Alors qu'il ne reste que 10 jours pour soutenir la monographie exceptionnelle sur Philip K. Dick, les éditions ActuSF continuent de dévoiler quelques extraits.
Ce troisième extrait est plus court mais a pour particularité d'être totalement inédit !
En effet, c'est Tessa Dick, ex-femme de l'écrivain, qui participe aussi à cet ouvrage complet, qui révèle cette fois des traits de la personnalité de Dick dans "Le Terne Reflet de Philip K. Dick".
Mon mari se rappelait avoir vécu dans un monde où Bobby Kennedy avait été élu président à la place de Richard Nixon. Il en était arrivé à croire que le monde dans lequel Kennedy était encore vivant était le monde réel, et que notre monde n’était qu’une illusion. Une puissante agence avait changé le cours de l’histoire. Il se rappelait que lorsque Bobby Kennedy était président, nous étions sortis du Vietnam, mais uniquement pour nous retrouver dans une guerre sanglante en Amérique du Sud ayant mené à un conflit nucléaire avec l’Union soviétique.
Un autre extrait avec la petite interview d'Olivier Noël. Critique, blogueur, auteur (sous le pseudonyme de Thomas Becker), anthologiste, entre autres, il signe, dans Philip K. Dick : simulacres et illusions, l'article "Fragments sur l'idiot cosmique" qui s'intéresse à un gros morceau de la bibliographie de l'auteur : la Trilogie divine.
Au commencement : la rencontre
J'ai probablement entendu parler de Philip K. Dick pour la première fois à propos de Scanners et Videodrome – pourtant réalisés à une époque où Cronenberg n'avait jamais lu le moindre texte de Dick (Burroughs et Nabokov ont toujours été ses influences littéraires majeures). On lui proposera plus tard de travailler sur Total Recall, avant que le projet ne lui soit retiré, son scénario ayant été jugé beaucoup trop... dickien par des producteurs qui attendaient de trépidantes aventures martiennes, pas un labyrinthe narratif (que finira par réaliser Cronenberg en 1999, avec le film le plus dickien de l'histoire du cinéma, eXistenZ). Puis j'ai lu Le Temps désarticulé. Réalité truquée, paranoïa, pouvoir du langage : je découvrais un univers qui semble ne m'avoir jamais quitté depuis.
Pour toi, Philip K. Dick c'est... ?
Les mondes virtuels existaient déjà en science-fiction. Avec Dick, ça confine à la philosophie pure : le monde qui nous entoure n'est peut-être qu'un faux, le rêve d'un dormeur ou le fantasme d'un dieu capricieux – et le Réel n'est jamais que l'émanation de notre perception subjective de ce qui nous entoure. C'est une Révélation dont ses livres essaient de tirer toutes les conséquences.
Participer à la monographie :
Dick était un gnostique, c'est-à-dire qu'il voyait notre monde comme une illusion, un voile obscur jeté sur le vrai monde, dont un aperçu lui aurait été donné au cours d'un événement particulier. Il considérait notre réalité consensuelle comme un livre dont chaque lecteur n'aurait reçu qu'une version absolument unique. C'était une grande source d'angoisse pour lui. Ses romans, comme sa fameuse Exégèse, étaient des tentatives de déchirement du voile – ou de déchiffrement du code – ou d'interprétation du livre – c'est-à-dire de communion avec un Autre. Pourquoi scier les barreaux d'une prison si ce n'est pour y retrouver nos âmes sœurs ? C'est ça le vrai sujet de son œuvre : la quête de l'unité perdue. Derrière le voile, il y a Dieu, qu'on l'appelle Ubik, Palmer Eldritch ou Yahvé – mais un dieu qui quoi qu'il en soit, plutôt que de lui restituer ses morts (et en particulier sa sœur jumelle), lui aussi se dérobe ; alors il y a l'angoisse, encore. Voilà à quoi je me suis intéressé ici : à la terreur métaphysique exprimée sans fard dans ses derniers romans, et dont témoignent toutes ses cosmogonies délirantes, ainsi qu'aux stratégies d'apaisement auxquelles Dick parvient enfin dans La Transmigration de Timothy Archer.
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Vite, il ne reste que 10 jours !