Pierre Bordage est un auteur prolifique, qui écrit aussi bien des space opera (Les Guerriers du silence, Wang, Les Derniers hommes...) que des récits d'anticipation (L'Évangile du serpent et ses suites) ou historiques mâtinés de fantastique (L'Enjomineur, Les Fables de l'Humpur...).
Figure majeure de l'imaginaire français, la sortie de chacun de ses romans est un événement. Le Feu de Dieu paraît Au Diable Vauvert, ce qui le place naturellement dans la catégorie des romans où Bordage décrit un de nos possibles avenirs, sombre évidemment...
Des volcans s'éveillent, des milliards d'êtres s'éteignent.
D'un coup, sans prévenir, la Terre devient folle. Son champ magnétique s'affole, ses plaques tectoniques se fracturent. Alors que des volcans s'éveillent un peu partout et que l'atmosphère se charge en particules qui viennent masquer la lumière du soleil, les hommes meurent. Les survivants de ce cataclysme devront encore affronter pendant des années le manque de lumière, le froid qui s'installe et le manque d'énergie et de nourriture.
Seuls ceux qui comme Franx se sont préparés ont de réelles chances de survivre. Il a fait aménager, avec sa communauté, le Feu de Dieu. Mais il est en voyage à Paris quand la catastrophe survient. Il devra rejoindre à pied, dans le noir et dans le froid, le Périgord où sa femme, sa fille et son fils se trouvent à l'abri dans le Feu de Dieu.
Vraiment à l'abri ? Non, car toutes les familles de la communauté ont quitté la maison transformée en bunker au fur et à mesure que leurs membres perdaient confiance dans les prédictions de Franx. Seul Jim est resté, ce parasite qui, en l'absence de Franx va régner en tyran sur la maison...
Du pur Bordage, par ses thèmes.
Le Feu de Dieu est un roman qui est purement « bordagien ». Il se caractérise donc par une grande part d'aventure, un peu de mysticisme, du fantastique et une tentative de l'auteur de prévenir le lecteur que l'humanité est sur la mauvaise pente, proche de l'extinction.
C'est Au Diable Vauvert que paraît le dernier roman de Bordage. C'est l'éditeur chez lequel l'auteur fait publier ses récits d'anticipation. Comme dans La Trilogie des prophéties, déjà parue chez la maison au diablotin, Bordage nous projette dans un avenir très proche. C'est évidemment un futur peu reluisant, où l'homme devra affronter un environnement devenu hostile, ainsi que ses démons intérieurs, pour renaître et reconstruire un monde meilleur.
Le Feu de Dieu contient tous les thèmes chers à l'auteur et ceux qui connaissent bien son œuvre retrouveront nombre d'éléments qui apparaissent déjà dans d'autres de ses romans.
Ainsi, le fantastique est présent, même s'il n'est pas flagrant. C'est des enfants qu'il émane, comme dans Les Chemins de Damas. Ils représentent la nouvelle génération plus évoluée, plus adaptée aux temps futurs que celle de leurs aînés, race arriérée, qui a détruit sa planète et en subit de plein fouet les conséquences.
Les personnages principaux de Bordage sont traditionnellement athées. Ils rejettent souvent Dieu, Allah, Bouddha et tous les panthéons hindous... mais pas l'idée qu'il y ait une puissance supérieure pour guider les êtres vivants. Il y a quelques passages dans Le Feu de Dieu qui expriment l'idée que croire en un dieu est avant tout une démarche personnelle, que la divinité est en l'homme autant que dans ce qui l'entoure, qu'il faut aller au fond de soi-même pour trouver paix, sérénité et les solutions aux problèmes que la vie nous fait rencontrer. Du Bordage typique.
Enfin, il y a l'aspect écologique. L'origine du cataclysme qui ravage la Terre n'est pas expliquée, mais les personnages sous-entendent que l'homme pourrait être le coupable par son manque de respect envers sa planète. Un peu comme dans Les Derniers hommes, Bordage projette l'humanité dans la misère qu'elle a elle-même produite. Mais si ce sont les plus forts qui survivront le plus facilement aux nouvelles conditions de vie, ceux qui font preuve de sagesse, de compassion et de générosité auront leurs chances. Toujours est-il que Bordage interpelle le lecteur, lui montrant qu'il faut respecter la Nature si on ne veut pas qu'elle se venge.
Du 100% Bordage, par sa construction.
La construction du récit est également classique pour un roman de Bordage. On suit en effet en alternance deux groupes de personnages.
D'un côté, Franx, qui effectue un voyage périlleux pendant lequel il fera des rencontres tantôt heureuses, tantôt dangereuses. On a là un récit d'aventures qui n'est pas dénué d'action mais qui se révèle un peu trop linéaire pour vraiment enthousiasmer le lecteur.
