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Aral

Alex Darnel ( Auteur), Amar Djouad (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 30/11/2009  -  livre
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Aral

Aral est le premier roman d'Alex Darnel, auteur évolutionniste, intéressé par l'aromathérapie énergétique et les mystères hermétiques dixit le site d'Interkeltia. Rien que ça !

Le décor : une mer d'Aral à l'agonie, qui s'évapore un peu plus chaque jour, empoisonnant les villages environnants de sel. Le héros : Stéphane Steph Gautier, journaliste français, dépêché au Kazakhstan pour écrire un papier sur le drame écologique qui est en train de se dérouler. Sur son chemin, Nargiza, une belle jeune interprète dont l'intérêt pour Stéphane semble aller bien au-delà du seul plan professionnel, et un chaman fou à lier qui s'est mis en tête de faire comprendre au Français qu'il doit quitter les lieux en semant gris-gris, malédictions et symboles tortueux. Des mystères qui s'épaississent autour d'un mausolée apparu avec la décrue, lequel serait la tombe d'un guerrier légendaire, voire peut-être d'un dieu...

Raconté à la première personne, ce roman souffre, il faut malheureusement l'avouer, d'un très lourd handicap narratif. Pour ceux qui ne l'auraient pas encore remarqué, la collection ProjeXion SF a une petite marque de fabrique : elle nous livre des histoires dans lesquelles, de façon assez curieuse, les nécrologies restent vierges. Pas une seule mort à déplorer, ni chez Darnel, ni chez Jean-Michel Calvez dans Sphères, paru dernièrement. D'un certain point de vue, on pourrait remettre une médaille du mérite aux auteurs d'Interkeltia pour prendre soin de leurs personnages, d'un autre on redoute de se trouver un jour devant une histoire qui aurait mérité son lot de chair sacrifiée sur l'autel du suspense. Hélas, les craintes se confirment à la lecture d'Aral.

Aral n'est heureusement pas un mauvais livre de science-fiction. Il n'en demeure pas moins un très mauvais récit de science-fiction, et comme se plaît à le répéter Stephen King, il faut savoir raconter une histoire avant de savoir écrire une histoire. De facto, Aral évoque plus ou moins ces histoires que l'on raconte comme elles nous viennent, à mesure que l'on se souvient de tel ou tel détail. Si Aral
possède une trame narrative très correcte - et l'auteur une écriture fluide et très agréable, le récit souffre néanmoins d'un manque cruel de rythme, de structure, et je suis au regret de le dire, d'intérêt tout simplement. A commencer par le personnage principal, qui sans être totalement insipide est mu au début du roman par des préoccupations carrément grotesques (le pauvre, sa mère est une mère poule). Quand enfin sa vie est un tantinet menacée, on tombe dans le ridicule le plus total, depuis les menaces des villageois superstitieux jusqu'à celle de son patron qui menace de le virer. Ne cherchez pas un héros malgré lui angoissé et propulsé dans le récit à un rythme effréné par une terrible menace mortelle - ce n'est pas le genre de la maison.
Dommage, car le dépaysement est total, de la mer d'Aral asséchée à ce Kazakhstan fantasmagorique que nous dépeint Darnel, entre la Transylvanie draculienne et le Kosovo des heures sombres. Intéressant donc, mais insuffisant à convaincre un lecteur, à moindre raison d'Interkeltia. Mention pour la couverture de l'ouvrage, tout simplement magnifique et, à côté de celle du deuxième opus de Millecrabe, dénotant d'une volonté de l'éditeur d'assumer sur le plan visuel la qualité de ses textes : ProjeXion SF, malgré de petites erreurs de parcours, a tout de même gagné à mon opinion le difficile pari de s'adresser à un lectorat large, moins SF geek et plus curieux d'histoires à veine mystique. Reste à transformer l'essai...

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