Au chevet des Etoiles Mourantes, deux grands noms de la SF française se sont croisés pour une collaboration fructueuse. Né en 1959, Ayerdhal a inauguré son parcours d'écrivain reconnu avec un gigantesque Space Opera La Bohème et l'Ivraie. Demain, une oasis lui valut le Grand prix de l'imaginaire en 1993. Quatre ans plus tard, il remporta le prix Ozone avec Parleur ou Les Chroniques d'un rêve enclavé. Auteur très engagé (il s'est notamment battu pour rééquilibrer les relations écrivains-éditeurs), il est aussi un nouvelliste accompli et s'est même brillamment essayé au polar avec L'Homme aux semelles de foudre.
Jean-Claude Dunyach, parallèlement à ses activités professionnelles dans l'aérospatiale compose des paroles de chanson et dirige diverses anthologies. En tant qu'auteur, il a lui aussi un palmarès impressionnant. Le Grand prix de l'imaginaire a été décerné à deux de ses nouvelles et, dans cette même catégorie, il a décroché les prix Ozone et Rosny Aîné. Etoiles mortes, dans lequel il a développé l'univers d'Etoiles Mourantes et notamment les AnimauxVilles cités vivantes et mutantes, avait été récompensé dans sa première version par le prix Rosny Aîné. Etoiles mourantes vint ajouter à leur tableau d'honneur le prix Tour-Eiffel et le prix Ozone.

Une étoile s'éteint, des vieilles rancœurs s'éveillent

Pour éviter un cataclysme, les AnimauxVilles ont séparé l'humanité en quatre rameaux : les Organistes, les Mécanistes, les Connectés et les Originels. Chacune de ces branches a développé une vision du monde et des compétences propres. Une hostilité certaine règne entre elles. Hostilité qui pourrait s'exacerber et déclencher un conflit quand les quatre sociétés seront réunies pour assister à l'extinction d'une supernova. Malgré ce risque, les AnimauxVilles convoquent des représentants de chaque espèce et les convoient par voyage instantané jusqu'à l'étoile mourante. Ce rassemblement va dégénérer et l'ordre ne sera rétabli qu'au prix de sacrifices et d'alliances inédites.

Densité et sensualité

Ce requiem pour supernova à quatre mains est une réussite. D'abord dans sa cohérence : les acolytes ont retravaillé tout le roman pour en parfaire l'unité et il est à présent difficile d'établir qui a écrit quoi. Les personnages sont tous attachants ; les relations humaines et tout particulièrement filiales occupent une grande place dans l'intrigue. Les trahisons successives déroulent une trame surprenante. Enfin malgré la technicité de certains éléments, c'est un roman riche en émotions et en sensations. La forte personnalité des scaphandres et des AnimauxVilles établit un fort quotient de variabilité et d'imprévisibilité dans l'univers. Suite à cette co-écriture de quatre ans, les deux auteurs se conseillent mutuellement. Reste à espérer qu'ils récidivent dans le mélange bien dosé et savoureux de leur sensibilité respective.