Gail Carriger est le nom sous lequel signe l’auteure californienne Tofa Borregaard. Archéologue et anthropologue diplômée à Oxford, elle est désormais connue comme étant l’auteur de la série Le Protectorat de l’Ombrelle. Sans Âme, le premier opus de la saga, lui a valu plusieurs nominations à de grand prix de littératures de l’imaginaire, dont les prix Compton Crook, John W. Campbell et le Prix Locus.
Mystère dans la bonne société londonienne
Mademoiselle Alexia Tarabotti est un cas désespéré. A 26 ans, elle est la vieille fille décrétée de la famille, la faute à ses origines italiennes dont elle a hérité un tempérament de feu, une peau trop mate et un nez un peu trop épaté… en plus d’un manque définitif d’âme. Sa vie n’aurait donc rien eu de très trépident si lors d’une soirée de l’aristocratie londonienne elle n’avait pas accidentellement tué un vampire. Or ce vampire n’a jamais été recensé par les ruches de vampires de la ville, ni par la BUR - le bureau du registre des non-naturels – et personne ne peut expliquer sa mystérieuse présence ce soir là. Pour se sortir d’affaire, Alexia Tarabotti va devoir œuvrer avec l’antipathique mais très agréable à l’œil Lord Maccon, Alpha de la meute des loups-garous de Londres et chef de la B.U.R. déféré par la Reine Victoria, le tout sous les yeux attentifs de vampires menaçants, de mystérieux comploteurs et de sa propre famille, ô combien encombrante.
Un genre innovant
Sans âme est un roman de bit-lit qui sort de l’ordinaire. D’une part Gail Carriger mêle habilement littérature de vampire et intrigue policière dans un univers très steampunk. En effet, l’histoire prend place sous le règne de la reine Victoria, dans une Angleterre où vampires, loups-garous et fantômes sont reconnus par tous et vivent au sein de la société comme n’importe quel autre citoyen. Notre héroïne évolue dans un univers en pleine ascension scientifique, se promène sous les vols constants d’aéronefs et entourée de machines à vapeurs. De plus, l’approche de l’origine des vampires et des loups-garous, liée à la quantité d’âme qui compose un être, est très innovante. Ces créatures fantastiques seraient donc pourvues d’âmes très puissantes, contrairement à notre héroïne qui est une « sans âme », une « paranaturelle », comprenez un ennemi attitré des surnaturels qui peut neutraliser leur condition d’un simple contact physique.
Et ce n’est pas une héroïne comme les autres. Visiblement peu gracieuse, ne correspondant pas au canons de beauté anglais ni à ceux de notre monde actuel, elle sort son épingle du jeu grâce à sa présence d’esprit et une vive intelligence, ce qui n’est pas toujours le cas dans la littérature de vampire. On s’attache donc très rapidement à Mademoiselle Tarabotti, qui a elle seule, par son phrasé sentencieux et ses observations décalées donne en plus un ton humoristique au roman. Car il est indéniable que Gail Carriger manie la plume très habilement. Se disant inspirée par Jane Austen ou P. G. Wodehouse, l’auteur s’approprie une style à la fois old school et léger, qui colle très bien au roman.
Des ficelles un peu trop grosses...
Mais l’originalité du cadre du roman ne suffit pas à palier certains défauts. Le lecteur comprend très rapidement le dénouement du livre, aussi bien au niveau de l’intrigue policière que de l’histoire d’amour mouvementée et quelque peu envahissante qui pimente le roman. Certains indices semés par l’auteur sont juste trop gros, et ne laissent aucune place à la surprise.
Sans âme est donc un roman très agréable à lire avec des idées nouvelles qui raviront les lecteurs en quête de changement, mais qui auraient pu être mieux développées par son auteur.