Panorama illustré de la fantasy et du merveilleux

André-François Ruaud, à qui l’on doit déjà Cartographie du Merveilleux et le Dictionnaire Féerique s’attaque de nouveau à son domaine de prédilection, développé au cours de nombreux articles : la vulgarisation littéraire. Car vulgarisation littéraire il y a, lorsque l’on décide de faire un panorama sur un genre que l’on arrive à définir en quelques lignes !

Déroutant

Les articles, pour la plupart d’écrivains, essaient de définir, par thème ou par auteur, la fantasy et le merveilleux, de Tolkien à Rowling. Lewis Carroll, L. Frank Baum, Robin Hobb, Paul Auster, Murakami, Neil Gaiman…Entre autres ! La table des merveilles regorge de surprises. Le merveilleux selon Ruaud et ses auteurs est un merveilleux classique et littéraire, à la fois simple et ingénieux, sombre et enfantin. Mise à part une fâcheuse habitude d’appeler Shakespeare « le Barde » (la référence familière tue parfois l’argumentation), et quelques erreurs finalement très classiques (Chrétien de Troyes, partisan de la narration en prose !), ce panorama plongera un certain genre de lecteurs dans les joies de l’étude fragmentaire. Quant à définir ces lecteurs…l’entreprise est périlleuse ! Théoriser la fantasy et le merveilleux peut parfois amener à inverser le processus analytique et, par conséquent, à adapter des exemples à ses arguments. Des lecteurs rompus à l'étude littéraire risquent peut-être de ne pas comprendre la démarche de certains auteurs et les profanes, quant à eux, pourraient être rebutés par le caractère formel de certains articles.

Une démarche particulière

On pourrait également reprocher à quelques auteurs de ponctuer leur analyse de mots compliqués, sortis de leur contexte, afin de donner à leurs théories une forme universitaire. Dans l’ensemble, les informations sont bien traitées et la mise en œuvre reste originale, ne serait-ce justement que par cet angle particulier qui pose la fantasy et le merveilleux comme des genres dont les lettres de noblesse ne seraient plus à acquérir. En effet, elles se situent, selon André-François Ruaud, autant dans le passé que dans le présent. La richesse de ce recueil d’articles tient finalement à la pluralité des méthodes d’analyse choisis, plus qu’aux informations elles-mêmes. Les illustrations, quant à elles, sont irréprochables et agrémentent l’ensemble, comme il se doit.