Annalee Newitz est née aux Etats-Unis en 1969. Journaliste, éditrice et romancière, Autonome (Editions Denoël 2018) est son premier roman. Il a reçu le prix Lambda Literary en 2018. Sa nouvelle When Robot and Crow Saved East St. Louis (2013) a quant à elle reçu le prix Theodore-Sturgeon 2019. Elle a également reçu le Prix Hugo du podcast amateur en 2019 et 2020 pour Our Opinions Are Correct.
Une société dystopique sous l'emprise de Big Pharma
2144, Jack Chen, une ancienne scientifique et militante anti-brevet synthétise des médicaments pirates pour vendre ses produits à bas prix aux populations incapables de s'offrir les molécules originales. Sa dernière molécule dérivée du Zacuity, une pilule ayant pour bienfait d'augmenter l'attrait au travail présente pourtant des effets secondaires inquiétants. Très addictive, elle pousse ses consommateurs à s'éreinter à la tâche jusqu'à leur dernier souffle.
Persuadée que le problème vient de la molécule originale, elle va alors renouer avec ses contacts d'autrefois pour mettre en lumière un problème issu de l'entreprise pharmaceutique et tenter de trouver un remède à ce médicament. Afin de la faire taire, un duo de choc, Eliasz et Paladin, un robot, est engagé pour la retrouver et la mettre hors d'état de nuire.
Le Robot et le Genre
Avec Autonome, Annalee Newitz signe un premier roman pour le moins captivant. Dans ce thriller surfant un poil sur de la hard science, l'autrice arrive à nous happer dans cette histoire au rythme éffréné où chaque minute compte pour mener à bien les projets des différents protagonistes.
D'une part, nous suivons Jack, cette scientifique reconvertie en "Robin des Bois des brevets" et de l'autre Eliasz et son biobot Paladin envoyés par un organisme aux pratiques douteuses pour mettre hors d'état de nuire les individus menaçants considérés comme "terroristes" pour la Fédération. Nous sommes alors confrontés à une planète subissant de plein fouet les changements climatiques et la hausse de température (toute l'intrigue se passe quasiment en arctique), elle glisse par-ci par là des allusions technologiques mais sans pour autant nous embrouiller. L'essentiel de l'intrigue se fait dans la façon dont elle dépeint son univers et des questions qu'elle pose dans ces cas de figure.
Les personnages, autant amis qu'ennemis sont plutôt attachants, même s'ils n'échappent pas à certains traits manichéens. L'ensemble se tient bien et permet ainsi à la réflexion de points pertinents comme la privatisation du vivant ou encore notre rapport au genre. Dans cette société dystopique toujours plus à la pointe en terme d'IA, les lois en vigueur sont allées tellement loin au point d'en arriver à certaines aberrations juridiques comme l'est la notion "d'asservissement" qui peut concerner aussi bien les robots que les humains. Je vous laisse ainsi imaginer les dérives que cela peut provoquer.
Sur ces 400 pages qu'on ne sent presque pas passer sur la longueur. J'ai donc pris assez de plaisir à parcourir ce roman dont certaines notions ont pu hélas faire écho à notre société actuelle.
