Le prolifique et éclectique Corbeyran a encore frappé. Fort d’une cinquantaine de séries à son actif, le voici maintenant investi dans le cybercrime et les gangs de la réalité virtuelle. Il a choisi pour complice Lucien Rollin, le dessinateur ténébreux des séries Ombres et Le Torte chez Glénat.
Un concept intéressant mis en œuvre, comme souvent désormais, sous forme de trilogie. Chaque album représente un niveau et témoigne de la progression du héros dans le jeu 3D. Le héros, adolescent attardé et technicien hors pair, rejoint les figures de détectives rebelles des romans noirs. Un contexte américain et un traitement calqué sur le déroulement d’une série US, qui est plus le terrain de prédilection de collections comme Série B (Delcourt) que celui de Grafica (Glénat). Mondialisation des images oblige.
Black world
Terry prend son pied avec une prostituée deux étoiles dans un bar US quand il est interrompu violemment par des contrôleurs. Il n’a pas payé son ticket. Il en balance un par la fenêtre puis disparaît à la faveur d’une porte marquée d’un grand 2…
C’est que Terry Hackman s’est fait une spécialité de l’infiltration intempestive dans les jeux de réalité virtuelle. Cette fois-ci, le jeu, Back world, atteint un niveau de réalisme jamais égalé et Terry a failli se faire éjecter violemment. Alors qu’il a promis à sa petite amie d’arrêter, un groupe concurrent ne lésine pas sur les moyens pour le forcer à explorer Back world de nouveau. Ça tombe bien, sa petite amie le quitte. Et il avait envie d’en finir…
Niveau -1
Il y a du fascinant et du pas terrible dans cette série. Le concept est parfait. Noyauter un jeu de réalité virtuelle ultra-réaliste et découvrir des niveaux de réalité insoupçonnés, sous couvert d’espionnage industriel. Voilà qui est passionnant. Obliger le héros à naviguer entre des gangs réels et virtuels, voilà qui a de quoi attirer les foules. En revanche, limiter les pulsions de son personnage semi-dépressif au strict minimum reptilien : baiser, hacker, donner des coups de batte. C’est dommage. QI maximum (pour quotient informatique). QE minimum (pour quotient émotionnel). On n’a pas envie de le rencontrer. Et on se dit que s’il existait dans une vraie réalité virtuelle, on le trouverait mal scénarisé.
À partir de là, dans un monde insipide, où seul Snake, le vieux pote baba tendance cow-boy de Terry, nous rassure sur sa réalité, on souhaite à Terry de longues immersions dans des mondes moins cons. Des grossièretés inutiles, de la violence superflue, Corbeyran n’a pas fait dans l’élégance. Il semble calquer son propos sur une sous-réalité ressassée dans les sous-séries TV. Dès lors l’intérêt de l’intrigue ne tient qu’à un fil : comment Terry arrivera-t-il à sortir du jeu sans se faire éclater la tête ?
Dans ses séries fétiches, même s’il s’agit d’univers un peu glauques, Rollin a plus de liberté dans ses décors et dans la variété des personnages. Ici, les décors, minimalistes, sont aseptisés. D’où l’impression d’une BD abstraite, peu incarnée, où les images et les mouvements se répètent. Pas facile d’imposer un style original dans ces conditions. Les dessins sont centrés sur les visages. Les expressions sont contenues. Les femmes sont mieux dessinées que les hommes. Les couleurs sont volontairement sombres et peu variées, entre le noir, l’ocre et le bleu nuit. Un talent graphique indubitable, mais au service de visages masculins qui ne sont pas le point fort de Rollin (en raison de la vitesse de production imposée par l’éditeur ?).
La couverture est bien vue et sa répétition au fil des tomes bien sentie. Une bonne idée de série. De l’action, de la cohérence dans le scénario, de l’efficacité textuelle et graphique, mais pourquoi les auteurs ont-ils joué un ton en-dessous de leur talent ?
Un concept intéressant mis en œuvre, comme souvent désormais, sous forme de trilogie. Chaque album représente un niveau et témoigne de la progression du héros dans le jeu 3D. Le héros, adolescent attardé et technicien hors pair, rejoint les figures de détectives rebelles des romans noirs. Un contexte américain et un traitement calqué sur le déroulement d’une série US, qui est plus le terrain de prédilection de collections comme Série B (Delcourt) que celui de Grafica (Glénat). Mondialisation des images oblige.
Black world
Terry prend son pied avec une prostituée deux étoiles dans un bar US quand il est interrompu violemment par des contrôleurs. Il n’a pas payé son ticket. Il en balance un par la fenêtre puis disparaît à la faveur d’une porte marquée d’un grand 2…
C’est que Terry Hackman s’est fait une spécialité de l’infiltration intempestive dans les jeux de réalité virtuelle. Cette fois-ci, le jeu, Back world, atteint un niveau de réalisme jamais égalé et Terry a failli se faire éjecter violemment. Alors qu’il a promis à sa petite amie d’arrêter, un groupe concurrent ne lésine pas sur les moyens pour le forcer à explorer Back world de nouveau. Ça tombe bien, sa petite amie le quitte. Et il avait envie d’en finir…
Niveau -1
Il y a du fascinant et du pas terrible dans cette série. Le concept est parfait. Noyauter un jeu de réalité virtuelle ultra-réaliste et découvrir des niveaux de réalité insoupçonnés, sous couvert d’espionnage industriel. Voilà qui est passionnant. Obliger le héros à naviguer entre des gangs réels et virtuels, voilà qui a de quoi attirer les foules. En revanche, limiter les pulsions de son personnage semi-dépressif au strict minimum reptilien : baiser, hacker, donner des coups de batte. C’est dommage. QI maximum (pour quotient informatique). QE minimum (pour quotient émotionnel). On n’a pas envie de le rencontrer. Et on se dit que s’il existait dans une vraie réalité virtuelle, on le trouverait mal scénarisé.
À partir de là, dans un monde insipide, où seul Snake, le vieux pote baba tendance cow-boy de Terry, nous rassure sur sa réalité, on souhaite à Terry de longues immersions dans des mondes moins cons. Des grossièretés inutiles, de la violence superflue, Corbeyran n’a pas fait dans l’élégance. Il semble calquer son propos sur une sous-réalité ressassée dans les sous-séries TV. Dès lors l’intérêt de l’intrigue ne tient qu’à un fil : comment Terry arrivera-t-il à sortir du jeu sans se faire éclater la tête ?
Dans ses séries fétiches, même s’il s’agit d’univers un peu glauques, Rollin a plus de liberté dans ses décors et dans la variété des personnages. Ici, les décors, minimalistes, sont aseptisés. D’où l’impression d’une BD abstraite, peu incarnée, où les images et les mouvements se répètent. Pas facile d’imposer un style original dans ces conditions. Les dessins sont centrés sur les visages. Les expressions sont contenues. Les femmes sont mieux dessinées que les hommes. Les couleurs sont volontairement sombres et peu variées, entre le noir, l’ocre et le bleu nuit. Un talent graphique indubitable, mais au service de visages masculins qui ne sont pas le point fort de Rollin (en raison de la vitesse de production imposée par l’éditeur ?).
La couverture est bien vue et sa répétition au fil des tomes bien sentie. Une bonne idée de série. De l’action, de la cohérence dans le scénario, de l’efficacité textuelle et graphique, mais pourquoi les auteurs ont-ils joué un ton en-dessous de leur talent ?