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Le papillon des étoiles

Bernard Werber ( Auteur), Denis Félix (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 31/05/2008  -  livre
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Le papillon des étoiles

Dès sa parution, Le Papillon des étoiles s’est emparé de la tête du classement des meilleures ventes de livres en France. Rien de véritablement étonnant vu le succès de Bernard Werber depuis Les Fourmis, livre phare traduit en trente langues et vendu à deux millions d’exemplaires. Et il n’y a qu’à lire le forum de son site internet (http://www.la-fourmiliere.com/forum/) pour comprendre le culte que certains lecteurs lui vouent...

Le dernier espoir, c’est la fuite

Devant la dégradation inexorable de la planète (pollution, guerre, pauvreté), un inventeur génial et un milliardaire décident de construire en secret un vaisseau géant pour s’exiler sur une autre planète. Et tant pis s’il faut pour cela mettre près de mille ans pour faire le voyage, embarquer 144 000 volontaires, investir quelques milliards et affronter l’hostilité de la presse, des hommes politiques et de la population. Rien n’est trop dur pour donner un avenir à l’humanité. Car comme ils ne cessent de se le répéter, le dernier espoir, c’est la fuite...

Que de bons sentiments...

Le papillon des étoiles est basé, on l’aura compris, sur une idée simple et forte. Pour sauver l’humanité, autant partir, même si le voyage est compliqué et incertain. Une idée qui renoue avec les récits d’explorateurs et de pionniers, Bernard Werber consacrant un gros tiers de son roman à la préparation du voyage, un second à la vie à bord du vaisseau spatial, et un dernier à conquête d’une nouvelle planète. Une idée presque séduisante au départ mais qui très vite bât de l’aile. La faute à un Bernard Werber qui veut un peu trop en faire et qui s’enferme dans son utopie en oubliant rapidement toute crédibilité.

Car c'est le grand malheur de ce roman, on ne croit pas une minute à la manière de sélectionner les 144 000 prétendants (en tout cas, on ne le prendrait pas comme DRH), au secret qui entoure le projet pendant des mois (144 000 individus abandonnant leurs familles pour vivre sur une base à la campagne pour construire un vaisseau de plus d’un kilomètre de long passent inaperçus... Il faut que ce soit le décollage d’une fusée d’essai qui alerte les autorités et la presse), à l’emballement des médias, à la colère de la population, aux critiques des politiques (tout ça est caricatural au possible) et au départ en catastrophe du vaisseau spatial (avec bien évidemment la scène du héros partant chercher son chat à la dernière minute et la porte qui se referme quelques secondes avant l’arrivée des gendarmes venus les arrêter). On ne croit pas plus à l’Utopie que l’auteur imagine pour la vie à l’intérieur du vaisseau. Elle vire vite à un totalitarisme gentillet et rose bonbon qui ne trompe personne (ses fondateurs prônant par exemple la non-violence pour finalement rapidement prendre les armes en cas de révolte). Et le final n’apparaît pas plus crédible avec une scène de ménage totalement hallucinante dans le dernier couple du vaisseau.

Tout à son idée, Bernard Werber a simplement oublié de donner de la cohérence à son récit. Pire il a oublié de creuser ses personnages, évitant de leur donner de l’épaisseur. D’ailleurs, son vaisseau comporte 144 000 figurants. A aucun moment il ne se donne la peine de se mettre au niveau de ces explorateurs qui ont tout quitté juste pour vivre et mourir dans cette micro-société. Et si l’idée scientifique de base (le vaisseau étant un voilier solaire) peut sembler réaliste, le reste du roman est scientifiquement douteux.

Avec Le papillon des étoiles, Bernard Werber a sans doute voulu écrire une belle fable pleine de bons sentiments sur la survie de l’humanité et sur une société idéale (du moins au début). Mais il n'en a pas choisit la forme, optant pour celle du roman tout en refusant d’étayer ses rebondissements pour donner de la crédibilité à son récit. Résultat il manque complètement son objectif. Il en ressort un livre vide, incroyablement maladroit et avec une philosophie non seulement douteuse mais surtout simpliste au possible. C’est affligeant. Sans doute avec l'idée de départ y avait-il quelque chose à faire pour donner un récit ambitieux, multipliant les points de vue, les découvertes, et les réflexions sur l'avenir du monde. Là, c'est médiocre. Finalement, pour les lecteurs aussi, le dernier espoir c’est la fuite.

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