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Sang pour sang

Clarke (Dessinateur), François Gilson (Scénariste)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 30/04/2009  -  bd
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Sang pour sang

Sang pour sang frais. Le Mélusine 2009 est arrivé ! Au rythme d’un album par an, les deux compères Clarke et François Gilson, nés le même jour, et collaborateurs depuis toujours chez Dupuis, prolongent les aventures de leur rousse ensorceleuse. Dans leur château de monstres, de vampires et de morts-vivants, Mélusine et son amie Cancrelune vont devoir faire face, dans cette dix-septième édition, à un problème de taille : faire revenir l’oncle Faësturno à son format normal après une malencontreuse réduction.

Mélusine reste une des valeurs sûres de la revue Spirou. Elle a régulièrement le droit à sa couverture et elle constitue la série phare de François Gilson et de Clarke. Appréciée des enfants et des ados, Mélusine a conquis, depuis près de quinze ans, sa place en même temps qu’Halloween dans le cœur des jeunes francophones. On est même étonné de ne pas voir encore Mélusine en série télé comme Spirou, le Marsupilami, Cédric et les autres classiques de chez Dupuis. L’élégance du trait de Clarke y perdrait sans doute un peu. Et la galerie des monstres n'est peut-être pas médiatiquement correcte.

Vu le succès de la série, on comprend en tout cas que François Gilson puisse s’extraire de Garage Isidore, de Cactus Club et des Vétos pour retrouver sa Mélusine. On comprend que Clarke, un peu ensorcelé, privilégie sa sorcière à ses autres séries, en tant que scénariste (Docteur Bonheur) ou auteur complet (Mister President, Histoires à lunettes).

La fête à Faësturno


L’oncle Faësturno n’est pas très sympathique. Transformé en chauve-souris, il poursuit Mélusine dans les airs pour la mordre. Mais du haut de son air méchant, cruel et assoiffé de sang, il se rétame contre le mur du château. Cancrelune l'achève en s'écrasant sur son crâne. Le pauvre monstre en est tout chose. Les deux sorcières essaient moultes potions pour le requinquer, mais elles ne parviennent qu'à le réduire à une portion congrue.

Pendant ce temps, Monsieur, le vampire, et Madame, la fantôme, se castagnent. Monsieur veut quitter le château et ne s'inquiète pas trop du triste état de l'oncle Faësturno. Tant mieux, car l'oncle a une fâcheuse tendance à se dédoubler en jouant les Schmurls (Schtroumpfs en langage sorcier).

Au pays des Schmurls


Gilson conserve le format intermédiaire entre l'histoire complète centrée sur un thème et la série de gags, utilisé dans des albums précédents. Les gags s'enchaînent page après page dans une trompeuse continuité. Parfois, des planches venues d'ailleurs s'insèrent dans l'histoire, sans la dénaturer, mais en cassant un peu le rythme (gag du sapin de Noël, gag de l'anniversaire).

Mélusine est un peu plus sage que d'habitude. Pas de grosse catastrophe (Faësturno n'a que ce qu'il mérite). Pas de beau chevalier à ensorceler. Cancrelune fait un peu moins les frais des expériences magiques, réservées à l'oncle vampire, vite présenté comme méchant et vite ridiculisé. Le tout est homogène et plus drôle que d'habitude. Les avatars Schmurls de l'oncle de Monsieur y sont pour quelque chose.

Même s'ils ont migré au Lombard, les schtroumpfs sont nés chez Dupuis et ont vu le jour dans Spirou. Gilson peut donc se permettre un clin d'œil à Culliford, le scénariste successeur de Peyo, en lui dédiant une potion. Hasard de la régénération par les cendres, l'oncle Faësturno se multiplie, en effet, en petits schmurls qui chantent en cœur "C'est le schmurl, schmurl, schmurl, qui fait schmurl, schmurl, schmurl !".

Côté dessin, toujours aussi agréable à lire, pas de révolution, mais une évolution. D'un trait plus rond, Clarke se permet plus d'audace. Il maîtrise parfaitement son sujet. Mélusine a pris un peu d'âge et la maturité du style autorise des galeries d'expressions et de postures plus hardies. Mais même dans les portraits les plus excessifs, les attitudes et les mouvements paraissent toujours naturels. Jamais le personnage n'est figé. Il est toujours expressif et spontané. La mise en case et les perspectives restent sobres. Il faudra davantage d'audace encore pour les faire évoluer. Rien à dire sur les couleurs du studio Cerise, propres, sans génie, mais sans bavures.

Un bon album de la série qui plaira aux ados aficionados.

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