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Extrêmes

Kain (Illustrateur de couverture), Kathe Koja ( Auteur), Nathalie Servat (Traducteur)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/10/2003  -  livre
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Extrêmes

Son nom ne vous dit peut-être rien, mais Kathe Koja écrit déjà depuis près de vingt ans et a déjà vu tous ses romans traduit chez J'ai Lu, même si aucun n'a été réédité depuis. Cette fois, c'est chez Flammarion, que sort cette anthologie, parue en 1998 aux Etats-Unis, et qui rassemble seize nouvelles assez représentatives de l'univers d'un écrivain qui détonne résolument dans le paysage de la SF féminine.

Très loin de du féminisme utérin d'une Marion Zimmer Bradley, Kathe Koja évolue dans un entre-monde sensuel et parfaitement assumé, à la frontière des genres. A la frontière de la SF et de cette littérature que l'on dit générale.

Lorsqu'on lui demande de décrire son œuvre, elle parle volontiers de ces obsessions d'auteur. De la transformation et de la transcendance. Du processus en lui-même, et de l'après.

Transformation des corps, comme dans Le jardin invisible, que Kain a choisit d'illustrer en couverture, et qui nous parle de cette femme délaissée qui va prendre littéralement prendre racine au fond du jardin de son amant. Transcendance des esprits, lorsque la fratrie de Monstruosités bascule dans le renoncement d'une vie trop vaine.

L'écriture de Kathe Koja est sensuelle, d'une sensualité qu'elle induit par un style soigneusement maniéré, et qui survit très bien au passage au français, grâce à la remarquable traduction de Nathalie Servat. Elle explore sa féminité par des voix parfois dérangeante. Car au rayon des obsessions il y a aussi celle des fluides corporels. Pas un texte qui n'exsude, n'excrète, ne sécrète. Un systématisme des corps qui ne se retiennent plus, et qui souillent un quotidien bien terne. Ainsi Les anges amoureux et cette baise par procuration, déchaînée du bout des doigts au son des ébats amoureux de voisins bien étranges.

Ainsi sont les nouvelles de Koja. Des parenthèses dans les vies mornes d'américains bien trop moyens d'un West qui n'a jamais été aussi Middle. Parenthèses qui aussi bien ouvrent sur un point final ou des points de suspension. Que deviennent les Debbie, les Laurah, les Randle et les Frances - ses filles aux noms idiots - une fois que l'auteur tire le rideau sur leurs vies ?

De son œuvre, Kathe Koja dit qu'on l'aime ou qu'on la déteste, mais qu'elle ne peut pas laisser indifférent. Elle peut toutefois laisser perplexe. On peut aussi s'agacer de ce parti pris très "arty" qui nous fait croiser, comme le dit - pour une fois - très justement la quatrième de couverture, aux confins de Clive Barker et de William Burroughs. Un peu entre Cabale et Le festin nu. Mais quoiqu'il en soit Kathe Koja laisse de son passage les traces d'un univers très personnel, très marqué. Elle emplit vos oreilles d'une mélodie qui n'existe pas et qui pourrait ressembler à un poème de Baudelaire mis en musique par le Velvet Underground. Si vous ne vous sentez pas proche de cet univers sombre et déglingué, passez votre route, vous n'y verrez que saleté et ennui. Car Kathe Koja écrit pour ceux qui préfèrent les roses qui sont fanées.

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