Mariam Petrosyan, née en 1969 à Erevan en Arménie, ébauche ses premiers héros de La Maison dans laquelle à 18 ans. Après des études d'Art, elle réalise une carrière de graphiste dans des films d'animation pendant 20 ans (au studio d'Armenfilm puis Soyuzmultfilm à Moscou puis de nouveau Armenfilm). Ce roman qu'elle a sans cesse retravaillé ne l'a jamais quitté. D'abord pour elle-même, jusqu'au jour où il tombe dans les mains d'amis russes, puis dans le bureau d'un éditeur qui le dévore en quelques jours. À sa sortie en 2009, le livre est un best-seller.
Ne pas frapper, ne pas entrer.
Il est difficile de résumer ce livre sans se heurter à anéantir tout l'effet de surprise que pourrait avoir le lecteur en découvrant ce roman. Je vais donc ainsi me limiter au strict minimum. La trame de l'histoire se situe dans un internat atypique où l'on suit au fur et à mesure l'évolution de personnages en passant de l'enfance, l'adolescence jusqu'à l'âge adulte.
La Maison dans laquelle est un roman qui m'a littéralement bouleversée. J'ai étudié l'objet avec un regard légèrement suspicieux, me demandant à quoi je devais m'attendre. Le roman est imposant, 960 pages, le format d'un bottin, il n'y a pas à dire, ça laisse songeur. Il s'agit du premier roman de l'auteur, d'autant plus. Titre aussi obscur qu'énigmatique qui plus est. Bref, on ne sait pas du tout à quoi s'attendre et quel effet il va produire.
Si je pouvais vous donner un indice, je dirais que pour moi, c'est un écho à Sa majesté des mouches de W. Golding, et c'est d'autant plus particulier car ce roman a justement été le premier roman qui m'a suivi durant toute mon adolescence. Alors autant vous dire que l'effet de celui-là m'a rendue totalement nostalgique et tourmentée à la fois, comme une piqûre de rappel, je suis tombée dedans, et ce, avec la ferme conviction de ne jamais pouvoir m'en remettre.
J'ai volontairement mis du temps à l'achever, car il ne peut pas se lire d'un œil distrait dans les transports, à cause de son format, d'une part, et que chaque mot, chaque phrase, chaque page ne s'enchaîne pas à la légère. On a besoin d'être parfaitement immergé dans l'univers de Mariam Petrosyan pour vivre pleinement l'expérience. Je ne peux que conseiller l'intérieur d'un appartement calfeutré, peut-être un verre d'alcool à portée de main, les rideaux fermés, une petite lumière tamisée et là et seulement là les conditions seront optimales.
Et après ça?
Je ne sais pas. Tout ce que je pourrais dire serait forcément subjectif, et il faut le lire pour le croire. Vivre l'expérience de La Maison dans laquelle pour comprendre (ou non) ce qui s'y passe. Qui sont ces protagonistes ? Où cela va-t-il nous mener ? Comment différencier le rêve de la réalité ? Sommes-nous dans l'un ? Dans l'autre ? Ou bien les deux ? J'avoue qu'à la fin de ma lecture je n'ai pas plus d'éclaircissement, et curieusement, je n'en ressens aucune frustration.
Je ressens juste l'envie de m'y replonger afin de redécouvrir encore et encore des parcelles que j'aurais négligées. Et c'est bien ça le plus déroutant. Pourquoi me suis-je attachée à ces protagonistes ? M'ont-ils parlé ? Me ressemblent-ils ? Sont-ils en quelque sorte un peu un reflet de nous ?
Bref, lisez-le, mais lisez-le le bien ou passez votre chemin mais croyez-moi, si vous négligez cela, vous aurez raté quelque chose.
Comme ça c'est dit.