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Intrabasses

Jeff Noon ( Auteur), Corinne Billon (Illustrateur de couverture), Marie Surgers (Traducteur)
Langue d'origine : Anglais UK
Aux éditions : 
Date de parution : 27/02/2014  -  livre
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Intrabasses

Jeff Noon est né en 1957 dans la banlieue de Manchester.  Ses premiers écrits se font sous la forme d'une pièce de théâtre, Woundings, en 1986. Le premier roman viendra plus tard, en 1993 : il s'agit du mythique Vurt, qui remporte l'année suivante le prix Arthur C. Clarke. Connaissant un franc succès au Royaume-Uni, parfois comparé à Williams Gibson, il est une première fois publié en France chez Flammarion à la fin des années 1990. Il faudra néanmoins attendre 2006 et le travail de la Volte pour découvrir toute la virtuosité de la prose de Jeff Noon. Après PollenPixel Juice ou encore Descendre en marche, paru l'année dernière, il aura fallu aux Français quinze ans d'attente avant de pouvoir lire Intrabasses, la nouvelle pépite de Jeff Noon.
 
Drogue musicale
 
Elliot est musicien, bassiste. Cherchant à fuir son passé, il croise la route du groupe formé par Donna, Jody et 2spot. Leurs méthodes, très vite, l'intriguent. Un unique morceau, enregistré dans une sphère liquide, qu'une simple secousse permet de remixer à l'envi. Une drogue qui, bien vite, menace de rappeler à lui ses vieux démons. Jusqu'au jour où 2spot disparaît.
 
Du pur Jeff Noon !
 
Comme pour ses précédents romans, Intrabasses est une expérience à part entière. Que ce soit par l'écriture – hachée, rythmique, déstructurée – ou par la construction – chronologie malmenée, insertion d'extraits de chanson du groupe, nombreuses ellipses et non-dits – on a l'impression de se retrouver dans une longue chanson. Impression que vient d'ailleurs renforcer la bande-originale qui est fournie avec l'ouvrage.
 
Si la forme reste très travaillée – et ici encore on ne peut que saluer le travail de traduction de Marie Surgers – le fond reste étonnement facile d'accès comparé au reste de l'œuvre de Jeff Noon. Comme toujours, on reste sur une période de temps très courte mais, malgré les jeux de réalité et quelques allers-retours dans le passé, on sait toujours où on va et on comprend facilement ce qui se déroule. C'est d'ailleurs assez perturbant d'être en terrain aussi familier et de ne pas se retrouver plongé dans un vortex sans plus aucun point de repère, comme on en a l'habitude avec l'auteur.
 
Mais Intrabasses n'en est pas simpliste pour autant. On sent que le monde de la musique est un univers que maîtrise Jeff Noon – notamment à travers les discussions techniques lors de l'élaboration des morceaux ou encore les différentes variations qu'engendrent les remix –, et à ce sujet le lectorat moins porté sur le sujet pourra se sentir un peu laissé de côté. On pourra peut-être reprocher justement ce manque de folie qui fait d'habitude le sel des romans de Jeff Noon, ainsi que des personnages moins fouillés, bien loin de l'excentricité d'un Scribble. L'ensemble paraît très sage, un peu trop lisse.
 
Au final, difficile de dire si Intrabasses est le roman le plus accessible de Jeff Noon ou au contraire celui qui ne parlera qu'à ses fans. On y retrouve ses thèmes fétiches (drogue, réalité glissante, héros un peu paumés) mais sans jamais glisser de l'autre côté et perdre toute prise sur le récit, ce qui est tout aussi déstabilisant. Pourtant, pas question de parler de déception : c'est à peine si l'on ressort de la lecture avec une sensation douce-amère d'avoir goûté à quelque chose pas tout à fait conforme à nos souvenirs. Car une fois encore l'univers trop rare de l'Anglais se savoure de la première à la dernière page. Et on en redemande ! 

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