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Interview d'Hervé Thiellement
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Interview d'Hervé Thiellement

Actusf : Quel était ton apport en tant que scientifique aux Utopiales 2007 ?
Hervé Thiellement : La thématique des Utos cette année était le réchauffement climatique. Alors un généticien évolutionniste avait de quoi dire sur les risques encourus par les écosystèmes et la disparition programmée des espèces.

Actusf : En 2006 ?
Hervé Thiellement : Cette année-là on parlait de l’Union Soviétique et je m’étais proposé pour parler de Lyssenko, un horrible apparatchik prétendument généticien qui a fait beaucoup de mal à la science en URSS mais qui, bizarrement, pourrait retrouver un peu de crédibilité avec la mise en évidence récente de ce qui ressemble à de l’hérédité de caractères acquis, et qu’on appelle des « épimutations ». Mais je n’étais pas à Nantes en 2006, j’étais en train de combattre un vilain crabe nommé lymphome.

Actusf : Et en 2005 ?
Hervé Thiellement : C’était ma première fois et j’avais été invité par les organisateurs qui étaient des Suisses, en provenance de mon pays d’adoption depuis plusieurs années, depuis que j’ai été prof à l’Université de Genève. « La SF romande à la conquête du monde », tout un programme, non ?

Actusf : Chercheur et auteur, quelles ressemblances entre ces deux métiers ? Des compétences semblables ? L'imagination ? Des qualités rédactionnelles ? Quelles différences ?
Hervé Thiellement : Beaucoup de points communs, à mon avis. Quand on est chercheur on passe son temps à lire et à écrire, lire ce qu’ont fait les autres, écrire des publications pour raconter ses résultats ou des projets pour décrocher des financements. Et puis il est nécessaire d’avoir un peu d’imagination pour sortir du déjà fait et émettre des hypothèses nouvelles. L’aspect maîtrise (en tout cas relative) de la langue est également une exigence, quand vous relisez les rapports ou les thèses des plus jeunes, ou les articles des autres qu’une revue vous demande de juger.

Actusf : Dans ta vie, lequel de ces deux rôles est le plus important ?
Hervé Thiellement : Même si j’ai toujours écrit des textes d’imagination, il s’agissait de textes courts terminés en une heure. J’ai donc fait sérieusement et à temps plein (ou presque) mon métier de scientifique jusqu’à ces dernières années. Je me suis mis en Cessation Progressive d’Activités, une sorte de pré-retraite, en 2003, et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à passer du temps à essayer de raconter Le Monde de Fernando.

Actusf : Dans Le Monde de Fernando, livres I et II il est question de clonage et d'hybridation. Peut-on en conclure que tu te sers de ton savoir universitaire pour nourrir tes romans ?
Hervé Thiellement : Oui et non. C’est quand même de la SF et il y a peu de chances pour que ce que j’imagine se réalise. Mais j’essaye de raconter des choses presque crédibles ou scientifiquement pas trop farfelues. J’ai dit « pas trop », hein, parce qu’elles le sont quand même, farfelues, mes histoires.

Actusf : De quoi d'autre se nourrissent-ils ?
Hervé Thiellement : Difficile à dire. Comment définir son imagination ou son imaginaire ? Je suppose de tout ce que j’ai lu ou vu ou rêvé depuis que je suis petit (et ça fait beaucoup parce que longtemps) et que ma cervelle réinterprète à sa façon ?

Actusf : Parle-nous un peu de ces romans.
Hervé Thiellement : On peut dire « romans » mais c’est plutôt un feuilleton, avec des épisodes écrits au fil de l’inspiration. Ça commence sous terre où vit maintenant depuis des millénaires ce qui reste de l’humanité après la catastrophe nucléaire. Le « héros » s’appelle Fernando, c’est un fernand, un clone de Fernand, un soldat qui fait la guerre aux supertaupes. Mais au lieu de rester parmi les siens, les autres fernands, il se retrouve tout seul et commence à réfléchir. Il se dit qu’il irait bien voir à la surface ce qu’il s’y passe et, avec des copains et des copines d’autres clones, il finira par y parvenir. Et ce groupe d’amis va redécouvrir notre vieille planète, se lier d’amitié et d’amour avec les autres espèces pensantes qu’il va rencontrer et, etc. Je ne vais quand même pas vous raconter toute les péripéties… Disons que c’est optimiste, plein d’espoir et, j’espère, un peu drôle aussi.

Actusf : D'autres volumes sont-ils prévus dans ce même univers ?
Hervé Thiellement : Le livre troisième, Les Autres, est en cours de finition. Le premier épisode devrait être bientôt disponible gratuitement sur mon site. Ne connaissant rien au milieu de l’édition, et n’ayant aucune patience, après un an d’attente et une dizaine de refus pour non-correspondance avec la ligne éditoriale des éditeurs, j’ai édité les deux premiers livres à compte d’auteur et c’était vraiment une mauvaise idée. Pas seulement financièrement – j’ai perdu des sous mais je pouvais me le permettre – mais surtout au niveau de la crédibilité et de la réputation. C’est très très vilain de ne pas respecter la « chaîne du livre », de ne pas avoir de directeur littéraire pour vous dire comment écrire, etc.

Actusf : Un autre monde en gestation ?
Hervé Thiellement : Pas vraiment. J’aimerais changer un peu et essayer d’écrire un space opera. On verra.

Actusf : Des nouvelles ? Des poèmes ? Une BD ? Un film ?
Hervé Thiellement : Je continue à écrire des trucs courts, moitié poèmes en prose, moitié histoires courtes. Je rêve de trouver un dessinateur pour transformer Le Monde de Fernando en BD. Cela s’y prêterait bien mais je n’ai pas encore rencontré ce monsieur ou cette dame.

Actusf : Où te verra-t-on cette année ?
Hervé Thiellement : A Vendôme, j’ai été contacté à Nantes par les organisateurs, et à Nyons pour la convention nationale de SF, je m’y suis inscrit.

Actusf : Et pour toi, 2008 sera l'année de... ?
Hervé Thiellement : La révolution mondiale ? La prise de conscience que la Terre va droit dans le mur ?
http://www.noosfere.org/thiellement/

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