Adam Sternbergh est canadien mais vit à Brooklyn. Ancien responsable des pages Culture pour le New York Times, il travaille désormais pour New York magazine et Vulture. Le Fossoyeur est son premier roman. Une suite, Near Ennemy, est parue en janvier 2015 aux États-Unis. Les droits d’adaptation ont déjà été achetés par Hollywood et il semblerait que Denzel Washington soit pressenti pour le rôle-titre. Affaire à suivre ! N'hésitez pas à vous rendre sur le blog de l'auteur, plutôt fourni.

« Considérez-moi plutôt comme une balle de revolver. Point barre. »

Spademan, c’est comme ça qu’on l’appelle. Le Fossoyeur. Il était marié, et éboueur. Vivait une petite vie anonyme comme tant d’autres. Mais après, une bombe sale a explosé à Times Square, New York s’est dépeuplée de ses habitants et le monde virtuel a pris le dessus.

Désormais Spademan est tueur à gages. Mais il a un code d’honneur strict : il ne tue pas les enfants. Quand on lui demande de tuer la fille du très puissant prédicateur T.K. Harrow, Spademan accepte. Mais bien sûr, rien ne se déroule exactement comme prévu…

Un scénario prometteur

Et ce, dès la couverture. Aurélien Police contribue très largement à créer un horizon d’attente sombre et angoissant au possible.

Dès le résumé et les premières pages, le ton est donné. Sec, cassant, sans concessions. Adam Sternbergh sait poser son décor et ses personnages en un minimum de mots et d’informations. L’absence de dialogues et surtout, la narration à la première personne, permettent au lecteur de suivre au plus près le protagoniste principal. Pas de temps morts, pas d’hésitations, les pages se tournent de plus en plus frénétiquement.

Le contexte plutôt vague de l’histoire la rend encore plus prenante, et le lecteur plonge avidement à la recherche d’indices, de miettes d’explications concernant la ville, les habitants, la catastrophe. Le lecteur découvre alors Spademan, un personnage singulièrement dépourvu d’empathie et de scrupules.

Mais un ensemble malheureusement un peu décevant

L’attente était peut-être trop grande car les (petites) remarques suivantes paraissent alors encore plus décevantes. Le regret principal concerne les personnages. Notre tueur à gages, loin d’être aussi froid et impitoyable que prévu, ne réussit pas complètement à convaincre, malgré son ambivalence. Les personnages secondaires, peu exploités, vont et viennent au gré de l’intrigue, sans jamais prendre de consistance particulière. En voulant trop aller à l’essentiel, certains passages manquent cruellement de développement.

Cependant le style de l’auteur et l’ambiance particulière qu’il parvient à insuffler à ce New York vidé et contaminé sont de belles réussites. L’aspect technologique et virtuel du roman gagnerait à être encore plus exploité, conférant au roman une touche cyberpunk rafraichissante.

Enfin il s’agit d’un premier roman, et du tout premier opus des tribulations du Fossoyeur, alors gageons que la suite saura remédier à ces quelques faiblesses. 

Bref n’enterrez pas trop vite Le Fossoyeur car la suite mérite certainement que l’on s’y intéresse.