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Wastburg
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Wastburg

Cédric Ferrand est né en 1976 en France. Il vit actuellement à Montréal. Créateur de jeux de rôles, on lui doit des jeux comme Sovok, Brumaire, Vermine et Nightprowler. Il anime aussi le blog Hugin et Munin. Son premier roman, Wastburg, est paru en 2011 aux éditions des Moutons électriques.
Son univers est assez crépusculaire avec un humour corrosif à souhait.
 
L'illustration de Benjamin Carré donne le ton du roman. En effet la ville apparaît sur plusieurs couches des plus claires aux plus sombres laissant présager bien des périples.
 
Voyage au centre de Wastburg
 
Wastburg est une cité État qui se trouve sur le fleuve qui partage deux royaumes. Sa position lui donnant une certaine neutralité, elle surnage sur un limon de magouilles et complots en attendant de retrouver une gloire passée. La magie et ses servants ont disparu. Seule autorité faisant loi est le Burgmaester et La Garde. Fait de gardoches, de prévôts et d'échevins, ils tentent péniblement de faire respecter la loi englués dans des pots de vins, machinations et autres politicailleries.
Pourtant dans le lot de ces « charmants » représentants de l'ordre, certains sont plus zélés ou plus curieux. Ainsi La Garde arrive à tomber sur de drôles d'affaires qui ne devraient pas éclater au grand jour. Chacun alors reste dans l'ombre et regarde sur qui cela va tomber.
À la veille d'une nouvelle affaire bien glauque tirée de la fange même de la ville, les paris commencent déjà pour savoir au bout du compte à qui profite le crime même s'il ne paye pas...
 
Truculent et jubilatoire !
 
Truculent et jubilatoire c'est vraiment ce que j'ai ressenti à la lecture de ce livre. Cédric Ferrand nous livrait ce premier roman en 2011 chez les éditions Moutons électriques, Folio SF le réédite et c'est une très bonne idée.
Voilà une intrigue à tiroirs remplie d'humour et d'originalité. Le lecteur va découvrir une cité indépendante, Wastburg, dans un univers de fantasy. Mais nous sommes bien loin des codes du genre. La ville est dépeinte à la manière d'un mille-feuille, chaque niveau fait découvrir un peu plus de fange et de magouilles.
On visite toutes les couches de la société, des plus belles demeures aux bouges infâmes, des bordels au cimetière oublié de la ville. De la même manière Cédric Ferrand nous décrit les habitants avec une magnifique galerie de personnages extrêmement bien réussis. Du gardoche au maquereaux, de l'échevin au prévôt, tous y passent dans ce portrait au vitriol et sans détour de l'auteur. La plume est faite de patois et d'argot citadin qui rappelle Frédéric Dard (San Antonio), les descriptions et les trouvailles de l'auteur donnent une véritable consistance à cette ville aux allures de Lankhmar de Fritz Leiber.
J'aime beaucoup notamment le concept de la Bouscotte mélange de fonds de bouteilles de tous les alcools que les aubergistes n'ont pas vendu, devenant ainsi un produit typique de Wastburg. Ou encore la fameuse course aux cochons, la Porchaison, finissant dans un pugilat de boue pour tous les habitants crevant la faim. Tous ces petits détails qui permettent une bonne immersion au lecteur.
Pour les personnages, n'attendez pas un héros de l'histoire avec des compagnons fidèles à ses côtés mais plutôt une ribambelle d'acteurs qui apparaissent au gré de l'avancée de l'intrigue. Chacun donnant un point de vue, une vision sous un autre angle de ce puzzle géant à la taille d'une cité État.
C'est un chassé-croisé qui va emporter le lecteur jusqu'au bout avec un final en feux d'artifice au propre comme au figuré.
Je conseille vraiment ce roman si vous l'avez laissé passer en 2011, une vraie bonne surprise.

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