager au visiteur tout l'imaginaire de Bourroughs. De faire découvrir cette Afrique fantasmée, territoire sur lequel il (Bourroughs) n'aura jamais posé le pied. » Ce n'est pas un hasard si c'est au Quai Branly, musée des Arts Premiers, qu'a lieu l'expo. « Ce sont eux qui m'ont appelé, explique Roger Boulay. L'idée est de confronter les mythologies occidentales à celles de l'Afrique, d'Asie, d'Océanie et d'Amérique Latine. Pour une première, Tarzan se prête à merveille à cet exercice ».

Mais qui est Tarzan ? Il est difficile de répondre à cette question tant le roi de la jungle a été maltraité durant le vingtième siècle. C'est ce que l'on découvre au fur et à mesure que se déroule la visite. « A ses débuts Tarzan était atypique dans l'univers de la fiction et servira de modèle ». Burroughs développe un merchandising encore jamais vu jusque là : livres, jouets, bd, films. Tarzan ouvre une brèche qu'emprunteront tout les héros américains de Batman à Superman . Le premier roman. Tarzan of the Apes paraît aux États-Unis en 1912. L'on y découvre un héros intelligent et rusé qui défend la nature contre l'homme blanc. Le succès en librairie est immédiat. Rapidement des suites sont éditées et dés 1918 « le singe blanc » se voit adapter au cinéma.

« Moi Tarzan, toi Jane »

Une adaptation qui fera prendre un virage à 180° au personnage de Bourroughs. C'est là partir de ce moment que les choses se gâtent pour le blondinet à pagne de guépard. E.R.B négocie très mal les droits d'adaptation pour le cinéma. Résultat :le Tarzan de Tarzan of the Apes n'est plus que l'ombre de lui-même. Le film, muet à l'époque, présente un héros bêta très loin de celui décrit dans les livres. Mais le succès est au rendez-vous, et Tarzan devient une idole planétaire. En France, le film sort deux ans avant la publication du roman. « Il est précédé par son succès » explique Roger Boulay.

Durant un siècle, presque 50 adaptations suivront ... of the Apes, pour la plupart de la même qualité, popularisant la célèbre réplique : « Moi Tarzan, toi Jane », ou encore introduisant la guenon Cheeta, grande absente des romans de Bourroughs. Parmi les interprètes de l'homme singe, deux se sont pourtant démarqués des autres.

 Pour beaucoup de fans, l'incarnation du seigneur de la jungle restera Johny Weissmuller, qui introduisit le célèbre cri de guerre tarzanien. Son succès fut tel qu'il interpréta pas moins de douze fois Tarzan entre 1932 et 1948. Un record, qui restera probablement inégalé. Paradoxalement, il incarne également la dénaturation du héros, décrit comme un attardé.

Il faudra attendre 1984 pour voir, enfin, une adaptation fidèle de Tarzan au cinéma. Greystoke, la légende de Tarzan revient sur les origines du mythe, encore jamais fait jusque là. Le réalisateur anglais, Hugh Hudson met en scène un Christophe Lambert époustouflant, qui signe là sa meilleure prestation. Plus sombre que ces prédécesseurs, Le Tarzan qui y est décrit est bien plus proche de celui des romans.

Enfin, l'on ne peut parler de Tarzan sans ne serait-ce qu'évoquer l'immense oeuvre bd de la saga. Se sont des milliers de comics (bd américaine) qui illustrent les aventures de l'Homme Singe. Une large part leur est consacré au Quai Branly.

Bref, une exposition qui vaut le coup d'oeil et qui, bien qu'un peu courte, devrait ravir petits et grands.

Jérôme Corbin

Tarzan, ou Rousseau chez les Waziri
 Du 16 juin au 29 septembre
Musée du Quai Branly
fermé le lundi
tarifs : billet collection : 8,50 euros (plateau des collections et mezzanines)
billet 1 jour au musée (accès à l'ensemble des expositions): 10 ou 7 euros