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La loi du désert

Franck Ferric ( Auteur), B. (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/08/2009  -  livre
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La loi du désert

Les chroniqueurs d'If Is Dead et Outremonde ne s'y sont pas trompés : ce premier jet conjoint de l'auteur Franck Ferric, nouvelliste de science-fiction confirmé (et visiblement formidable érudit culturel et musical) et des toutes jeunes éditions du Riez est une réussite cinglante.

Mathian, jeune soldat de l'Armée Républicaine au service d'un pouvoir aux ramifications douteuses, déserte pour partir à la recherche de son frère Raul, dissident ayant participé à un attentat contre la République et condamné à l'exil dans le « no man's land », terre désertique de mort et d'oubli. En compagnie de Blaine, vieux mécanicien et compagnon d'illusions et de désillusions, il affrontera les mystères et les prédateurs d'un désert omniprésent, omnipotent, et impitoyable. Mais ce n'est pas tant le chemin vers la mystérieuse cité de la Lanterne que celui, parfois plus pénible encore, de la quête intérieure qui imprimera les cicatrices brûlantes de la loi du désert...

Un talent indéniable

Qu'est-ce qui confère à ce récit tant de densité et d'émotion ? Peut-être le fait que l'auteur Franck Ferric a très judicieusement choisi d'exprimer sa sensibilité en narrant La loi du désert au présent. Ou que le roman peut se targuer d'une puissance visuelle et sensuelle rare. Mais tout simplement parce que Ferric est un narrateur efficace, un conteur d'histoire confirmé, capable d'insuffler à tous les personnages de ce roman sans exception une âme complexe et une personnalité aux antipodes des sétérotypes du genre. Les dialogues, il va sans dire, sont sobres et intelligents - même si on regrettera cette profusion de "Eh !" que l'on a de temps à autre du mal à ranger dans la catégorie exclamation ou onomatopée (mais c'est dire si je manque d'arguments en défaveur de ce roman). Ferric est donc doté d'un talent indéniable, mais considérations de style mises à part, l'intérêt majeur de La loi du désert est à mon avis dans son esprit.

Un road trip magistral

Franck Ferric emprunte une voie ouverte par Brian Aldiss et sa Croisière sans escale, parue en 1958 : le road trip post-apocalyptique. De facto, La Loi du désert comporte des ressemblances notables avec son élégant prédécesseur. Je pense à ce spectre de l'oubli, qui semble planer au dessus des villes fantômes comme le dirigeable Panteleimon et ses âmes désenchantées et meurtries, et que figure chez Aldiss la jungle des Ponants et ses mystères insondables. Mais alors que Brian Aldiss emporte son récit crescendo vers une conclusion cynique et déroutante, Franck Ferric nous entraîne au terme du voyage avec une sérénité presque hypnotique, sans jamais tomber ni dans le fatalisme, ni dans le tragique. Son roman se résume assez bien à l'esprit des références musicales qui le parsèment, de la citation de Janis Joplin qui ouvre le récit à la réflexion de Raul se remémorant les paroles de la chanson A horse with no name du groupe America : peu importe le désert, peu importe la mort qui rôde, il faut continuer sur la route. Et ne pas oublier son propre nom. Est-ce que ce n'est pas ça, l'esprit du road trip ?

Un roman d'anticipation formidable, dont je mentionnerais également l'illustrateur de couverture, Bastien (B. Artworks), qui a contribué à la réalisation d'un travail formidable pour cette première sortie dans la collection Brumes Etranges. Il va sans dire que l'on attend les prochaines oeuvres avec impatience.

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