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La Flûte enchantée

Ruben Pellejero (Dessinateur), Jorge Zentner (Scénariste)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/10/2004  -  bd
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La Flûte enchantée

Si siffler quelques accords de La Flûte enchantée n’est pas un défi impossible à relever (notamment, il faut l’admettre, parce que la publicité a puisé sans vergogne dans les airs de cet opéra, d’une banque à une marque de riz, en passant par un fabriquant de chocolat ces dernières années), il est moins facile de résumer l’intrigue de l’opéra. En 1974, Bergman avait offert au 7ème art une adaptation magistrale de l’histoire. Trente ans plus tard, la BD se risque à son tour dans cet exercice périlleux. Mais les duettistes ont dépassé depuis longtemps le stade des gammes. Zentner, l’Argentin réfugié et le dessinateur espagnol Pellejero se rencontrent en 1981 et entament une longue collaboration : Les Mémoires de M. Griffon, la série Dieter Lumpen puis Le Silence de Malka récompensé à Angoulême en 1997 par l’Alph Art du meilleur album étranger.

« Grâce au pouvoir de la musique, nous traverserons les dangers de l’eau et du feu… »

Le prince Tamino parti à la chasse se retrouve la proie d’un gigantesque serpent. Il est sauvé in extremis par une mystérieuse intervention. Papagano un drôle de drille vêtu comme un oiseau entend s’attirer la gratitude du prince. Mais son prétendu exploit est vite démenti par trois femmes servantes de la Reine de la Nuit : elles ont terrassé le reptile et confient au prince une mission digne de son cœur courageux et valeureux. Il lui faut délivrer Pamina, la fille de la Reine de Nuit séquestrée par Sarastro. Les servantes remettent au prince une flûte enchantée et à Papagano, enrôlé malgré lui dans la quête, des clochettes magiques. Mais ces objets ne suffiront pas au triomphe de l’amour, pour que celui-ci l’emporte, les deux hommes et leurs promises respectives devront se méfier des tentations, des manipulations et des hésitations…

Pas si naïf qu’il y paraît

La naïveté du dessin peut surprendre mais il faut se souvenir que cette BD a été conçue en 1992 pour paraître dans la défunte revue Fripounet qui s’adressait aux 8-11 ans. Pas évident de transmettre à un jeune lectorat toutes les dimensions de cet opéra (notamment la symbolique maçonnique). Malgré ce, quelques planches jouent avec beaucoup de subtilité sur les ombres et les contrastes. L’avant-dernière page instaure par exemple une tension oppressante portée par les regards rouges ou étincelants des personnages maléfiques qui se détachent sur les zones de noir. Tout comme chaque interprète colore chaque rôle de sa tessiture, Pellejero a prêté à chacun des personnages une gamme de tons qui l’identifie et le différencie. Ainsi Sarastro apparaît dans une ambiance dorée tandis que Papagato entraîne des scènes bigarrées.

Double bonus

Pour approfondir la (re)découverte du dernier opéra de Mozart et considéré à ce titre comme son testament musical, l’album reproduit le livret en version bilingue dans une mise en pages très serrée, pas toujours rigoureuse et agrémentée de vignettes tirées de la BD. Deux CD accompagnent le livre pour nous donner à entendre La Flûte enchantée interprétée par l’Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction d’Herbert von Karajan en 1950.

Le choix est donné à Tamino entre trois portes quand il entame sa quête. Cet album nous offre trois manières d’appréhender cet opéra, dense mélange d’héritage féerique, de tradition maçonnique et de témoignage de son temps. Reste ensuite à chacun de nous d’en trouver les clés.

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