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De l'abîme, la lumière

Sylvain Cordurié (Scénariste), Laci (Dessinateur), Axel Gonzalbo (Coloriste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 30/04/2008  -  bd
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De l'abîme, la lumière

Cette nouvelle série fantastique en trois tomes dans la collection Série B de Delcourt est signée Sylvain Cordurié pour les textes, Laci pour les dessins et Axel Gonzalbo pour les couleurs. Le scénariste, complice de Stéphane Créty dans les séries Acriboréa et Salem la noire, entame donc, après son travail sur Le Code d’Hammourabi avec Cifuentes, une collaboration avec un nouveau dessinateur, Laci. Partagé entre la SF et son goût pour le fantastique, Sylvain Cordurié a cette fois-ci choisi de ne pas choisir : Le Céleste noir est une nouvelle série fantastique qui tend vers la science fantasy, portée sur les dieux, la magie noire, les sciences occultes et les technologies les plus avancées.

Une série d’emblée intéressante par son propos et ses ambitions dans une collection où l’excellence, comme son nom est censé l’indiquer, n’est pas toujours au rendez-vous.

Satan, protecteur de l’humanité

Dans un lugubre hôpital psychiatrique américain, le magicien Ligorn a une nouvelle crise de démence. Un mystérieux personnage, Lönson, l’incarnation de Satan, vient le délivrer de ses tourments pour lui proposer un marché.

Lindsay Ergath, jeune mère au foyer et professeur émérite de langues anciennes et accessoirement de sciences occultes, informe sa nouvelle équipe d’experts de l’enjeu de leurs travaux pour la CIA : déchiffrer le livre magique « Ex abisso lumen ». Comme les pages du livre se renouvellent sans cesse et qu’aucune image ne peut en être tirée, il est fait appel à l’agent Cliff Bennett qui souffre du syndrome d’Asperger (autisme avec passion hors-norme) et qui peut mémoriser intégralement les textes qu’il visualise.

Une équipe d’archéologues parvient au sommet d’un ancien site colombien, un autel sacrificiel où se dressent les statues des serviteurs de D’vor, une divinité antédiluvienne. L’un des membres de l’équipe touche l’une des statues et un amas de tentacules surgit d’un puits en détruisant l’ensemble du site.

Les destins de ces personnages vont s’entrecroiser pour révéler aux humains la menace qui plane sur le monde : le retour des dieux anciens venus reprendre possession de la Terre. Heureusement, un allié inattendu peut leur permettre de livrer un combat qui ne soit pas trop inégal : le Céleste noir, alias Lönson.

Une série B à haut potentiel

L’idée d’un Satan qui, par la force des choses, se déciderait à venir en aide aux humains est captivante et constitue une bonne trame de départ pour le scénario. Les anciens dieux reprennent place, on ne sait pas trop où est l’anti-Satan (le Dieu unique), mais peut-être aurons-nous des éclaircissements sur la question dans les prochains tomes. L’idée d’un monde intermédiaire où auraient vécu les dieux, en prise à leurs querelles, pendant que les hommes évoluaient et prospéraient est amusante. Le déchiffrage laborieux d’un livre mystérieux à l’aide des dernières technologies est plus classique, mais c’est un moyen efficace d’enrichir l’intrigue. La jeune scientifique partagée entre ses devoirs de mère et son combat contre les forces divines est un must des séries fantastiques américaines. Les ingrédients, riches et épars, sont donc réunis pour garantir le suspense et l’intérêt de la série. Le tout fonctionne plutôt bien.

Le scénario est certes un peu tortueux. On part de plusieurs situations quasi-parallèles (Ligorn, travaux de la CIA, archéologues et adeptes de V’dor, famille de Lindsay) que l’intrigue tend à faire converger. Les clés sont détenues par le Céleste noir, être surpuissant, qui est le seul à disposer d’une vue d’ensemble et qui annonce les dangers à venir. Ce type d’approche fonctionne mieux dans un film ou une série télé que dans une bande dessinée, où la reconstruction mentale du lecteur s’expose davantage à des oublis (effort de lecture, pause sur certaines images). Heureusement, Sylvain Cordurié a du métier et le lecteur finit par ne pas trop s’égarer.

Quant au travail de Laci, il y a du bon et du moins bon. Du bon pour la qualité graphique d’ensemble, pour l’ordonnancement des plans, pour les angles de vue, pour la dynamique des corps et des enchaînements. Du moins bon pour certaines expressions du visage, pour le manque de vie des regards, pour la fixité de certains traits en plan rapproché. Un vrai talent de dessinateur, à n’en pas douter, mais des scories qui devront être corrigées avec l’expérience.

Le dessin et les ombres sont proches, dans l’ensemble, des comics US. Les ombres sont parfois tellement marquées qu’on frise la rupture de style graphique. Les couleurs sont plutôt fades, tirées vers le bleu de la nuit et des laboratoires ou vers l’ocre presque sépia de certaines scènes. Signe que le monde est triste et menacé.

La série a du potentiel. On attend des développements du côté de Ligorn, des motivations du Céleste noir, des pouvoirs du livre magique, des anciens dieux et de leurs fanatiques. Compte tenu de l’ampleur du propos, on se demande déjà si (comme pour Acriboréa) elle réussira à tenir en seulement trois albums.

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