Né en 1920 à la Nouvelle-Orléans, Daniel F. Galouye a marqué la littérature de science-fiction en écrivant quelques nouvelles et cinq romans. C'est en effet dès les années cinquante, après une carrière de pilote d'essai, qu'il se met à l'écriture. Son premier roman, Le Monde aveugle, ne paraît toutefois qu'en 1961. Suivront Le Seigneur des sphères (1963), Simulacron 3 (1964), Le Temps du grand cri (1968) et L'Homme infini (1973) avant que Daniel F. Galouye ne décède en 1976.
Cet auteur quelque peu oublié – la réédition la plus récente d'un de ses livres date de 1998 – revient donc sur le devant de la scène grâce aux éditions Gallimard. Simulacron 3 paraît en effet cette année dans la collection Folio SF. Suivra en novembre une réédition du Monde aveugle.
La réalité n'est pas ce qui paraît
Douglas Hall est l'assistant d'Hannon Fuller, le créateur du Simulacron 3, appareil de simulation totale d'un environnement qui pourrait permettre des avancées fondamentales dans le domaine des sciences sociales. Lorsque Fuller décède, Hall prend naturellement sa place. Mais il découvre alors que les apparences sont trompeuses : Horace P. Siskin, président de la RÉACO, société propriétaire du Simulacron 3, a de grandes ambitions personnelles et voudrait utiliser l'appareil pour des objectifs bien peu altruistes ; la disparition de Fuller, entourée de faits étranges et de zones d'ombres, n'est peut-être pas accidentelle... Sans compter que dès sa promotion, Douglas Hall est le témoin de phénomènes incroyables ; incroyables seulement si on considère que les règles de notre monde sont celles qu'on a toujours cru en vigueur...
Un roman qui mérite le détour
Il est fort probable que bien des lecteurs de science-fiction n'aient jamais entendu parler de Daniel F. Galouye, auteur qui a laissé un œuvre certes peu volumineux, mais dont la qualité est plutôt élevée. Simulacron 3 est peut-être l'élément le plus révélateur du talent de l'auteur. Écrit en 1964, ce roman aborde un thème qui est aujourd'hui des plus communs, mais auquel seuls les auteurs les plus avant-gardistes s'intéressaient dans les années soixante. À une époque où les ordinateurs personnels n'étaient pas encore apparus, où le commun des mortels n'était pas familier du concept d'informatique, seuls quelques écrivains comme Philip K. Dick (avec Le Temps désarticulé par exemple) osaient s'attaquer au sujet novateur de la réalité virtuelle.
Avec Simulacron 3, Galouye le fit avec brio, embarquant le lecteur aux côtés d'un personnage authentique, confronté à une révélation progressive sur la nature du monde dans lequel il vit. Un univers évidemment virtuel, on l'aura compris puisque c'est le thème du roman, habilement mis en abîme par l'existence dans la réalité de Douglas Hall d'un appareil capable de créer un environnement de simulation totale.
Malgré ses qualités incontestables, le récit de Daniel Galouye, plongeant des personnages crédibles dans une aventure pleine de suspense et se déroulant dans un univers solide, souffre malheureusement de son âge. Le lecteur aura en effet sans doute lu nombre de romans ou vu tout autant de films reprenant le thème de la réalité virtuel. Christopher Priest est par exemple un auteur qui a beaucoup exploré ce sujet ( Futur intérieur, Les extrêmes, EXistenZ qui a été adapté au cinéma...), tout comme plus tard les auteurs cyberpunk (William Gibson, Bruce Sterling, Jean-Marc Ligny en France ou plus récemment Neal Stephenson pour ne citer que ceux-là), sans parler évidemment de la trilogie cinématographique Matrix. Le lecteur sait donc à quoi s'attendre. Il devine rapidement comment va tourner l'histoire, qui tire les ficelles dans lesquelles Hall est emmêlé, ce qui attend ce héros se débattant avec une réalité dont les règles arrêtent subitement d'être respectée. Si cela n'empêche nullement celui qui découvre aujourd'hui Simulacron 3 de prendre du plaisir à sa lecture, il classera sans nul doute le roman parmi ces classiques qu'il faut avoir lu parce qu'ils ont marqué l'histoire de la littérature de science-fiction, mais qui ont perdu quelque peu l'impact qu'ils ont pu avoir à leur sortie, il y a plusieurs décennies.
