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Arslan

Jacques Collin (Traducteur), Aurélien Police (Illustrateur de couverture), M.J. Engh ( Auteur)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 09/06/2016  -  livre
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Arslan

Inconnue du public français, M. J. Engh se fait rapidement remarquer de ses compatriotes américains par son premier livre Arslan en 1976. Il faudra attendre donc 40 ans tout juste pour que Gilles Dumay, directeur de la collection Lunes d'encre chez Denoël, nous serve ce bijou en France. Signalons que Engh a publié 3 autres romans aux USA dont aucune traduction n'a été faite à ce jour chez nous. 
 
Quel conquérant !
 
Un ancien président  mi-ouïghour mi-ouzbek devient le maître du monde. Ses hommes lui sont fidèles, et il décide, contre toute attente, d'installer son quartier général dans une toute petite ville des États-Unis. 
 
Cette décision incompréhensible ne semble néanmoins pas être le fruit du hasard. Le responsable de l'école du village se voit confier la direction des habitants de cette ville, alors qu'un jeune homme devient l'ombre de son maître après avoir été violé par celui-ci devant tous ses hommes. 
 
Ça dérange, ça refroidit, ça remue !
 
Pour mieux appréhender le livre, il faut se replacer dans le contexte historico-politique : nous sommes en 1976, les États-Unis et le Sud Viêt Nam, après un peu plus de 19 années de guerre, viennent de perdre la dernière bataille face aux forces communistes. C'est un coup dur pour le capitalisme américain. 
 
C'est dans ce contexte tendu que M. J. Engh décide de jouer son jeu : elle imagine alors le pire. Dans sa fiction, les États-Unis n'ont pas uniquement perdu une guerre, ils sont aussi occupé et envahi, par un général mi-ouïghour mi-ouzbek, un Turkestan, qui prend le contrôle du monde, et isole chacune des villes les unes des autres. Les habitants se soumettent à ce protagoniste au charisme certain, et à la brutalité bien affirmée. 
 
Ce conquérant, personnage principal de cette histoire, est vu à travers les yeux des deux narrateurs de l'histoire : Franklin Bond, le directeur d'école, qui essaye tant bien que mal de protéger la population tout en jouant le jeu d'Arslan ; et Hunt Morgan, jeune homme de 12 ans qui se fait violer par Arslan, et le suit comme son ombre en être soumis. 
 
Si psychologiquement le livre est dur, toute la force repose sur le personnage d'Arslan qui contre toute attente revêt un intérêt profond : être froid, violent, terriblement intelligent, il ne campe pas admirablement le personnage maléfique. On passe toute la durée de la lecture à jouer au jeu de l'attraction-répulsion devant l'ambiguïté de ce protagoniste, et toute sa complexité, qui prend en profondeur devant la vision des actes de ce personnage à travers nos deux protagonistes qui sont Franklin Bond et Hunt Morgan.   
 
L'écriture est particulièrement intelligente, et l'histoire bien menée. Mais Arslan n'est pas une lecture détente, au contraire, la réflexion est de mise à chaque page, et les niveaux de lecture sont nombreux pour appréhender complètement l'histoire. C'est un livre brillant, intelligent, qui n'est pas à mettre entre toutes les mains donc, mais qui mérite sa place sur les étagères de SF comme de politique-fiction. 

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