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Ca lui passera !

Dab's ( Auteur)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 02/03/2007  -  bd
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Ca lui passera !

Après Tu t’es vue ?, C’est pour moi !, voici Ca lui passera !. Une litanie de poncifs ironiques et bienveillants sur l'enfance et l’adolescence. Dans un esprit Titeuf, en plus familial, Dab’s, collaborateur régulier du "Tchô Mag", poursuit, avec ce troisième album,  sa dialectique des duos d'enfer parallèlement à Tony et Alberto (l'enfant let chien, chez Glénat). 

Ca décoiffe, mais ça reste en famille. Nino s'en donne à coeur joie, Rébecca déchante, mais Dab's est sur une bonne voie. On espère que ça ne lui passera pas !

 Nino versus Rébecca versus le reste du monde

Nino, c’est le petit. Rébecca, c’est la grande, enfin juste un peu plus. Nino regarde sa soeur grandir, soigner son apparence, faire du sport, s’intéresser aux garçons et Nino, avec son regard de petit garçon, trouve tout ça bien futile et surprenant. Pour Rébecca, Nino, c’est le petit naze, la petite peste, qui ne comprend rien à rien, un empêcheur d’exister en rond. Mais, bon, c’est le petit frère et il faut le ménager. Avant de s'en prendre au reste du monde.

En 22 mini-récits + 2 petits gags, Dab’s fait le tour du sujet. Tour à tour ennemis, complices, inséparables, bref frère et soeur, Nino et Rébecca jouent de mauvais tours à leurs parents et se jouent des tours pas toujours fraternels.

Mieux que d’hab'

Des gags sur l’esthétique adolescente, sur le football féminin, sur les conflits de génération, sur l’éducation sexuelle. Dab’s se centre sur les préoccupations des jeunes adolescents, à qui il s’adresse, en les plaçant devant un double regard : celui de l’enfance et celui des adultes.  Attachée à sa cellule familiale, Rébecca n’a de cesse de s’émanciper (conflit avec les parents), de sortir de sa condition d’enfant (les copines, les activités extérieures), mais Nino, le petit frère, joue la force de rappel qui la ramène à sa réalité de fille jeune et pas encore de jeune fille. En même temps, elle est un tremplin pour Nino vers la compréhension du monde des adultes. Ces croisements de trajectoires sont à la source de la plupart des gags et donnent d’autant plus de force aux récits qu’ils tiennent, pour la plupart, sur deux pages (étirées à l’aide de petites cases). Nous sommes propulsés dans un monde, certes, terre à terre, exigeant, familial et familier, mais illuminé et transfiguré par l’innocence de l’enfance et l’indulgence parentale. Il doit faire bon être un enfant dans la famille Dab’s...

Côté coup de crayon, l’indigence des visages, la forme des mâchoires et des nez sont bien dans la veine Titeuf. Le traitement graphique des jeunes enfants, des jeunes adolescents et des parents est légèrement différent (plus rond pour les premiers, plus effilé pour les seconds et plus abouti pour les adultes), ce qui accentue le contraste des points de vue. Toujours en mouvement, les formes corporelles sont souvent improbables (yeux blancs sans pupille, bras ultra-fins, arrondis des membres, tailles démesurées). Le caractère faussement approximatif du dessin, l’absence de décors à certains endroits,  contribuent à donner de la spontanéité et une teinte cartoon en dépit du format de présentation très classique (cases rectangulaires, couleurs à-plat, titres). 

Rien de révolutionnaire sur le plan graphique et sur le plan scénaristique. Il eût été intéressant d’accentuer le contraste entre les registres de vocabulaire des personnages, mais le résultat final est probant. C’est un univers multi-dimensionnel, attachant et plaisant à lire. Un univers mieux que d’hab.

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