Pèlerinage physique et spirituel, sur une Terre soumise au joug de l’envahisseur.
Robert Silverberg est un romancier new-yorkais à l’écriture habile et féconde. Maintes fois récompensé par des prix littéraires (prix Nebula, prix Locus ou encore le prix Hugo), l’écrivain aux multiples pseudonymes est connu pour ses nouvelles et ses romans dont notamment Le Livre des crânes, L’homme dans le labyrinthe ou le cycle de Majipoor.
Un futur incertain
Vaincus et mis dans des réserves accessibles au public dans un temps révolu, les extraterrestres ont décidé de se venger de l’espèce humaine. Le temps passe, la civilisation humaine décline et les menaces semblent vaines mais le poids de la tradition tient bon : la caste des Guetteurs continue d’être à l’affût de l’invasion et utilise les pouvoirs psychiques de ses membres pour surveiller les cieux. Wuelig, vieux guetteur usé par les années et les doutes, tâche tant bien que mal de mener à bien cette surveillance. Rongé par le doute et l’impression d’avoir gâché sa vie, il ne se rend pas compte de l’imminence de l’attaque…
Un découpage intéressant
Ce roman est découpé en trois parties, représentant chacune l’un des lieux de pèlerinage de Wuelig et incarne son état d’esprit. C’est un véritable chemin de croix que nous propose le talentueux Silverberg : punition, expiation et enfin rédemption seront le lot de Wuelig.
Roum, l’antique cité, sera le théâtre de la chute et de l’invasion extraterrestre. Engoncée dans des codes immémoriaux et régie par le système des castes, Roum représente la futilité et le déclin de l’espèce humaine qui se sait condamnée mais demeure incapable de changer. Wuelig sera le premier informé et surpris de la véracité de la menace.
À Perris, Wuelig, désormais sans but car sa caste n’existe plus, va rejoindre la caste des Souvenants, afin d’en savoir plus sur l’espèce humaine et son passé. La découverte des méfaits humains va provoquer chez lui un désir de changement et une remise en cause.
Enfin, à Jorslem la Sainte, notre héros demandera une cure de jouvence pour son corps et pour son âme. Cela marquera le début d’un potentiel renouveau pour la Terre.
Un roman prenant, à l'optimisme léger...
Dans Les Ailes de la nuit, Silverberg nous livre une Terre pas si différente de la nôtre, rongée par la conquête et la recherche scientifique acharnée. C’est uniquement au travers d’une prise de conscience et de reconnaissance de ses actes que l’espoir se manifeste.
Roman au ton cynique et désabusé, comme une fable des temps modernes Les Ailes de la nuit se dévore plus qu’il ne se lit et suscite de nombreuses interrogations.
L’écriture maîtrisée, la distillation des informations, la richesse de la réflexion et la justesse du ton font des Ailes de la nuit un roman incontournable.