- le  

Croyez-en moi

Yoann (Dessinateur), Delph (Coloriste), Vincent Ravalec (Scénariste)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 31/03/2007  -  bd
voir l'oeuvre
Commenter

Croyez-en moi

« Croyez en Dieu, croyez en moi… Mon joug est doux et mon fardeau léger. ». De la parole de Jésus transformée en marketing politique. En pleine période électorale (présidentielles, législatives), les éditions Albin Michel croient en elles-mêmes et flairent le bon coup marketing pour vendre de la BD. Sur la couverture de Croyez-en moi, la clé du pouvoir, un petit bandeau avec Ségolène (tiens Nicolas n’y est pas !) et les trois JC (Jacques Chirac, Jésus Christ,  Jules César).  Tout ce petit monde, accompagné de Mobutu et Monica Lewinski, vient enseigner les clés du pouvoir à des hauts fonctionnaires et des hauts dirigeants d’entreprise. On s’éloigne un peu des élections françaises du moment. Pas évident au seul vu de la couverture.

Auteur de romans (Un pur moment de Rock’n Roll), de scénarios et réalisateur de films (Le cantique de la Racaille, Attirance vers le vide), Vincent Ravalec, dessinateur à ses heures, s’essaie au story-board de BD et fait appel à Yoann, illustrateur chevronné, dessinateur éclectique de Toto et l’ornithorynque, de Ninie Rezergoude, de La voleuse du père Fauteuil, qui a œuvré dans plusieurs séries : Spirou et Fantasio, Donjon Monsters, Ether Glister.

Un séminaire de haut niveau en haute mer

Si vous avez 10 à 15 000 Euros en poche et si vous êtes assoiffé de pouvoir, vous pouvez participer à une croisière-séminaire avec des enseignants de haut rang : un gourou du « power », pas moins que le Christ cloné (clin d’œil à l’essai de Didier Van Cauwelaert), les 3 JCs, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Des stagiaires ambitieux, travaillant dans le sillage de hauts personnages de l’état, viennent y suivre des cours de charisme, des leçons de vision. Mais attention, des pirates ont décidé de s’attaquer à l’élite de la nation française…

Ballottage

Une bonne idée : former les jeunes élites au pouvoir en caricaturant des recettes de communication politique enseignées, qui plus est, par des personnages célèbres pas toujours doués et convaincants. Des artifices : faire intervenir des personnages clés en les clonant (le Christ), en les holographant (Mobutu), en les mettant en scène (Jules César). Aussi, l’irruption de la campagne présidentielle avec Ségolène et Nicolas paraît plutôt incongrue et très événementielle. Si elle a pu constituer un argument de vente en avril-mai-juin, elle se justifiera assez peu par la suite, même en assimilant les deux candidats finalistes de mai 2007 à des maîtres de l’argumentation politique.

Le comique naît surtout de la naïveté des stagiaires, de la folie des animateurs. Il est agrémenté de quelques répliques amusantes. Le scénario hésite entre le séquencement d’un cours sur le pouvoir (le charisme, la vision, les tentations, etc.) et un univers chaotique orchestré par des pirates primaires, les interventions intempestives de Nicolas ou les frasques sexuelles de Monica. D’où un sentiment d’approximation et de manque de cohérence. Le choix même de la brochette de personnages célèbres paraît aussi aberrant qu’extravagant.

Les dessins témoignent de la maîtrise graphique de Yoann, mais dans un style nettement moins original et personnel que Toto et l’ornithorynque ou la voleuse du père Fauteuil. Les couleurs y sont moins élaborées. Les traits sont plutôt BD belge classique pour les personnages principaux et moins ronds, plus travaillés, plus proches de la caricature, pour les personnages célèbres. 

Une couverture aguicheuse, un titre racoleur, une BD moins formatée et plus maligne qu’il n’y paraît, mais probablement sans suite.

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?