G.D. Arthur est biologiste de formation et a longtemps travaillé dans le domaine du développement territorial et de l’insertion sociale. Eos est son premier roman.
Une utopie de courte durée
Eos a perdu sa famille et a été élevé par son oncle. Ce dernier décide de fonder une colonie avec plusieurs de ses amis et proches, en profitant des possibilités offertes par l’encore jeune République. Les débuts sont difficiles mais grâce aux efforts conjugués de tous les participants, l’utopie prend corps... jusqu’au jour où elle est sauvagement attaquée par des créatures monstrueuses, réputées disparues depuis longtemps…
Des personnages attachants mais des événements trop brutaux
Je dois avouer que ce roman m’a laissé une drôle d’impression... Le début avec sa petite utopie en marche est très réussi, avec une galerie de personnages attachants et un fonctionnement crédible du petit groupe, avec ses tensions et inimitiés, ses joies et ses peines. Le héros est un jeune adulte qui se cherche encore, avec une personnalité de doux rêveur et de poète qui donne un ton plutôt mélancolique au récit. Le portrait que dresse l’auteur de cette petite société est convaincant et on se laisse porter par le texte, fluide même si parfois un peu ampoulé.
Les soucis commencent dès lors que l’auteur quitte le cadre rassurant de la vie quotidienne de ses petits protégés : les événements semblent un peu trop forcés par le destin pour rester crédibles, et on ne peut que rester dubitatif devant tant de coïncidences ! C’est notamment le cas des rencontres faites par le héros lors de son escapade en ville... difficile de ne pas lever un sourcil sur ce qui s’y déroule, la façon dont il est amené à croiser un personnage important pour la suite est tout sauf naturelle. Le hasard (on suppose qu’il s’agit de lui) fait décidément bien les choses... et le reste du récit est à l’avenant, il suffit ainsi à Eos de quelques jours pour maîtriser le tir à l’arc, d’un combat contre deux mercenaires pour se transformer en guerrier sanguinaire...
C’est d’autant plus dommage que certains développements sont bien menés, mais le récit est encore très perfectible. Si le héros est touchant, les changements qui se produisent chez lui sont amenés de manière maladroite. Les passages maîtrisés côtoient ainsi des parties plus brouillonnes, où l'auteur en dit trop ou pas assez. On a bien quelques éléments qui évoquent une sempiternelle prophétie à l’œuvre, mais tout cela est assez confus, à l’instar des manœuvres politiques de certains protagonistes qui paraissent ridiculement mesquines. On sent un peu de dérision autour de la façon dont nos démocraties fonctionnent, mais ça ne fonctionne pas ici, surtout quand on constate les conséquences... Une manière pour l'auteur de montrer que la stupidité humaine n'a pas de bornes, peut-être ?
Eos est un récit de fantasy plutôt agréable avec des personnages intéressants, mais qui reste assez inégal. La fin et les différents fils narratifs en suspens laissent penser qu’il y aura une suite qui éclaircira sans doute certains points, mais en l’état ce roman est dispensable.