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Interview Serge Lehman 2015
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Interview Serge Lehman 2015

ActuSF : Les Avengers 2 sortent en salle ce mois-ci. Les séries de super-héros se multiplient à la télévision : Daredevil, Gotham, Agents of Shield.... Est-ce un simple effet de mode ou une véritable (ré)appropriation du super-héros par le grand public ?

Serge Lehman : Peut-être un peu des deux. La mode étend au grand public mondial le plaisir des premiers fans de la Marvel, dans les années 60-70. 

ActuSF : Ce succès des super-héros est-il à mettre en lien avec celui de la culture geek en général ?

Serge Lehman : Je n’aime pas tellement ce terme. Je ne l’utilise pas. 

ActuSF : On voit également apparaitre en France des super-héros comme Vincent n'a pas d'écailles au cinéma, la série parodique Hero Corp sur le net ou Les Sentinelles de Breccia et Dorison en bandes-dessinées. Va-t-on également voir un essor des super-héros dans la création française dans les prochaines années ?

Serge Lehman : Disons que la porte est entrouverte. Il y a une dizaine d’années, « superhéros français » était un pur oxymore, une chose impossible à penser. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. On commence à voir comment on pourrait s’y prendre. 

ActuSF : Vous-même, vous êtes scénariste des BD de L'homme truqué et des Brigades chimériques co-écrites avec Fabrice Colin. Ces séries, toutes dessinées par Gess, mettent en avant des personnages français de la première moitié du XX siècle. Existait-il une tradition populaire de super-héros en France ? Et si oui, comment a-t-elle disparue ?

Serge Lehman : Il existait une tradition littéraire et cinématographique du surhomme ; c’était même l’un des thèmes centraux de la science-fiction française de l’époque. Cette tradition s’est éteinte après la deuxième guerre mondiale, quand le surhomme est devenu, en Europe, un sujet maudit pour cause de nazisme. La bande dessinée était en train de se transformer en art de masse dont les scénaristes pillaient sans le dire toute la SF ancienne mais le surhomme est le seul thème qu’elle a ignoré ou traité de manière systématiquement négative. C’est l’Histoire, c’est comme ça. 

ActuSF : Une de vos dernières séries, Masqué, dessiné par Stéphane Créty, met en avant un super-héros. En quoi vous intéressent-t-ils autant ?

Serge Lehman : C’est beau, un superhéros. C’est joyeux, c’est un symbole de conciliation. La vie est plus intéressante s’il y en a. 

ActuSF : Peut-on parler d'une spécificité de super-héros "à la française" ?

Serge Lehman : Objectivement, ils sont tous plus ou moins à la limite de l’existence. 

ActuSF : Peut-on imaginer un jour un univers Marvel ou DC "à la française", un monde commun où plusieurs séries, portées par différents scénaristes et dessinateurs, se rattachent ?

Serge Lehman : Oui, sans problème. Plus épineuse sera la connection de ce Frenchverse aux deux ou trois grandes cosmogonies mondiales, Marvel, DC, Dark Horse… Mais si la question se pose un jour, c’est que tout le reste aura été réglé. 

ActuSF : Quels œuvres (romans, BD, film..) conseilleriez-vous à ceux qui veulent s'initier à cette culture des super-héros ?

Serge Lehman : Voir Incassable, le film de Shyamalan. Lire les Watchmen de Moore et Gibbons, le Dark knight de Frank Miller, les Hellboy de Mike Mignola.  

ActuSF : Une de vos séries en cours, L'Œil de la nuit , raconte les origines du Nyctalope.  Dans vos prochains projets, allez-vous nous faire découvrir les origines d'autres personnages de la Brigade chimérique ? Ou de nouveaux super-héros ?

Serge Lehman :. Je n’en sais rien encore. 

ActuSF : Y-a-il des salons ou des festivals sur lesquels vos lecteurs pourront vous rencontrer ?

Serge Lehman : Je serai le 20 mai à Geekopolis. Pour l’instant c’est tout. 

ActuSF : Le mot de la fin : avez-vous un coup de cœur que vous voulez nous faire partager ?

Serge Lehman : Rien a voir avec les super mais je viens de lire le premier tome du Rapport de Brodeck de Manu Larcenet, d’après le roman de Philipe Claudel. Et c’est splendide. 

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