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Arslan

Jacques Collin (Traducteur), Aurélien Police (Illustrateur de couverture), M.J. Engh ( Auteur)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 09/06/2016  -  livre
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Arslan

Une inconnue
 
Jusqu’à la parution d’Arslan, Mary Jane Engh, née en 1933, était complètement inconnue en France. Elle est pourtant l’auteur de plusieurs nouvelles et de quatre romans dont deux (Rainbow Man et surtout Arslan) ont suscité l’enthousiasme des critiques outre-Atlantique. Publié en 1976, plusieurs fois réédité, Arslan a reçu des éloges d’Orson Scott Card et de Samuel Delany (deux personnages aux antipodes l’un de l’autre) et on peut saluer le courage des éditions Denoël de proposer au lectorat français une traduction de cet ouvrage qui fit beaucoup couler d’encre et on va voir pourquoi.
 
Le conquérant et son projet
 
La petite ville de Kraftsville coule des jours paisibles lorsqu’on annonce que le président des États-Unis remet le commandement des troupes américaines  au général Arslan, un obscur dictateur asiatique (qui connait le Turkestan à Kraftsville ?). Bientôt, radio et télévision cessent d’émettre et les rumeurs les plus folles circulent. Comme tous ses concitoyens, Franklin M. Bond, directeur d’école, s’inquiète et voit arriver… Arslan et son armée. Celui-ci a décidé de s’installer dans cette petite ville, capitale d’un district de son empire mondial et y impose ses lois. Arslan s’accapare aussi le jeune Hunt Morgan, qu’il viole et dont il fait son esclave. Impuissant, Franklin Bond assiste à la mise en place d’une dictature. Arslan quitte Kraftsville après l’avoir nommé superviseur du district, avec la mission de le rendre complètement autonome vis-à-vis du monde extérieur. Bond  est cependant loin de se douter des buts d’Arslan, dictateur désireux de sauver la planète de son principal ennemi : l’humanité. Pour cela, Arslan a des solutions radicales…
 
Un roman dérangeant
 
Paru il y a  quarante ans en pleine Guerre froide, marqué par le contexte d’une Amérique déchirée par la guerre du Vietnam, Arslan est le produit d’une époque : on pourrait donc s’attendre à le trouver daté. Pourtant, le livre dérange le lecteur contemporain. Pourquoi ? À côté de la politique-fiction (qui fait froid dans le dos), on trouve tout d’abord une description assez clinique de l’emprise progressive du conquérant. D’un point de vue romanesque, Arslan commet le crime le plus horrible, le moins admis par notre société contemporaine : le viol d’un enfant. Pourtant, tout l’art de M.J Engh va être de peindre un monstre certes, qui, par petites touches, a aussi des côtés très humains. Le tour de force ici est qu’Arslan peut émouvoir. Quant au personnage de Hunt Morgan, victime sous l’emprise de son bourreau, il est passionnant. Personne n’est gris dans Arslan, roman complexe et angoissant. On n’en sort pas indemne cependant : lecteur, à toi de tenter ta chance.

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