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Entre ciel et enfer

Alexandra Maillard (Traducteur), Christopher Buehlman ( Auteur), Axel Mahé (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : 
Date de parution : 31/08/2015  -  livre
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Entre ciel et enfer

Né en 1969 en Floride, Christopher Buehlman est tout à la fois comédien et auteur : il se consacre tout aussi bien à la poésie – pour laquelle il remporte le prix Bridport en 2007 – qu’à l’écriture de pièces de théâtre et de romans. Après le succès de son premier ouvrage (Ceux de l’autre rive, 2013), un roman fantastique se déroulant durant la Grande Dépression, nous retrouvons l’écrivain américain avec ce deuxième livre qui verse cette fois-ci dans l’histoire médiévale. À noter qu’il a publié également deux autres romans aux États-Unis depuis, qui n’ont pas encore été traduits en français. 
 
« Et le Seigneur ne répondait toujours pas. »
 
1348 : le jour du Jugement Dernier approche. Sinon, comment expliquer la série de fléaux qui s’abat sur l’Europe médiévale ? En pleine peste noire, Thomas, chevalier excommunié, bat une campagne ravagée par la maladie et la faim. Il y croise la route d’une étrange fillette et se voit alors entraîné malgré lui dans un périple semé d’embûches qui les conduira d’abord à Paris, puis à Avignon. Qui est cette mystérieuse petite qui semble guidée par une intuition infaillible et prétend voir des anges ? Avec l'aide d'un prêtre bien intentionné mais dépassé par ses propres faiblesses, pourront-ils vraiment faire face au Mal qui s’acharne sur l’humanité et adopte les formes les plus trompeuses ? 
 
Une épopée talentueuse entre histoire et horreur
 
Passé un prologue à la portée eschatologique qui donne le ton quant à la suite du récit, le lecteur est plongé dans les jours les plus sombres du Moyen Âge. Avec Entre ciel et enfer, nous retrouvons une France de XIVe siècle plus vraie que nature : peinte de manière réaliste et concise, les heures noires de la société médiévale se déploient à travers les yeux désabusés du chevalier, hanté par la défaite de Crécy, et de son attachante petite compagne. Pendant historique des épidémies de nos romans post-apocalyptiques modernes, la peste détourne et réinvente les thèmes de la désagrégation de la société et de la loi de la survie.
 
Très rapidement, le récit bascule dans le surnaturel et flirte avec le monstrueux : tandis que Buehlman nous dévoile tout un bestiaire et un imaginaire bibliques qui colorent d’ésotérisme l’aspect historique du livre, les personnages glissent sans cesse dans l’horreur avant même que le lecteur puisse s’en rendre compte. Les différentes péripéties, au cours desquelles les protagonistes sont tentés par des ennemis aussi séduisants que malins, peuvent donner l’impression d’être répétitives mais parviennent à se montrer toujours surprenantes.
 
Malgré le ton apocalyptique, l’écriture limpide de Buehlman tempère la noirceur grâce à un humour acidulé ; et si le récit peut parfois se montrer crû et brutal, la violence n’y est jamais obscène, jamais gratuite : cette pudeur sans naïveté, qui subsiste envers et contre tout, confère énormément de maturité à l’ouvrage. Le décor est sombre, mais loin de tout pessimisme. Entre ciel et enfer reste un roman sensible, bienveillant et même tendre à l’égard de ses personnages et des hommes, piégés sous les feux croisés de forces bien supérieures. On regrettera simplement un final épique mais confus, dans lequel nos héros ont finalement bien peu à jouer après un si long voyage. 
 
Lecture captivante qui nous emporte facilement et nous fascine, Entre ciel et enfer est une excellente découverte. À mi-chemin entre le talentueux Ken Follett – qui s’est lui-même intéressé à la peste noire dans son roman Un monde sans fin (2007) –, Lovecraft et Stephen King, Buehlman concocte avec ce roman un mélange de genres étonnant qui nous plonge dans les croyances de notre Moyen Âge et nous change agréablement des mondes médiévaux imaginaires de la fantasy traditionnelle.

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