Norman Spinrad, un incontournable
Né en 1940 à New York, Norman Spinrad s’est désormais établi à Paris, ce qui ne l’empêche pas de publier un récit basé à la Nouvelle-Orléans.
Norman Spinrad est un auteur qui a donné une impulsion particulière à la SF, notamment par des titres tels que Jack Barron et l’éternité (1969) qui aborde l'immortalité, ou Rêve de fer (1972), dans lequel Hitler est un auteur de fantasy.
Provocateur, N. Spinrad a écrit certains textes qui, à leur sortie, ont été qualifiés de pornographiques. Mais ses romans offrent surtout une littérature engagée, qui dénonce les travers des sociétés modernes.
Ils sont la Nouvelle-Orléans
Martin Luther Martin, dit Luke, est un gamin des bidonvilles, dont la seule ambition est d'intégrer le gang local le plus puissant possible. Un avenir sombre, jusqu'à ce qu'il réalise que la police est le plus influent gang du coin.
MaryLou Boudreau accompagne ses parents dans les rues pour chanter, danser et passer le chapeau. Jusqu'au jour où sa route croise un étrange vieillard, qui lui fait découvrir un monde inconnu, celui du vaudou. Un spectacle d’un genre tout nouveau s’ouvre à elle.
Jean-Baptiste Lafitte est un commerçant qui a choisi le secteur de l'alcool et de la prostitution pour faire fortune. Impliqué dans la vie locale, il sait que le tourisme est la seule richesse de la ville, mais que l’équilibre existant est fragile.
Et puis arrivent le super-dollar, la crise économique et les saisies immobilières.... La Nouvelle-Orléans bascule dans une phase anarchique, entraînant avec elle tous ses habitants.
Féroce
Le premier personnage du roman est la ville de la Nouvelle-Orléans, qui est mise en scène dans son quotidien. L’auteur parle de la vie de tous les jours, les combines et les arnaques, mais aussi des moments forts tels que le carnaval ou les rites vaudous. La ville est présentée et ressentie par ses habitants comme un être vivant qui souffre, mais qui prend soin de ceux qui l’aiment.
Le seul aspect fantastique du récit réside dans la présence des loas mais, dans l’ambiance si étrange de la Nouvelle-Orléans, les esprits vaudous paraissent naturellement à leur place.
Le roman suit plusieurs récits individuels, qui finissent par se croiser sans jamais se fondre. Les trois héros principaux sont décrits dans leur quotidien, leurs petitesses et leurs espoirs. L’auteur présente les personnages sans complaisance et ne masque pas leur faiblesse morale, même s’il se garde de tout jugement.
Par contre, N. Spinrad ne se prive pas de s’attaquer aux responsables de la crise économique. Les prêteurs et banquiers sont donc présentés sous un jour noir, avec leur appétit financier insatiable, et leur férocité envers les pauvres qu’ils ont eux-mêmes créés.
Les politiciens ne sont pas épargnés, et l’auteur dénonce leurs courtes vues électoralistes, leur manque de courage et leur course aux financements.
Police du peuple est un roman haut en couleur, mordant et prenant de bout en bout.