De l'autre côté, il y a le Feu de Dieu. Alice, la femme de Franx, et ses enfants, Zoé et Théo, tentent d'y survivre, accompagnés de Jim, un homme égoïste, tyrannique, violent. Le Feu de Dieu trouve une grande part de son intérêt dans le récit de ce qui se passe entre Alice et ses enfants et Jim. Le suspense, la tension sont omniprésents et on se demande à chaque page quand les choses vont dégénérer et une catastrophe survenir dans la maison.
Mais un Bordage peu classique, par son échec à convaincre pleinement.
La catastrophe qui est le point de départ du roman est trop naturelle, trop peu expliquée pour vraiment toucher le lecteur. On n'a pas la certitude que l'humanité est responsable du cataclysme et l'auteur ne nous alerte donc pas suffisamment clairement du danger que représente notre manque de respect envers Mère Nature.
Toutefois, il est intéressant de voir comment l'auteur imagine la survie des quelques personnes qui ont échappé aux premières manifestations de la catastrophe. Bordage explore différentes stratégies de survie et évoque très justement le gaspillage d'énergie que nous faisons. C'est assez instructif.
De plus, la catastrophe initiale, ainsi que la destruction de Paris et le délabrement de la France qui s'en suit, n'est pas sans rappeler celle d'un grand classique de la science-fiction française. C'est évidemment à Ravage de René Barjavel que les lecteurs du Feu de Dieu penseront automatiquement en découvrant les premières pages du dernier Bordage et la destruction de Paris. Comme dans le célèbre roman des années quarante, l'homme ne peut plus se reposer sur la technologie. Pour survivre, se sont ses compétences, ses capacités, sa volonté, qui seront ses seuls chances. La campagne n'y est pas la proie d'un gigantesque incendie, et de la fiolie barbare des hommes mais de nuées de neige mêlées de cendres, ce qui n'empêche pas le héros d'effectuer un long voyage éprouvant à l'image de celui de François Deschamps, vers une région reculée de province. Rassurons-nous toutefois, le contexte est différent aujourd'hui, l'auteur vendéen ne risque pas de faire polémique comme peut l'avoir fait le roman de Barjavel.
Le Feu de Dieu est donc un Bordage assez classique, qui n'est clairement pas le meilleur roman de l'auteur. Ses fans seront ravis de découvrir son nouveau livre, mais ils seront peut-être déçus par le manque de développement des thèmes de prédilection de l'auteur vendéen. Les lecteurs qui ne connaissent pas encore Bordage peuvent par contre lire Le Feu de Dieu, œuvre divertissante, pour découvrir son talent de conteur et les sujets qui le préoccupent.
Figure majeure de l'imaginaire français, la sortie de chacun de ses romans est un événement. Le Feu de Dieu paraît Au Diable Vauvert, ce qui le place naturellement dans la catégorie des romans où Bordage décrit un de nos possibles avenirs, sombre évidemment...
Des volcans s'éveillent, des milliards d'êtres s'éteignent.
D'un coup, sans prévenir, la Terre devient folle. Son champ magnétique s'affole, ses plaques tectoniques se fracturent. Alors que des volcans s'éveillent un peu partout et que l'atmosphère se charge en particules qui viennent masquer la lumière du soleil, les hommes meurent. Les survivants de ce cataclysme devront encore affronter pendant des années le manque de lumière, le froid qui s'installe et le manque d'énergie et de nourriture.
Seuls ceux qui comme Franx se sont préparés ont de réelles chances de survivre. Il a fait aménager, avec sa communauté, le Feu de Dieu. Mais il est en voyage à Paris quand la catastrophe survient. Il devra rejoindre à pied, dans le noir et dans le froid, le Périgord où sa femme, sa fille et son fils se trouvent à l'abri dans le Feu de Dieu.
Vraiment à l'abri ? Non, car toutes les familles de la communauté ont quitté la maison transformée en bunker au fur et à mesure que leurs membres perdaient confiance dans les prédictions de Franx. Seul Jim est resté, ce parasite qui, en l'absence de Franx va régner en tyran sur la maison...
Du pur Bordage, par ses thèmes.
Le Feu de Dieu est un roman qui est purement « bordagien ». Il se caractérise donc par une grande part d'aventure, un peu de mysticisme, du fantastique et une tentative de l'auteur de prévenir le lecteur que l'humanité est sur la mauvaise pente, proche de l'extinction.
C'est Au Diable Vauvert que paraît le dernier roman de Bordage. C'est l'éditeur chez lequel l'auteur fait publier ses récits d'anticipation. Comme dans La Trilogie des prophéties, déjà parue chez la maison au diablotin, Bordage nous projette dans un avenir très proche. C'est évidemment un futur peu reluisant, où l'homme devra affronter un environnement devenu hostile, ainsi que ses démons intérieurs, pour renaître et reconstruire un monde meilleur.
