Auteur mystérieux (au point qu’on a à un moment douté de son existence), Greg Egan s’est imposé grâce à ses nouvelles, traduites et rassemblées par Le Bélial dans trois recueils : Axiomatique, Radieux et Océanique. Il est aussi l’auteur de romans, comme Isolation, La Cité des permutants ou Zendegi où il a démontré sa maîtrise narrative tout en se rattachant à la hard science, courant de la science-fiction privilégiant des hypothèses scientifiques crédibles. Cérès et Vesta est sa première novella publiée dans la collection « Une heure-lumière » du Bélial, création éditoriale qui est une véritable réussite.

 

 

Cérès et Vesta sont deux astres de la ceinture d’astéroïdes qui ont été colonisés et qui vivent en interdépendance : l’un fournit de la roche et l’autre de la glace. Sur Vesta, un mouvement de persécution visant les descendants des Sivadier, qui ont bénéficié d’un traitement de faveur au début de la colonisation, réussit à faire voter une loi instituant un impôt supplémentaire contre eux. Ce n’est qu’un début. Il y a bientôt des violences, des lynchages. Les Sivadier tentent de répliquer mais il n’y a bientôt plus de salut que dans l’exil vers Cérès. Camille et son compagnon Olivier, comme d’autres, se font enfermer dans des cocons gelés et dérivent dans l’espace vers Cérès. Olivier est le premier à arriver et est pris en main par Anna et ses amis. Vesta ne peut cependant laisser faire et décide de réagir, ce qui va placer Anna devant un choix cornélien.

 

 

Voici une novella très réussie qui transpose dans le futur des problèmes actuels. Vesta instaure un véritable système discriminatoire qui stigmatise un groupe pour une faute soi-disant commise par leurs ancêtres, ce qui évoque bien des drames passés et peut-être à venir. Le dilemme moral posé à Anna (non, on ne spoilera pas !) est véritablement une torture pour le lecteur : quoi qu’il arrive, il y aura du dégât et des dommages collatéraux. On retrouve chez Egan une veine humaniste, déjà entrevue dans Zendegi, qui l’apparente par certains côtés à Sturgeon. Sans être un chef-d’œuvre, Cérès et Vesta séduit et fait réfléchir.