Simulacron 3 est donc un roman passionnant, vif, rythmé, qui fait tout le contraire d'ennuyer et n'a rien perdu en qualité en près de cinquante ans. Une lecture plaisante, qui rappelle à quel point la science-fiction peut être une littérature d'imagination intelligemment débridée.
Cet auteur quelque peu oublié – la réédition la plus récente d'un de ses livres date de 1998 – revient donc sur le devant de la scène grâce aux éditions Gallimard. Simulacron 3 paraît en effet cette année dans la collection Folio SF. Suivra en novembre une réédition du Monde aveugle.
La réalité n'est pas ce qui paraît
Douglas Hall est l'assistant d'Hannon Fuller, le créateur du Simulacron 3, appareil de simulation totale d'un environnement qui pourrait permettre des avancées fondamentales dans le domaine des sciences sociales. Lorsque Fuller décède, Hall prend naturellement sa place. Mais il découvre alors que les apparences sont trompeuses : Horace P. Siskin, président de la RÉACO, société propriétaire du Simulacron 3, a de grandes ambitions personnelles et voudrait utiliser l'appareil pour des objectifs bien peu altruistes ; la disparition de Fuller, entourée de faits étranges et de zones d'ombres, n'est peut-être pas accidentelle... Sans compter que dès sa promotion, Douglas Hall est le témoin de phénomènes incroyables ; incroyables seulement si on considère que les règles de notre monde sont celles qu'on a toujours cru en vigueur...
Un roman qui mérite le détour
Il est fort probable que bien des lecteurs de science-fiction n'aient jamais entendu parler de Daniel F. Galouye, auteur qui a laissé un œuvre certes peu volumineux, mais dont la qualité est plutôt élevée. Simulacron 3 est peut-être l'élément le plus révélateur du talent de l'auteur. Écrit en 1964, ce roman aborde un thème qui est aujourd'hui des plus communs, mais auquel seuls les auteurs les plus avant-gardistes s'intéressaient dans les années soixante. À une époque où les ordinateurs personnels n'étaient pas encore apparus, où le commun des mortels n'était pas familier du concept d'informatique, seuls quelques écrivains comme Philip K. Dick (avec Le Temps désarticulé par exemple) osaient s'attaquer au sujet novateur de la réalité virtuelle.
Avec Simulacron 3, Galouye le fit avec brio, embarquant le lecteur aux côtés d'un personnage authentique, confronté à une révélation progressive sur la nature du monde dans lequel il vit. Un univers évidemment virtuel, on l'aura compris puisque c'est le thème du roman, habilement mis en abîme par l'existence dans la réalité de Douglas Hall d'un appareil capable de créer un environnement de simulation totale.
Malgré ses qualités incontestables, le récit de Daniel Galouye, plongeant des personnages crédibles dans une aventure pleine de suspense et se déroulant dans un univers solide, souffre malheureusement de son âge. Le lecteur aura en effet sans doute lu nombre de romans ou vu tout autant de films reprenant le thème de la réalité virtuel. Christopher Priest est par exemple un auteur qui a beaucoup exploré ce sujet ( Futur intérieur, Les extrêmes, EXistenZ qui a été adapté au cinéma...), tout comme plus tard les auteurs cyberpunk (William Gibson, Bruce Sterling, Jean-Marc Ligny en France ou plus récemment Neal Stephenson pour ne citer que ceux-là), sans parler évidemment de la trilogie cinématographique Matrix. Le lecteur sait donc à quoi s'attendre. Il devine rapidement comment va tourner l'histoire, qui tire les ficelles dans lesquelles Hall est emmêlé, ce qui attend ce héros se débattant avec une réalité dont les règles arrêtent subitement d'être respectée. Si cela n'empêche nullement celui qui découvre aujourd'hui Simulacron 3 de prendre du plaisir à sa lecture, il classera sans nul doute le roman parmi ces classiques qu'il faut avoir lu parce qu'ils ont marqué l'histoire de la littérature de science-fiction, mais qui ont perdu quelque peu l'impact qu'ils ont pu avoir à leur sortie, il y a plusieurs décennies.
Simulacron 3 est donc un roman passionnant, vif, rythmé, qui fait tout le contraire d'ennuyer et n'a rien perdu en qualité en près de cinquante ans. Une lecture plaisante, qui rappelle à quel point la science-fiction peut être une littérature d'imagination intelligemment débridée.