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Le Déchronologue

Stéphane Beauverger ( Auteur), Corinne Billon (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 03/03/2011  -  livre
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Le Déchronologue

Stéphane Beauverger est né en Bretagne. Formé au journalisme, il écrit pour la presse régionale avant de se lancer dans l’écriture. Il travaille notamment comme scénariste de jeux vidéo, puis en 2003 paraît son premier roman Chromozone aux éditions Les Escogriffes, réédité en 2005 chez La Volte. Suivront deux suites, Les Noctivores en 2005 et La Cité Nymphale en 2006. En 2009 sort Le Déchronologue, roman récompensé par plusieurs prix, notamment Le Grand Prix de l’Imaginaire. La même année, il apparaît au sommaire de l’anthologie 69  aux éditions ActuSF.
 
Les Caraïbes, l'océan, le temps et les buveurs de tafia

Le capitaine Henri Villon est un rescapé, un homme au destin singulier. Réchappé du siège de la Rochelle, il part à bord de son Chronos direction les Caraïbes. Emprisonné par les espagnols dans les geôles de Carthagène, il frôlera la mort et devra son salut à Arcadio. Ce dernier confie alors à Villon le commandement du Toujours Debout, pour le compte des Itzas, descendants des Mayas et fournisseurs des précieuses maravillas
Sous les ordres des Targuis, hommes mystérieux venus du futur, le capitaine Villon se voit remettre le commandement du Déchronologue, un navire puissant capable de modifier les évènements temporels par l’entremise de ses canons qui tirent du temps. Avec son nouvel équipage il écume une nouvelle fois les Caraïbes, déjouant les tempêtes, repoussant des ennemis du passé et modifiant ainsi le futur.
 
Les canons du temps
 
Avec son quatrième roman, Stéphane Beauverger nous entraîne au dix-septième siècle, livrant un récit morcelé où les chapitres se suivent, mais ne s'accordent pas. En effet, l'auteur choisit de nous raconter l'histoire du capitaine Henri Villon, mais avec une structure narrative non linéaire puisque le chapitrage a volé en éclats, comme canonné par le Déchronologue. Si nous lisons Le Déchronologue dans l’ordre dans lequel Stéphane Beauverger a construit son livre, nous nous retrouvons comme le capitaine Villon prisonnier des divergences temporelles. Toutefois le lecteur peut, s'il le souhaite, lire les chapitres dans l’ordre chronologique, au risque de faire perdre beaucoup de charme au roman.
En construisant son histoire de cette façon, Stéphane Beauverger frustre parfois son lecteur. En effet, pour connaître la suite directe de l’intrigue qui se joue, nil doit au préalable lire un ou plusieurs autres chapitres qui ne s’emboîtent pas directement avec les précédents. Mais il est embarqué sans difficulté par chaque mini-histoire qui s’offre à lui. Au final, cette frustration des fins de chapitres disparaît lorsque la composition labyrinthique du récit prend son sens.
 
L’histoire nous est contée à la première personne par le capitaine Villon, de son point de vue nous découvrons la vie à bord des navires ou à terre, nous offrant des moments extrêmement durs, comme l’emprisonnement du capitaine par les Espagnols dans les prisons de Carthagène. La description de la misère et de la violence à laquelle les prisonniers sont confrontés est d’un réalisme cru. Par exemple, à la fin de son calvaire, le capitaine est prêt à manger le vomi de son geôlier tant ses privations ont été longues. Heureusement pour le lecteur tout le récit n’est pas à l'identique. Avec une langue riche et des dialogues savoureux, Stéphane Beauverger nous embarque instantanément dans cette aventure de pirate temporelle non dénuée d’humour et d’originalité, comme le montre cette phrase : « Deux heures avant l’aube, Main-d’or vint m’arracher à mon sommeil de grain distillé. ».

Les maravillas, merveilles du monde moderne
 
Le Déchronologue, navire dont l’originalité vient du fait que ses canons tirent du temps, envoyant ainsi ses ennemis à une autre époque, est une des originalités du livre. Une autre particularité du récit sont les fameuses maravillas qui apparaissent au gré du temps bouleversé, objets anodins pour nous vivant au vingt-et-unième siècle, mais choses merveilleuses pour les flibustiers du dix-septième. Les descriptions de ces maravillas sont assez drôles car à aucun moment Stéphane Beauverger ne donne leur véritable nom, laissant au lecteur le soin de deviner de quoi il s’agit, comme quand Villon entre sous une tente servant de réfectoire et que les pirates dansent comme des fous au rythme lancé par une boîte multicolore, en fait un Jukebox ramené d’une époque à venir.
 
Après une très bonne trilogie et quelques nouvelles, Stéphane Beauverger prouve avec son quatrième roman d’une grande originalité que la SF française peut et doit compter sur lui.

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