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Le Sortilège de Loxullio

Christophe Arleston (Scénariste), Alberto Varanda (Dessinateur), Nolwenn Lebreton (Coloriste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 28/02/2005  -  bd
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Le Sortilège de Loxullio

Rappelez-vous: Varanda, c’est LE dessinateur adulé de toute une génération de lecteurs fans de Bloodline, La Geste des chevaliers-dragons ou Paradis perdu. L’homme au trait acerbe et aux encrages de folie. C’est aussi le spécialiste des départs précipités à la fin du premier tome. Ainsi, après son renoncement à poursuivre Paradis Perdu, on avait presque excusé le Monsieur, en entendant dire qu’il préparait quelque chose avec Arleston, le papa de Lanfeust, des Maîtres Cartographes, des Feux d’Askell ou du Chant d’Excalibur! De quoi nourrir de vives espérances. Eh bien le bébé est né, et il se nomme Elixirs (Arghh la typo…)! Dans ce premier tome, Le Sortilège de Loxullio, le néant vient tutoyer la réalité… Tout un programme.

Les vernis de réalité préservent le monde d’Amphel

L’université de Magie d’Amporche accueille une nouvelle étudiante: la princesse Murmillia, dont le galbe des formes a tôt fait de conquérir un certain Tolriq, le beau gosse de la promotion. Un beau gosse qui fait preuve d’une assiduité des plus réduites aux cours censés lui apprendre l’utilisation des élixirs des vernis de réalité, qui permettent de retarder la désagrégation naturelle de la réalité dans le monde d’Amphel. Pourtant, les cours du vénérable Loxullio lui auraient sans doute été plus profitables que ses galipettes pour faire face au danger qui menace le monde: l’invasion par des créatures issues d’une autre dimension, et bien décidées à prendre le contrôle de celle-ci.

Catapulté protecteur de la princesse Murmillia par les pontes de son école, Tolriq va prendre sa tâche très à cœur en serrant de près la belle. Tentative de séduction infructueuse: outre le sale caractère de la princesse, Tolriq devra aussi s’accommoder de la présence de la redoutable Faude, guerrière au service de sa majesté. Sans compter que même Alg, le glupion, semble mieux disposé envers la magie que notre soi-disant héros. A travers les portes dimensionnelles du palais ubiquiste, la petite troupe va tenter de regagner la civilisation…

"Mille pucelles enrobées"

Bon… Eh bien, même si cela me coûte de le reconnaître, ce n’est vraiment pas très bon. Dès la couverture, j’avais été saisi par une irrépressible crainte, et mon sentiment n’a fait que s’affirmer au fil des pages de ce Sortilège de Loxullio.

D’un point de vue scénaristique, on se vautre dans le lit de la lanfeustmania: de l’heroïc-fantasy aux ressorts plus humoristiques que romanesques. Sauf qu’ici, la part de l’humour prend rapidement l’eau: le machisme du bellâtre Tolriq le disputant aux caprices de la princesse ne sont presque jamais drôles, à peine cocasses. Ne reste plus que la part romanesque de l’histoire, et là c’est franchement congru, l’originalité de l’histoire frôlant le zéro absolu (ah! le glupion…). Disons qu’Arleston fait du Arleston. Quant à juger s’il le fait bien…

Mais là où le bât blesse réellement, c’est quand on s’attaque au graphisme. Les couleurs sont affreuses et l’utilisation des effets de lumière numériques catastrophique, mais cela passerait encore s’il n’était le dessin.
Le trait de Varanda tape bien au-dessous de ses prétentions habituelles: entre une princesse de taille aléatoire (qui perd même son cou dans une case de la page 24!), et un Tolriq dont le visage est totalement inconstant. Seule demeure Faude, la garde du corps de la princesse, sans doute la seule à avoir dignement hérité de La Geste des chevaliers-dragons. Quelques monstres bien typés et le décor de la planche 28 (même si la géométrie d’Escher a déjà largement été exploitée par Crisse) viennent heureusement nous rappeler ce que Varanda sait faire. Mais la rareté de ces effets les fait presque sonner faux dans l’univers plutôt dessin animé d’Elixirs. Certains se plaignent de la surabondance, je trouve au contraire que l’absence locale de background rend certaines cases à la limite de la caricature manga. Quant aux encrages, LA force naturelle de Varanda, on les oublie tant ils sont fins et masqués par un emploi insoutenable des couleurs numériques (: tant qu’à sauver cette série, achetez plutôt la version 2B).
Alors quoi Monsieur Varanda? On se mettrait à faire du dessin de seconde gamme pour donner une chance aux suiveurs de prendre la relève? On a vraiment l’impression que le dessinateur a renié sa personnalité pour rentrer dans le rang d’une certaine tendance "lisse et sans bavure" par trop érigée en pensée unique dans le catalogue Soleil depuis quelques années… Une tentative où son talent n’avait rien à gagner. A tel point que pour la première fois, je ne souhaiterai qu’une chose à Varanda: qu’à l’instar de ses précédentes BD, largement au-dessus de celle-ci, il jette l’éponge au plus vite.

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