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Elantris

Pierre-Paul Durastanti (Traducteur), Stephan Martinière (Illustrateur de couverture), Brandon Sanderson ( Auteur)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 13/04/2011  -  livre
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Elantris

Né en 1975 dans le Nebraska, Brandon Sanderson est devenu avec son premier roman Elantris, le cycle Fils-des-Brumes et la série jeunesse Alcatraz, l’un des auteurs de fantasy les plus lus des États-Unis. Il a d’ailleurs été choisi pour terminer la très emblématique série de La Roue du Temps de Robert Jordan, après le décès prématuré de son auteur. En 2013, il a reçu le prix Hugo du meilleur roman court pour The Emperor’s Soul, à ce jour inédit en français.
Elantris, son premier roman, a reçu le Prix du Romantic Times de la meilleure fantasy épique en 2005 et a été nominé au Grand Prix de l’Imaginaire en 2010.

Trois adversaires s'affrontent dans un conflit religieux et politique, avec pour enjeu le salut d'une cité maudite

Dix ans auparavant, la fabuleuse cité d’Elantris, imprégnée de magie et peuplée d’humains transformés par celle-ci en êtres radieux aux puissants pouvoirs qui étaient considérés comme des dieux, fut inexplicablement frappée par une mystérieuse malédiction. Sa magie disparue, ses portes condamnées par peur de la contagion, elle devint le tombeau de ses habitants qu’une étrange maladie laissa sous forme de morts-vivants pourrissants. Privé de la protection d’Elantris, son pays, l’Arélon, subit une révolution sanglante. Le plus puissant de ses marchands, Iadon, en devint le roi et établit un système politique bancal et instable où les titres de noblesse dépendent de la richesse. Par souci de rester riches et aristocrates, les puissants y sont conduits à oppresser le peuple et maintenir les plus démunis en quasi-esclavage…
 
Raoden, fils de Iadon et prince héritier de l’Arélon, se réveille un beau matin transformé en élantrien. Exilé dans la cité pourrissante, il y découvre des guerres de clans motivées par la faim inextinguible de ses habitants désespérés. Dissimulant son identité, il entreprend alors d’y mettre bon ordre, tout en cherchant à percer le mystère de la chute d’Elantris…
 
Venue en Arélon pour ses noces imminentes avec Raoden, la princesse Sarène du royaume voisin du Téod découvre à peine arrivée que son futur époux vient de décéder d’une mystérieuse maladie. Tenue par contrat de rester veuve, ignorée par le roi Iadon, elle va comploter avec un petit groupe de nobles pour tenter d’établir un régime plus stable et protéger sa religion, le Shu-Korath. Celle-ci est menacée d’extinction par l’Empire Dérethi, un état religieux ayant déjà imposé son propre culte, le Shu-Déreth, à tous les pays alentours, à l’exception de l’Arélon et du Téod…
 
Hrathen, haut-fonctionnaire du clergé de l’Empire Dérethi, est envoyé en Arélon avec la mission de le convertir rapidement au Shu-Déreth. Responsable de la conversion sanglante d’un pays voisin, il tente de minimiser les pertes humaines en choisissant les élantriens comme bouc-émissaires de l’instabilité et de la crise qui règne dans le pays…
 
Entre complots politiques, manipulation religieuse, fascination respective et un brin de romance, c’est dans les manigances que vont orchestrer ces trois adversaires redoutables, et dans la lutte acharnée qu’ils vont se mener entre eux, que se jouera le sort de l’Arélon et d'Elantris…

Un récit complexe et intense brassant avec brio politique et religion

Comme il l’a confirmé par la suite avec Fils-des-Brumes et Warbreaker, Brandon Sanderson aime à bâtir des mondes où la politique est dominée par des religions complexes et despotiques. Déjà dans cette tendance, Elantris, son tout premier roman, en est à la fois un coup d’essai et un coup de maître.
Tandis que Sarène et Hrathen se livrent à un jeu d’échec impitoyable sur la scène du pouvoir, dont l’enjeu est à la fois le trône de l’Arélon et sa conversion au Shu-Déreth, Raoden, découvrant en détail la situation catastrophique d’Elantris, n’a de cesse de percer le mystère de la chute de ceux qu'on croyait à l'égal des dieux...
Fanatisme et guerre de religion, intrigues politiques et manipulation psychologique, Brandon Sanderson brasse tout cela avec une grande intelligence dans un récit plein d’aventure et de rebondissements, mené tambour battant. En composant une structure à trois voix, où se répondent plus ou moins directement les actes de chacun des personnages principaux, il tisse une trame riche et complexe, qu’on dévore cependant à toute allure.

Eons et séons, la magie incarnée

Dans sa quête pour découvrir les causes de la chute mystérieuse d’Elantris, Raoden cherche à en étudier la magie. Malheureusement, les seuls élantriens encore épargnés par la folie due à leur condition de quasi-morts-vivants ne s’y connaissent guère, et c’est avec habileté que Brandon Sanderson emprunte le parcours et les découvertes de son héros pour initier le lecteur à ses arcanes. Il se plait à en faire une exploration érudite des éons, les caractères composant l’écriture de l’Arélon et des pays alentours. Ceux-ci, à l’image des idéogrammes chinois, ont chacun une signification bien définie qui donne un sens intéressant au mot « caractère ». Car les éons prennent vie en s’incarnant dans les séons, de petites sphères volantes douées de pensée, dont les secrets de fabrication se sont perdus avec la chute d’Elantris.
Ces créatures, qui sont des conseillers avisés et fidèles pour qui en possède une, comme Sarène et Raoden, prennent très vite une place essentielle dans l'intrigue.  De par leur nature étrange, liée à la magie d’Elantris, qui fait qu’ils sont atteints de folie lorsque leur maître devient un élantrien, ils sont des personnages à part entière de l’histoire…

Un récit qui ne manque pas d’humour

Malgré une intrigue menée sur des thèmes plus que sérieux, le ton qu’a choisi Brandon Sanderson pour nous conter son histoire est loin d’être tragique. Plus léger que Fils-des-Brumes, Elantris ne manque pas d’humour. Les descriptions cocasses de la noblesse aréloise, composée d’anciens marchands attachés à étaler leurs richesses, sans aucune dignité mais beaucoup de ridicule, y sont pour beaucoup.
Cependant, ce sont les dialogues et les pensées intérieures des personnages qui sont la manifestation la plus évidente de l’humour sous-jacent d’Elantris. À travers les réflexions acidulées de Galladon, premier compagnon et allié de Raoden dans l’enfer élantrien, les incertitudes de Sarène, politicienne astucieuse et avisée mais jeune femme bourrée de complexes, et les boutades que s’envoie le petit groupe d’aspirants révolutionnaires que la princesse s’efforce d’unir et de diriger pour sauver l’Arélon, pointe toujours un brin d’ironie moqueuse.

Bien que premier roman, Elantris est donc un ouvrage parfaitement maîtrisé qui remplit totalement ses promesses. À découvrir absolument, si vous aimez l’univers de Brandon Sanderson, et encore plus si vous ne connaissez pas… 

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