Né en 1972, China Miéville est un auteur qui a marqué les esprits dès ses premiers romans, du Roi des rats aux Scarifiés en passant par Perdido Street Station. On a découvert son imaginaire empreint de mythologie urbaine et d'un certain engagement. The City and The City a été une très belle confirmation de toutes les promesses que ses précédents ouvrages portaient en eux. Récompensé par de nombreux prix, dont le prix Hugo, ce polar entre deux villes que tout oppose était d'une maîtrise et d'une intelligence folle. Un de ceux qui coupent le souffle par leur brio. Assurément, The City and The City restera comme un chef-d'œuvre de ce début de siècle. Une nouvelle fois basé autour d'une grande ville et de sa mythologie, Kraken propose un récit différent, plus léger mais tout aussi riche... 

 

 

Billy est un spécialiste des céphalopodes à Londres. Il joue régulièrement les guides pour faire visiter ses bureaux au public au sein du prestigieux musée d'histoire naturelle de Londres. Mais tout déraille lorsqu'il découvre avec un groupe de visiteurs que la pièce maîtresse du musée, un calmar géant de huit mètres, a disparu. Très vite il est contacté par une cellule plutôt mystérieuse de la police anglaise. Des choses étranges commencent à se produire et malgré lui Billy est entraîné dans une fantastique aventure dans laquelle il découvre l'existence d'un Londres secret et souterrain, peuplée de sectes adorant des dieux improbables, dont le Kraken. Le tout sur fond de désastre imminent pour l'humanité. 

 

 

Kraken est un livre épatant sur le plan des idées. Des adorateurs de calmar géant fondant en secret une véritable religion à des tueurs capables de vous dévorer d'une seule bouchée, en passant par un type fan de pliage et réussissant à plier des humains, tout semble un peu fou et décalé dans ce nouveau roman de China Miéville. Il nous invente une nouvelle mythologie pour Londres, une cité qu'il ne cesse d'explorer. C'est vraiment haut en couleur et assez différent de ce que l'on peut lire en terme de fantasy urbaine. C'est presque un choc de lecture, avec des idées épatantes et des moments vraiment effrayants (alors que l'ensemble garde un aspect assez léger en raison de son décalage. C'est tellement fou que l'on a un petit sourire aux lèvres). L'écriture est elle aussi assez maîtrisée. On regrettera juste quelques longueurs et parfois un tel foisonnement que le roman apparaît confus. Mais qu'on ne s'y trompe pas. S'il est mené avec un peu moins d'efficacité de The City and The City (et on évitera de les comparer tant ces deux romans sont différents sur la forme comme sur le fond), Kraken est une nouvelle fois la preuve que China Miéville est un auteur immense, redoutablement intelligent, et qui n'a pas fini de faire parler de lui.