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Le Monde, tous droits réservés

Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 31/03/2009  -  livre
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Le Monde, tous droits réservés

Né en 1954, Claude Ecken, de son vrai nom Claude Eckenschwiller, est un auteur plutôt discret. Scénariste de bande dessinée et écrivain de livres illustrés et de livres pour enfants, il a commencé sa carrière en science-fiction dans les années 80 au Fleuve Noir dans la collection Anticipation. Une fois celle-ci arrêtée, ses livres se feront épisodiques en S-F (un Macno en 1999) avant un retour sur le devant de la scène en 2003 avec l’hallucinant Enfer Clos aux éditions du Bélial.

Nouvelles

Ce recueil de nouvelles se situe totalement dans la tradition de la S-F. Brassant avec une belle volonté de nombreux thèmes, Claude Ecken a un goût prononcé pour la science et les questions qu’elle pose. De nombreux textes évoquent les mondes parallèles, les trous noirs et le Big Bang. Des notions qu’il étire dans tous les sens pour les mettre à toutes les sauces. La possibilité qu’il y ait d’autres univers lui permet par exemple de mettre en scène un héros qui se rend compte que certains de ses amis d’ordinaire si érudits lui cachent l’existence d’un monde parallèle (Fantômes d’univers défunts). Même chose pour La Fin du big bang, une nouvelle dans laquelle un jeune garçon se souvient de tous les passés possibles, passant d’un présent à un autre au fur et à mesure que la réalité change. Seul hic, si lui se souvient de toutes ses vies, ce n’est pas le cas de ses proches ce qui lui vaudra quelques problèmes d’incompréhension majeurs.

Science sans conscience...

Parfois la science lui permet de dénoncer les risques de dérives de notre société. Risque génétique dans L’Unique avec l’uniformisation des génomes pour mettre sur un pied d’égalité tous les humains (qui finissent par tous se ressembler), risque politique avec l’interdiction du suicide dans La Dernière Mort d’Alexis Wiejack, risques sociaux enfin lorsque la possibilité de se cloner à volonté entraîne la folie chez le héros d’Esprit d’équipe.

... n’est que ruine de l’âme

On l’aura compris derrière sa science-fiction, Claude Ecken aime également nous parler de notre présent. C’est encore plus visible lorsqu’il évoque une société qui a fait le choix de proposer à tous de travailler ou de rester oisif. Une base qui provoque au fil des années une fracture sociale importante entre les travailleurs et les autres (Eclats lumineux du disque d’accrétion). Même chose avec la nouvelle éponyme Le Monde, tous droits réservés. Après un début un peu poussif, Claude Ecken s’attaque au journalisme et aux dérives financières de ce secteur. Ou lorsque les journaux finissent par payer pour s’assurer de l’exclusivité de l’information... Un texte pertinent qui fait froid dans le dos tant on sent que la prospective n’est pas si loin de la réalité.

Un très bon recueil

Disons-le clairement, il est de plus en plus rare de lire des textes de science-fiction de cet acabit. Une S-F qui s’inspire de la science et qui pose des questions, quitte à bousculer le lecteur. Et devant la pertinence dont fait preuve Claude Ecken, on se dit que c’est bien dommage que ce genre soit un peu passé de mode. Sur le fond comme sur la forme, Le Monde, tous droits réservés est un ouvrage remarquable. L’auteur y fait preuve d’une qualité constante dans son écriture, touchant parfois à l’excellence. Au pire lit-on de bonnes nouvelles. Tous les textes ont leur place au sommaire, la cerise sur le gâteau étant une petite merveille de sensibilité : En sa tour, Annabelle. Claude Ecken y abandonne ses thèmes de prédilection pour un texte tout en émotion. Gageons qu’après la publication de cet ouvrage, Claude Ecken sera rapidement un peu plus présent sur les étals de nos librairies.

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