Le Feu de Dieu contient tous les thèmes chers à l'auteur et ceux qui connaissent bien son œuvre retrouveront nombre d'éléments qui apparaissent déjà dans d'autres de ses romans.
Ainsi, le fantastique est présent, même s'il n'est pas flagrant. C'est des enfants qu'il émane, comme dans Les Chemins de Damas. Ils représentent la nouvelle génération plus évoluée, plus adaptée aux temps futurs que celle de leurs aînés, race arriérée, qui a détruit sa planète et en subit de plein fouet les conséquences.
Les personnages principaux de Bordage sont traditionnellement athées. Ils rejettent souvent Dieu, Allah, Bouddha et tous les panthéons hindous... mais pas l'idée qu'il y ait une puissance supérieure pour guider les êtres vivants. Il y a quelques passages dans Le Feu de Dieu qui expriment l'idée que croire en un dieu est avant tout une démarche personnelle, que la divinité est en l'homme autant que dans ce qui l'entoure, qu'il faut aller au fond de soi-même pour trouver paix, sérénité et les solutions aux problèmes que la vie nous fait rencontrer. Du Bordage typique.
Enfin, il y a l'aspect écologique. L'origine du cataclysme qui ravage la Terre n'est pas expliquée, mais les personnages sous-entendent que l'homme pourrait être le coupable par son manque de respect envers sa planète. Un peu comme dans Les Derniers hommes, Bordage projette l'humanité dans la misère qu'elle a elle-même produite. Mais si ce sont les plus forts qui survivront le plus facilement aux nouvelles conditions de vie, ceux qui font preuve de sagesse, de compassion et de générosité auront leurs chances. Toujours est-il que Bordage interpelle le lecteur, lui montrant qu'il faut respecter la Nature si on ne veut pas qu'elle se venge.
Du 100% Bordage, par sa construction.
La construction du récit est également classique pour un roman de Bordage. On suit en effet en alternance deux groupes de personnages.
D'un côté, Franx, qui effectue un voyage périlleux pendant lequel il fera des rencontres tantôt heureuses, tantôt dangereuses. On a là un récit d'aventures qui n'est pas dénué d'action mais qui se révèle un peu trop linéaire pour vraiment enthousiasmer le lecteur.
De l'autre côté, il y a le Feu de Dieu. Alice, la femme de Franx, et ses enfants, Zoé et Théo, tentent d'y survivre, accompagnés de Jim, un homme égoïste, tyrannique, violent. Le Feu de Dieu trouve une grande part de son intérêt dans le récit de ce qui se passe entre Alice et ses enfants et Jim. Le suspense, la tension sont omniprésents et on se demande à chaque page quand les choses vont dégénérer et une catastrophe survenir dans la maison.
Mais un Bordage peu classique, par son échec à convaincre pleinement.
La catastrophe qui est le point de départ du roman est trop naturelle, trop peu expliquée pour vraiment toucher le lecteur. On n'a pas la certitude que l'humanité est responsable du cataclysme et l'auteur ne nous alerte donc pas suffisamment clairement du danger que représente notre manque de respect envers Mère Nature.
Toutefois, il est intéressant de voir comment l'auteur imagine la survie des quelques personnes qui ont échappé aux premières manifestations de la catastrophe. Bordage explore différentes stratégies de survie et évoque très justement le gaspillage d'énergie que nous faisons. C'est assez instructif.
De plus, la catastrophe initiale, ainsi que la destruction de Paris et le délabrement de la France qui s'en suit, n'est pas sans rappeler celle d'un grand classique de la science-fiction française. C'est évidemment à Ravage de René Barjavel que les lecteurs du Feu de Dieu penseront automatiquement en découvrant les premières pages du dernier Bordage et la destruction de Paris. Comme dans le célèbre roman des années quarante, l'homme ne peut plus se reposer sur la technologie. Pour survivre, se sont ses compétences, ses capacités, sa volonté, qui seront ses seuls chances. La campagne n'y est pas la proie d'un gigantesque incendie, et de la fiolie barbare des hommes mais de nuées de neige mêlées de cendres, ce qui n'empêche pas le héros d'effectuer un long voyage éprouvant à l'image de celui de François Deschamps, vers une région reculée de province. Rassurons-nous toutefois, le contexte est différent aujourd'hui, l'auteur vendéen ne risque pas de faire polémique comme peut l'avoir fait le roman de Barjavel.
Le Feu de Dieu est donc un Bordage assez classique, qui n'est clairement pas le meilleur roman de l'auteur. Ses fans seront ravis de découvrir son nouveau livre, mais ils seront peut-être déçus par le manque de développement des thèmes de prédilection de l'auteur vendéen. Les lecteurs qui ne connaissent pas encore Bordage peuvent par contre lire Le Feu de Dieu, œuvre divertissante, pour découvrir son talent de conteur et les sujets qui le préoccupent.