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La Maison dans laquelle

Langue d'origine : Russe
Date de parution : 01/03/2016  -  livre
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La Maison dans laquelle

L'histoire raconte que l'Arménienne Mariam Petrosyan a imaginé cette Maison à 18 ans et qu'il lui a fallu dix années pour l'écrire. Aujourd'hui, La Maison dans laquelle est un best-seller en Russie et a été traduit dans de nombreuses langues. Grâce à Monsieur Toussaint Louverture, le lecteur français a désormais la possibilité de se perdre, lui aussi, dans le monde fantasque de Mariam Petrosyan.

Derrière les fenêtres – Ceux que l'on aperçoit

Tabaqui Chacal Fumeur L'Aveugle Larry Céphalopode Destrier Sauterelle Sportif Éléphant Rex et Max Bossu Casse-Pieds Pleurnichard Lapin Beauté Aspirateur Bouboule Crochet Bulle Lord Gros-Lard Sauterelle Pompée Vautour Roux Sphinx Noiraud Le Macédonien Maure Crâne Boiteux Chenu Rousse Elan Mort Blanc Echarde Ralf Le Noir Léopard Janus Mégère Magicien Putois Chérubin Macaque Saurien Shérif Papillon Démon Cheval Requin Laurier Elan Moustique Ombre Nouf Sorcière Gaby la Longue Phénix Valet Guppy Ficus Cher Ami Djinn Aiguille Poupée Boiteux Gibbon Sirène Microbe Sumac Viking Mouche Marraine Blondine 

Sur le pas de la porte – Avant d'entrer, il faut en savoir le moins possible. 

Si vous lisez cette phrase c'est que vous êtes allés trop loin. Regardez les surnoms au-dessus devrait être suffisant. Tout le mystère, la poésie et les possibles qu'ils évoquent devraient être vos seuls bagages avant de lire La Maison dans laquelle.

D'ailleurs, vous ne devriez même pas lire cette chronique, dont l'entreprise s'avère absurde. Il est impossible de faire une critique de La Maison dans laquelle. À moins d'être immortel, on ne peut pas disséquer une œuvre aussi vaste et multiple, ou alors ce sera forcément réducteur, comme les lignes que vous vous apprêtez à lire. Résumer un monde n'a, pour moi, aucun sens. Cette Maison-là rappelle celle de Mark Z. Danielewski. Le thème n'a rien à voir mais cela vous donne une idée de la complexité de l'univers de Mariam Petrosyan. 

Je n'ai guère envie de piéger l'esprit de ce livre, et j'en suis incapable. Toute sa force réside en son aspect insaisissable et par bien des aspects, incompréhensible – dans le bon sens du terme.

En en disant trop, on gâche le plaisir de lecture. Pour apprécier la Maison, il faut avancer à l'aveugle et progresser dans le labyrinthe, malgré la fatigue et la désorientation que vous ressentirez.

Ainsi, je n'évoquerai que la surface de ce monde trouble. 

À l'intérieur – Ce que l'on entend : « Chacun se choisit sa Maison. Nous la rendons intéressante ou non, et ensuite, hé bien, ensuite, elle nous change, nous transforme. »

Lorsque Fumeur, votre premier guide, parlera de la Maison comme d'une « comédie », vous risquez de vous demander ce qu'il entend par là. L'édifice a des allures de pensionnat abandonné, avec ces couloirs lugubres et ses dortoirs délabrés. Mais grâce au joyeux bordel des adolescents, il lui arrive de prendre vie. Sur certains murs, des dessins racontent l'histoire du lieu et de ceux qui y ont vécu. Chaque chambre est un véritable chaos, croulant de cendriers vides, de couettes roulées en boule et de bouteilles d'alcool renversées – à part si vous êtes chez les Faisans. 

Ces enfants particuliers, qu'ils soient Roulants ou Marcheurs, ne sont pas des anges. La Maison est la gardienne de leur folie et leur souffrance. Il y a plusieurs groupes – les Rats, les Oiseaux, les Chiens... – et chacun est régi par des règles qui lui sont propres. Si vous ne les respectez pas, vous serez exclu. Ainsi, il y a des brimades, des luttes de pouvoir, de la violence, et cela va très, très loin, parfois. Vous verrez, les passages en italique racontent le passé de la Maison. Certes, tout cela est dur, mais ce n'est rien comparé à l'extérieur – il suffit d'écouter les pensionnaires parler de leur vie d'avant.

La Maison est changeante, comme ses personnages. Il suffit de pénétrer la jungle du territoire des Oiseaux pour changer d'univers, ou alors de participer à une  « Nuit des contes ». La Maison n'est pas que sombre et plombée. La magie est omniprésente dans son monde. Elle est dans l'air. À chaque page, on sent la présence d'esprits, de fantômes. Vous croiserez un jeune qui a le pouvoir de faire des miracles, de guérir. Parfois, quelqu'un se change en animal, mais on ne sait jamais à quel point c'est vrai. Avec les puissants breuvages qui circulent, personne n'est à l'abri d'une hallucination...

On ne sait jamais, voilà. Qu'est-ce qu'un Tombant, un Sauteur ? Y a-t-il un monde parallèle en marge de cette Maison ? Quel âge ont-ils, ces ados, au juste ? Quand et où sommes-nous ?

Stop. La visite guidée est terminée, j'en ai déjà trop dit.

Si, je peux ajouter une évidence. Il suffit d'avoir l'ouvrage entre les mains pour en être conscient : il faut saluer le travail de l'éditeur. Vous savez déjà que Monsieur Toussaint Louverture apporte toujours un grand soin à la conception et à la finition de ses ouvrages. C'est encore plus flagrant pour le roman de Mariam Petrosyan, si bel objet qu'il aide à entrer dans l'histoire, et c'est tant mieux, car on s'y accroche comme à une boussole. Le travail de la traductrice est parfait. Sur plus de 900 pages, on ne ressent aucune lourdeur, aucun décalage, et dès les premières lignes, on plonge facilement dans l'histoire.

Je dois maintenant reconnaître que je suis restée sur le seuil, enfin c'est l'impression qu'il me reste une fois la lecture achevée. J'ai espionné tout ce petit monde derrière les fenêtres, frustrée, car je n'ai pas eu de réponses à mes questions. Je me suis sentie perdue et je n'ai pas trouvé de sens à tout ça... Mais enfin, quel sens donner à plusieurs années de vie qui se déroulent devant nos yeux ?

La Maison n'est pas véritablement un roman, mais plutôt une expérience. Ainsi, votre lecture donnera quelque chose de différent selon ce que vous êtes, selon l'investissement que vous décidez d'y consacrer et votre sensibilité. Il y a différents niveaux de lecture également et les points de vue et les époques se croisent sans cesse. C'est sans fin. Voilà ce que je voulais vous dire pour terminer. Dans cette Maison hors du temps, tout peut recommencer encore et encore. L'imagination de Mariam Petrosyan a créé un monde unique, sans limite, étranger à tout ce que l'on connaît déjà.

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